Les historiens, les chercheurs, les strat�ges militaires, les �diteurs, les t�moins, les journalistes tout autant que les lecteurs continuent et continueront, pendant longtemps, � s�int�resser � l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale ; ce n�est que justice eu �gard au retentissement international et � la port�e continentale de la r�volution du 1er Novembre 1954, eu �gard aux falsifications dont elle a �t� l�objet de la part des auteurs fran�ais proches des th�ses colonialistes, racistes, pour la plupart d�entre eux, au vu, �galement, de l�interpr�tation officielle s�lective, exclusivisme des auteurs alg�riens, des arabistes ou des islamistes, sous-estimant ou occultant totalement la dimension sp�cifiquement alg�rienne et la�que de l��pop�e nationale. Les immenses sacrifices consentis par le peuple durant 8 ans d�une guerre de g�nocides pour le recouvrement de sa dignit�, les innombrables et m�morables batailles livr�es par la glorieuse ALN aux forces de l�occupation sur�quip�es, encadr�es par des officiers hautement qualifi�s, le soutien multiforme de l�Alliance atlantique, les p�rip�ties internes � l�ALN et au FLN de l��poque ne cesseront pas de nourrir l�int�r�t des lecteurs et d�inspirer les historiens, les hommes de lettres, les sociologues et autres scientifiques. La guerre de Lib�ration nationale est, en effet, extr�mement riche en enseignements � tirer par et pour les Alg�riens eux-m�mes mais aussi par et pour les amis et les ennemis de l�Alg�rie ind�pendante. Il s�agit, surtout pour les premiers cit�s, de comprendre ce qui arrive au pays depuis le cessez-le-feu � ce jour et surtout de lui donner de nouvelles perspectives dignes des sacrifices consentis et � la hauteur des id�aux et des espoirs qui ont mobilis� tout un peuple. Des �clairages diversifi�s �manant surtout des acteurs et t�moins des �v�nements mais aussi des scientifiques ind�pendants sont, � cet �gard, d�une importance primordiale. Le semblant de d�mocratie que nous vivons depuis pr�s de deux d�cennies a d�j� permis de d�geler beaucoup de plumes, de briser beaucoup de tabous et d�ouvrir la voie � des axes de recherche nagu�re impensables. Beaucoup d��crits, nationaux et �trangers, objectifs, appuy�s par des documents authentiques et par des t�moignages vivants, sont venus soit r�futer, corriger et battre en br�che les explications des tenants du colonialisme, soit r�viser et compl�ter les versions politico-id�ologiques des tenants du pouvoir sur la guerre de Lib�ration et surtout pr�ciser qui a fait quoi, comment et dans quelles conditions. C�est ce � quoi s�est attaqu� Hadj Mekacher dans son livre intitul� Aux PC de la Wilaya III qui apporte de tr�s importants �l�ments d�information, t�moignages et points de vue de l�int�rieur, des regards sans �ill�res sur les �v�nements, les hommes, l�organisation, les conditions mat�rielles, organisationnelles, humaines v�cus au maquis de 1957 � 1962, soit durant la p�riode la plus importante, la plus mouvement�e de la guerre. A travers les p�rip�ties de son incorporation en octobre 1957, suite � l�appel du FLN aux �tudiants, par le chahid A�t Gherbi, en compagnie de ses camarades Ali Azouzi et Ali Khemas, tomb�s tous les deux au champ d�honneur le 26 octobre de la m�me ann�e pr�s d�A�t-Khellili, le lecteur vivra surtout 5 mois � Bounamane sous les bombardements de l�arm�e fran�aise, l�affaire Melouza, la Bleuite ou la purge des officiers et intellectuels soup�onn�s de collaboration avec l�ennemi suite � l�arrestation de l�officier Si El Hocine Salhi. Beaucoup, 600 � 800, selon l�auteur, parmi lesquels figure l�auteur de la prise du poste militaire fran�ais de Hora avec 26 prisonniers, � leur t�te le lieutenant Dubosque, tomberont sous �le coup de l�obsession et de la fixation� avant que le GPRA ne d�cr�te l�amnistie au lendemain de sa cr�ation. Des arrestations et sans doute aussi des liquidations physiques se seraient poursuivies ult�rieurement, d�apr�s l�auteur, qui souligne, en pages 102 et 103, les effets ravageurs de cette op�ration au sein de l�ALN et sa co�ncidence avec l�arrestation de Abane Ramdane. Une conjonction d��v�nements, la d�sertion d�un l�gionnaire fran�ais prisonnier de l�ALN, l�arrestation de l�officier Si El Hocine Salhi par l�ennemi, la neutralisation puis l�assassinat de Abane sont, d�apr�s l�auteur qui n�omet pas de signaler la part de l�action psychologique de l�arm�e fran�aise, parmi les facteurs d�clenchants de la purge. Autres faits saillants qui retiendront � coup s�r l�attention du lecteur, l�op�ration �Jumelles� qui a coup� les unit�s de l�ALN de leurs sources d�approvisionnement en armes, minutions et produits alimentaires, les d�m�nagements du PC de la Wilaya III, l�an�antissement, au niveau d�Azazga, d�une section d�approvisionnement par un d�luge de feu ennemi, l�attentat contre le refuge des transmissions ayant fait 3 morts et 1 gri�vement bless�, le commandant Mohand Oulhadj, le futur successeur du colonel Amirouche � la t�te de la m�me Wilaya III, le martyr de 3 femmes du village Tighilt Bouksas� Ce qui frappe tout au long des 147 premi�res pages, o� l�auteur relate ses m�saventures et celles de ses camarades, c�est le nombre de hasards et de chances providentielles qui lui ont permis tant�t d�acc�der au secr�tariat des divers PC de secteur de zone et de wilaya tant�t d��chapper � la mort durant la Bleuite baptis�e aussi purge ou assainissement de l�ALN . La vie en solitaire dans la for�t de Bounamane, sans arme, sans provisions alimentaires, sans liaison avec ne serait-ce qu�une petite fraction de l�ALN, renseigne sur la d�sarticulation (l�auteur ne manque de le noter) de l�arm�e de Lib�ration sous les coups de la Bleuite, de l�apocalyptique op�ration �Jumelles� et de la s�dition des officiers contre le commandement de la Wilaya III, ensemble de coups durs, de cataclysmes, temporaires surmont�s par une nouvelle strat�gie et de nouvelles formes d�organisation ainsi que par des efforts visant la r�habilitation des officiers f�lons et le r�tablissement de la confiance initi�s, d�apr�s l�auteur, par Mohand Oulhadj. Nous laisseront le lecteur d�couvrir, par lui-m�me, le contenu de l�ouvrage extr�mement plus int�ressant au-del� de la page 147 o� l�auteur raconte la suite des �v�nements, notamment la tentative d�entra�ner la Wilaya dans les n�gociations, secr�tes, directes engag�es par les responsables de la Wilaya IV avec le gouvernement du g�n�ral de Gaulle, la perte de nombreux officiers qui a frein� les efforts de r�organisation et limit� les succ�s du commandement de la Wilaya. Ce livre, dont la troisi�me �dition, attendue depuis 6 mois, rencontre apparemment des difficult�s, a suscit� de nombreux remous parmi les gardiens du temple qui ne s�attendaient pas � ce que Si Salah Mekacher s��carte de la cohue des t�moins habituels en disant des v�rit�s am�res, pas du tout bonnes � entendre. D�concertantes, � nos yeux d�aujourd�hui, sont ses d�signations et ses fins de missions aux PC de la wilaya qui lui ont permis d�acc�der � des informations de premi�re main, de rencontrer beaucoup de cadres militaires et de d�crire, en observateur bien situ�, tous les faits qui lui paraissaient importants dans la conduite de la guerre au sein de la wilaya.