Le vieux club algérois a atteint le point de non-retour. Dans la conjoncture actuelle, peut-on considérer une défaite du Mouloudia d'Alger comme un événement? La question mérite d'être posée au moment où le plus vieux club d'Algérie traverse une crise qui pourrait lui faire tout perdre cette saison. C'est justement parce qu'il est en crise qu'un échec semble entrer dans la logique des choses. Même si cet échec est lourd, même s'il a été enregistré à domicile, il ne peut être pris pour un fait extraordinaire. Le Mouloudia a été tel l'enfant qui s'amuse avec des allumettes. A force d'en abuser, il finit par se brûler. Aucun des responsables du vieux club algérois ne pourra nier le fait que le MCA faisait la une des journaux sportifs non pas pour des exploits sur le terrain mais pour des histoires d'argent de joueurs en colère, d'entraîneurs qui se rentrent dedans et nous en passons. Très souvent, les dirigeants mouloudéens s'offusquaient du fait que le moindre incident que subissait leur club était grossi alors que les autres équipes, qui avaient autant de problèmes n'étaient pas aussi médiatisées. Il est un fait évident que tous les clubs d'Algérie ont des problèmes, notamment sur le plan financier, mais leurs dirigeants savent s'y prendre pour éviter que la crise s'amplifie. On citera Allik de l'Usma pour exemple. Lui aussi rencontre des difficultés financières, mais il a toujours le mot juste pour mettre en confiance ses joueurs. Et il finit, à chaque fois, par tenir ces promesses. Si, donc, la presse s'empare du Mouloudia, c'est parce qu'avec ce club, il y a toujours quelque chose de nouveau. Et en mal. Cette presse n'invente pourtant pas ces histoires de joueurs payés alors que d'autres ne le sont pas. Elle n'invente pas cette affaire de joueurs qu'on met à la porte de leur appartement pour loyer non payé. Elle n'invente pas également l'histoire de Rabier qui menace de partir parce qu'il n'a pas vu le moindre centime. Comme elle n'a pas inventé récemment le «clash» qui s'est produit entre ce même Rabier et son adjoint Farhi qui s'est terminé par la démission de ce dernier. Le Mouloudia d'Alger n'a rien d'un club comme un autre. Son histoire en a fait le club le plus populaire du pays qui se targue d'avoir comme soutien la plus puissante et la plus riche des entreprises africaines, Sonatrach. Lorsque l'association El Mouloudia avait milité pour reprendre les rênes de la section football, son voeu était de faire de ce club un exemple. Force est de constater que dans les conditions actuelles, cette section football, qui veut voler de ses propres ailes, mais avec l'argent de Sonatrach, se présente comme le mauvais élève de toute la famille mouloudéenne. Avec Sonatrach, le football ne gagnait peut-être pas des titres, mais il avait certainement moins de problèmes en matière de gestion. La venue de l'association El Mouloudia à la tête de cette section s'était soldée, on s'en souvient, par une descente en division 2 à cause d'une méconnaissance du règlement (abandon de terrain à Batna). Le club a retrouvé la division 1 et est parvenu, en deux saisons, à se qualifier à la Coupe arabe (sur dérogation). Aujourd'hui, il s'apprête à jouer un quart de finale retour de cette coupe arabe et est classé troisième dans le championnat national. Pour la première compétition, il suffit de pas grand-chose pour qu'il soit éliminé. Quant au championnat, il est directement menacé par l'ASO Chlef même s'il a deux matchs en moins, mais qu'il est loin d'avoir gagné (à Blida et face à l'Usma). S'il persiste à jouer comme il l'a fait contre le CSC, nul doute que c'est vers une terrible désillusion qu'il se dirige. Car, face au CSC, on a rarement vu une formation aussi moribonde. Tellement moribonde que le score de 4 buts à 1 est bien payé. Malgré un tel désastre, l'entraîneur Jean Paul Rabier a essayé de se justifier et de trouver des excuses. Il n'y a pas longtemps qu'il est parmi nous, mais il est incontestable que Rabier se voit algérianisé. Comme ses collègues algériens, il cherche les mots qu'il faut pour atténuer la débâcle. «Nous étions dans un bel avion en plein ciel et il a explosé» a-t-il dit. En fait de bel avion, il s'agissait plutôt d'un vieux coucou complètement déglingué avec ses innombrables scandales. Et Rabier d'ajouter: «Je ne comprends pas comment nos dirigeants n'ont pas demandé le report de Cabba-MCA ce lundi 18 avril». Le Français est devenu mauvais joueur et un calculateur comme le sont tous les entraîneurs algériens. La défense de l'emploi est l'intérêt supérieur de tout entraîneur. On est forcé de l'admettre. Le Mouloudia a bien su forger son coach français. Mais sera-t-il toujours de la partie? Ce n'est pas sûr puisque des bruits circulent qu'il va être remplacé. Toutefois, sera-t-il le seul à être remplacé? Là est toute la question.