Salah Mekacher: du maquis à la plume Avec sa plume percutante, Salah Mekacher a choisi de poursuivre son travail de mémoire en racontant de l'intérieur des maquis comment a été vécu le cessez-le-feu, proclamé le 19 mars 1962. Quand le maquisard Salah Mekacher entend la nouvelle du cessez-le -feu à la radio, à partir du maquis où il se trouvait, le sentiment de joie indicible avait été très vite freiné par une autre sensation, celle de la crainte qu'il s'agisse juste d'une énième manipulation de l'armée française. C'est en tout cas, par cet épisode que s'ouvre ce sixième livre de l'écrivain et ancien moudjahid, secrétaire du PC de la Wilaya III historique, Salah Mekacher, intitulé «Les lendemains du cessez-le-feu, espoirs et désillusions». Avec sa plume percutante, Salah Mekacher a choisi de poursuivre son travail de mémoire en racontant de l'intérieur des maquis comment a été vécu le cessez-le-feu, proclamé le 19 Mars 1962. Un cessez-le-feu qui allait enfin mettre un terme au supplice vécu par les maquisards algériens et tout le peuple qui se battaient depuis plus de sept ans contre l'armée française afin d'arracher leur pays aux griffes des envahisseurs. Dès le premier chapitre de cet ouvrage, édité à compte d'auteur et diffusé par les Editions El Amel de Tizi Ouzou, le lecteur est plongé et mis dans l'ambiance des maquis de Kabylie, plus exactement dans la forêt Ath Ali Ouabdellah, entre Azazga et Azeffoun. C'était dans la soirée du 18 mars. Salah Mekacher allume la radio et apprend la nouvelle de la signature des accords d'Evian portant comme première étape le cessez-le-feu: «Ainsi, la guerre allait se terminer. J'éteins le poste radio et je sors. Je me rends à l'endroit du guet. La sentinelle est à son poste. Tout est calme et rien n'est à signaler (...). Je ne dis mot à la sentinelle et je pars rejoindre ma place pour m'allonger et chercher le sommeil qui me fuit. Puis doucement, une quiétude pénètre en moi et m'envahit. Je dormis ce jour-là comme un bébé», se remémore Salah Mekacher. Ce dernier n'avait, sans doute, jamais pu dormir comme en cette nuit du 18 mars 1962. Car, avant, il ne pouvait fermer qu'un seul oeil en dormant. On ne sait jamais. L'ennemi pouvait à tout moment surgir de nulle part. Mais, une page semblait être tournée définitivement. Il n'y a que ceux qui ont fait les maquis de l'ALN qui en savent quelque chose. Salah Mekacher décrit ensuite comment il a communiqué la nouvelle à ses compagnons d'armes qui se trouvaient au PC. Combien il était difficile de croire une telle information. Combien il était difficile de cacher sa joie devant cette victoire contre l'ennemi français. Le cessez-le-feu allait entrer en vigueur officiellement le 19 mars 1962. Salah Mekacher s'adresse enfin à ses camarades d'armes: «Mes frères, nos dirigeants à l'extérieur sont parvenus finalement à un accord avec nos adversaires et ont proclamé le cessez-le-feu pour aujourd'hui 19 mars à 12 h». Ces moments sont tellement forts que Salah Mekacher, du haut de ses 85 ans, s'en souvient avec le moindre détail. Comment oublier ces années de feu et de sang? Impossible. On s'en rend plus compte en lisant le livre de Salah Mekacher d'un bout à l'autre, en voyant, que le maquisard de Tizi Ouzou a gardé en mémoire presque toute la chronologie des événements. Même les noms des personnes qui se trouvaient avec lui en telle ou telle circonstance. Salah Mekacher a la chance de manier à la perfection la langue de Molière, c'est pourquoi, son récit se lit d'une traite.L'auteur raconte comment, une fois le cessez-le-feu entré en vigueur, ses frères de combat et lui ont quitté la forêt d'Ath Ali Ouabdellah pour se rendre au village Cherfa Nbahloul (à trois kilomètres de la ville d'Azazga), qui a donné 91 martyrs à la révolution. L'auteur continue avec une plume incisive son récit poignant. Il décrit ces moments d'indépendance dans des chapitres comme l'adieu aux djebels, une halte à Aït Bouadha, le séjour à Cheurfa, l'installation de l'Exécutif provisoire, le scrutin du 1er juillet, les fêtes, etc. Salah Mekacher réussit à nous restituer cette ambiance toute particulière de l'année 1962 où les colons ont plié bagage. Rappelons que l'auteur, Salah Mekacher, a déjà publié plusieurs livres inhérents à la guerre d'Algérie comme «Au PC de la Wilaya III», «Les récits de la mémoire», «Le service de presse de la Wilaya III», «Fureur dans les djebels» et «Chroniques hospitalières».