L'invité de Z-Link Ouverte le 22 décembre dernier, l'exposition se tient au Mama jusqu'au 28 février 2017 avec la possibilité de prolongation d'un mois. En marge de l'exposition: «La BD algérienne au Mama - Le DZ-Manga à l'honneur» et dans le cadre du programme d'animation mis en place par les éditions Z-Link et le musée d'art moderne et contemporain, Mama, Idir Ihamichene, réalisateur algérien passionné de gaming et de BD est venu dimanche dernier animer une conférence sur sa Web émission: BDZ qui revient sur la bande dessinée algérienne. Bien que notre interlocuteur ait réalisé et animé juste trois numéros, il ne désespère pas d'en faire d'autres et cette fois en laissant tomber la langue arabe au profit de la langue française afin de gagner estime-t-il plus d'audience. Aussi, notre invité s'est dit très critique envers les BD algériennes qu'il n'hésitera pas d'épingler dans ses émissions qui durent entre 8 et 12 mn. Celles-ci sont consacrées exclusivement à la critique des BD algériennes. A propos de la BD en Algérie, Idir Ihamichene ne mâche pas ses mots en qualifiant celles-ci d'un peu trop influencées par le manga et dont il faudra se libérer réellement pour exister. «Je comprends que les Algériens se sentent plus proches du manga car il y a une certaine pudeur qui caractérise la bande dessinée japonaise, mais il faut se libérer du modèle japonais. Cela ne nous empêche pas de développer notre propre bande dessinée. On suit le manga à l'aveuglette» et d'ajouter: «Il faut noter que le manga n'est pas un genre de BD. Il est né de plus en réponse pour contrer les héros américains. Ils voulaient créer leurs propres modèles et histoires, pour contrecarrer l'occupation culturelle américaine. A nous de faire pareil... il faut s'inspirer de cet acte-là seulement.»Pour Sayan des éditions Z-Link «la BD en Algérie est très variée et certains sont beaucoup plus influencés par la BD européenne, franco-belge. Un auteur est libre de faire du manga ou autre du moment qu'il le fait bien en parlant aussi de sa culture algérienne». Et l'invité du Mama de souligner: «Le manga souffre aujourd'hui d'une crise du modèle qui influence sur sa qualité. Il faut s'en méfier. Aujourd'hui, il n'est pas en train de proposer, mais de satisfaire. A la question d'une personne au sein du public relative au rôle de la BD, notre interlocuteur dira que «la BD peut instruire, mais ce n'est pas sa priorité». Ce dernier nous affirmera enfin que son émission permet de vulgariser la BD algérienne en abordant des sujets avec un supplément de liberté qui n'existe pas forcément sur d'autres médias. D'où l'importance d'aller vers un public jeune et averti tout en espérant gagner encore plus d'audience. Notons que Idir Ihamichene est le seul Algérien qui tient pour l'instant une émission sur le Net consacrée à la BD algérienne. Bien qu'il a d'autres émissions où d'autres sujets sont abordés, mais celle liée à la bd il espère encore la peaufiner pour accéder à plus de public, tout en étant amusant, fin et drôle, mais très critique aussi. Pour rappel, l'exposition qui se tient actuellement au Mama, est organisée à l'occasion de la célébration des 10 ans d'existence des éditions Z-Link. Premier éditeur algérien spécialisé dans la bande dessinée. Elle regroupe les travaux de plus de 20 auteurs algériens de la nouvelle génération. Réunissant plus de 140 planches et illustrations, elle permet de faire découvrir ces auteurs qui sont passés à l'étape professionnelle dans la création de BD en ayant édité au moins un album et pour certains d'entre eux six albums. Plusieurs d'entre eux ont exposé en Algérie et dans plusieurs pays et ont remporté des prix internationaux. L'exposition est divisée en deux parties réparties sur deux niveaux du musée. Le niveau principal, réunit les planches, les illustrations et les couvertures de plus de 20 auteurs algériens. Le niveau -1 a été réservé à l'exposition des couvertures de la revue Laabstore: le premier magazine algérien du genre qui permet de pré-publier les planches BD d'auteurs algériens chaque mois. 57 numéros de Laabstore sont à découvrir. Cette revue a vu le jour depuis la création des éditions Z-Link et est toujours publiée. Elle a permis de faire émerger plusieurs noms actuels de la BD algérienne. L'exposition permet également de découvrir grâce à des projections vidéo le cosplay Algérie, un concours organisé depuis 2009 par les éditions Z-Link, le Fibda avec le soutien de l'Onda. Le cosplay est une discipline où le passionné confectionne un costume représentant son héros de BD, comics ou manga. Présenter une mise en scène théâtrale liée au personnage. Les vidéos projetées représentent les palmarès des différentes éditions du concours et permet de donner un aperçu de l'évolution du cosplay en Algérie. Durant la période de l'exposition, plusieurs ateliers ont été animés pour initier les passionnés aux étapes de la création de BD: écriture du scénario, dessin des personnages, story-board, encrage, ombrage, tramage, insertion des bulles, lettrage et colorisation. Ils seront animés par des auteurs professionnels. Des rencontres débats ont animé les allées du Mama avec des escales permettant de découvrir le parcours et l'oeuvre de plusieurs auteurs de BD. Aussi traitant de thématiques liées à la BD: traduction en tamazigh, cosplay, calligraphie, onomatopées... Les auteurs viendront par moment présenter leurs BD et faire des dédicaces en live pour les fans. Ouverte le 22 décembre dernier, l'exposition se tient au Mama jusqu'au 28 février 2017 avec la possibilité de prolongation d'un mois. Durant cette exposition, l'entrée au musée est totalement gratuite pour les écoliers et lycéens algériens afin de leur permettre de découvrir une bonne partie de la BD algérienne actuelle et peut-être de faire naître des vocations, pourquoi pas?... Notons que mercredi 15 février aura lieu la remise des prix Cosplay Algérie (Z-Link- Onda - Fibda) en présence du ministre et du DG de l'Onda. Samedi 18 février se tiendra enfin une rencontre avec de nombreux bdéistes.