Cet ouvrage relate, avec beaucoup de lucidité et d'émotion, la délicate période transitoire de l'Algérie post-indépendante s'étalant pratiquement du 19 mars 1962, jusqu'à la proclamation de l'indépendance du pays, le 5 juillet de la même année. Après avoir édité 5 beaux ouvrages soit Aux PC de la Wilaya III et Les récits de la mémoire avec traduction en arabe aux éditions El-Amel (Tizi Ouzou), puis Le service de presse de la Wilaya III, Fureurs dans les djebels et Chroniques hospitalières à compte d'auteur, voilà que Hadj Salah Mekacher vient d'enrichir sa collection avec un 6e ouvrage intitulé Les lendemains du cessez-le-feu. Espoirs et désillusions. À 84 ans bien portés, il relate, avec beaucoup de lucidité et d'émotion, la délicate période transitoire de l'Algérie post-indépendante s'étalant pratiquement du 19 mars 1962, date historique du cessez-le-feu, jusqu'à la constitution du premier gouvernement algérien, le 29 septembre 1962, présidé par Ahmed Ben Bella, en passant par le référendum pour l'autodétermination et la proclamation de l'indépendance du pays, le 5 juillet 1962. "Cet ouvrage retrace, en premier lieu, les grands défis relevés par les combattants de la Wilaya III de l'ALN pour assurer le succès du scrutin d'autodétermination et le triomphe face à toutes sortes d'adversité telles que les menaces des harkis et des services de la SAS, les crimes odieux de la sinistre OAS de Salan qui avait opté pour la politique de la terre brûlée et la présence active et provocatrice de l'armée française sur tout le territoire national", nous dira Hadj Salah Mekacher, qui n'omet pas de relater, en 2e partie, la crise de 1962 et la course au pouvoir en Algérie, le tout agrémenté en fin d'ouvrage de nombreux documents historiques de l'été 1962, notamment les PV de la Commission du cessez-le-feu, chargée de gérer, avec prudence, cette délicate période charnière de la Révolution algérienne dans le département de Grande Kabylie de l'époque. Né le 15 décembre 1932 à Tizi Ouzou, Salah Mekacher est un ancien "médersien" de la Médersa Ethaâlibia d'Alger, jadis située à l'actuelle rue Bencheneb, à proximité du mausolée de Sidi Abderrahmane, dans la basse Casbah. À l'appel de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), le 19 mai 1956, il rejoint les maquis de l'ALN en Kabylie, et il est aussitôt affecté par le colonel Amirouche au PC de la Wilaya III aux côtés de Si Tahar Amirouchène, secrétaire du PC djebel Tamgout, plus précisément au village d'Ibeskriène où il se consacra surtout aux activités du service de presse. En 1958, il échappa miraculeusement à la purge engendrée par la "bleuite" et assista, impuissant, à la disparition affreuse de ses compagnons "médersiens" qui furent liquidés froidement par leurs propres compagnons d'armes sous l'effet de la "suspicionnite", cette opération de diversion dans les rangs de l'ALN savamment fomentée par les services psychologiques français qui avaient réussi à semer le doute et la suspicion au sein des moudjahidine et de leurs propres officiers. En 1959, l'armée française lance la fameuse opération "Jumelles" et le PC de wilaya est alors découvert par l'ennemi et disparaît. Salah Mekacher est alors appelé par le colonel Mohand Oulhadj, qui succède au valeureux colonel Amirouche, tombé au champ d'honneur le 29 mars 1959, en compagnie du colonel Si Haouès, au djebel Sidi Thameur près de Bou-Sâada, et Salah Mekacher est appelé par le colonel Mohand Oulhadj qui prend le commandement de la Wilaya pour restaurer le PC de la Wilaya III et poursuivre le combat jusqu'à la victoire finale. Après l'indépendance, Salah Mekacher est démobilisé, à sa demande, par le colonel Saïd Abid, chef de région de l'ANP, le 10 janvier 1963 et embrassa alors une carrière professionnelle d'administrateur de santé publique avant d'être élu en 1982 en tant que député pour le compte de la seconde législature algérienne. Après sa retraite à la fin des années 1980, il se consacra à l'écriture de ses mémoires d'ancien officier de l'ALN, tout en rapportant fidèlement les scènes de vie et de combat héroïque, vécues par les moudjahidine au cœur des maquis de la Wilaya III historique, mais aussi les atrocités vécues par les "frères de lutte" qui furent victimes de la fameuse purge de 1958, soit une "page noire de la lutte armée" où Salah Mekacher a pu dire tout haut ce que de nombreux combattants auront pensé tout bas. C'est dire que Les lendemains du cessez-le-feu de Salah Mekacher est un ouvrage digne d'intérêt qui relate fidèlement un véritable pan d'histoire de la guerre de Libération nationale qui, décidément, n'a pas cessé de nous livrer tous ses secrets. Mohamed HAOUCHINE