Face à la controverse générée par le décret migratoire du président américain Donald Trump, qui prévoyait l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans avant d'être suspendu par les tribunaux, la consécration des musulmans à la cérémonie des Oscars est devenue presque un évènement médiatique. Deux musulmans ont été oscarisés hier soir à Hollywood. Mahershala Ali, qui a décroché l'Oscar du meilleur second rôle dimanche pour son interprétation d'un trafiquant de drogue au grand coeur dans «Moonlight», et qui devient ainsi le premier acteur musulman américain à recevoir cette prestigieuse statuette. Né à Oakland, près de San Francisco en Californie, d'une mère ministre protestante et d'un père acteur, Mahershala (diminutif de Mahershalahashbaz) Gilmore a pris pour nom de famille Ali lorsqu'il s'est converti à l'islam en 1999. Il avait adopté le prénom de Ali en hommage à Mohamed Ali. Et le réalisateur iranien Asghar Farhadi, de 44 ans, qui avait déjà remporté un Oscar et qui a reçu la récompense du meilleur film étranger pour son dernier film Le Client. Dans une déclaration lue en son nom, Asgha Farhadi a expliqué n'avoir pas voulu venir à Los Angeles par solidarité avec les gens qui n'avaient pas été respectés par le décret du président américain: «Diviser le monde entre les catégories «Etats-Unis» et «Nos ennemis» crée la peur, une justification trompeuse pour l'agression et la guerre», a dit le réalisateur dans une déclaration lue par l'ingénieure et astronaute née en Iran Anousheh Ansari. Le cinéaste iranien et cinq autres nommés ont publié un communiqué vendredi dénonçant le «fanatisme» et le «nationalisme» de l'Amérique de Donald Trump. À quelques heures de la cérémonie, ils dédient le prix aux défenseurs de la liberté d'expression et de la dignité humaine. Même si la cérémonie s'était gardée de critiquer ouvertement le nouveau président contesté à Hollywood, il est clair que ces deux récompenses sont des messages clairs adressés à la nouvelle administration américaine. Toutefois, cela n'exclut pas la qualité de l'oeuvre. Farhadi s'illustre comme le nouvel ambassadeur du cinéma iranien, même s'il est récupéré par les Français, il demeure consacré et reconnu par l'Académie des Oscars. Pour sa part, le comédien musulman américain Mahershala Ali n'est pas un nouveau venu. Il a été révélé au grand public pour son rôle de chef de cabinet de la Maison-Blanche dans la série à succès «House of Cards», il avait déclaré en recevant un prix du syndicat des acteurs de Hollywood (SAG) le mois dernier que «Moonlight» illustrait «ce qui se passe lorsqu'on persécute les gens: ils se replient sur eux-mêmes». [email protected]