La victime «El-Fermech», père de quatre enfants scolarisés à Sidi Moussa (Alger) raconte le calvaire qu'il a enduré pour une ridicule source d'argent. «Je connais les deux frères agresseurs. Je suis un simple marchand ambulant qui a cessé de s'adonner aux délices de «Bacchus» juste au lendemain de mes noces», raconte-t-il avec l'intonation propre aux résidents des «H'aouech». Il dément habiter une baraque mais une chambre dans la cité DNC de Aïn Naâdja qui lui sert de dépôt pour ces fruits et légumes, lorsque la nuit le surprend. Il raconte le cauchemar vécu: «J'étais chez moi. A 6h, j'ai été réveillé à coups de pied. J'ai été fouillé, menotté, emmené dans un fourgon où on m'a gardé un bon bout de temps et je...». - Victime, arrêtez d'embobiner le tribunal. Votre statut de victime ne vous permet pas de raconter n'importe quoi car nous n'avalerons pas cette version d'attaque à l'aube, arme à feu à la main, de vol et de près de quatre-vingt mille dinars, d'un pantalon et de deux chemises», a crié le juge qui a prié la victime de dire le pourquoi de l'agression, des menaces, du vol, de la torture et, et, et... La victime a eu chaud mais le juge aura bien joué. Le juge revient à la charge : - Pourquoi cet assaut chez vous ? Et pourquoi ont-ils pris seize mille dinars sur les quatre vingt mille qui étaient sur vous ? Pourquoi vous ont-ils déplacé d'Aïn Naâdja à Zéralda pour vous forcer à signer une reconnaissance de dette ? La justice sait où elle va lorsque la vérité est présente, menace le président qui venait de tirer une semonce en direction de la victime qui se devait de rectifier le tir et ne dire que la vérité car trois citoyens jouent leur liberté. La victime, analphabète, entre dans ses petits souliers et perd son vocabulaire depuis que le juge demande le mobile de cette agression. «Je ne dois rien à Amor. Aucun dinar», souligne-t-il, s'attirant les foudres de Bekiri le juge, qui a entendu le nombre de cinq agresseurs. Ce sera finalement Saâd, la seconde victime et frère d'El-Fermech qui éclairera le tribunal en parlant d'une dette de seize mille dinars. Enfin ! Il y a un mobile. Le frangin et victime dit non à la question du juge: «Avez-vous été torturé ? battu ? menotté ?», tout semble scellé. La justice avançait allègrement, grâce au doigté de Bekiri, le président, vers la vérité et un verdict équitable.