Entraîneur d'Arsenal depuis plus de 20 ans, Arsène Wenger n'est pas certain de rempiler la saison prochaine. Plusieurs raisons pourraient le forcer à quitter les Gunners, ou d'autres à rester. Pour la première fois depuis son arrivée au club, en 1996, l'hypothèse d'un départ d'Arsène Wenger d'Arsenal cet été est sérieusement envisagée. Pour une raison simple, il sera libre en fin de saison. S'ils décidaient de s'en séparer, ses dirigeants n'auraient alors aucune indemnité à lui verser. Et pour eux, ça compte. Pas question de licencier un coach sous contrat. Ce serait donc l'occasion idéale, non seulement pour relancer l'équipe mais aussi pour faire des économies. En remportant tout ce qu'il est possible de gagner en Angleterre, en installant les Gunners parmi les plus grands clubs européens, en le dotant d'un nouveau stade et en s'appuyant sur une académie toujours plus performante, Wenger a énormément contribué à la progression d'Arsenal, sur tous les plans. Seule la Ligue des champions s'est refusée à lui pour le moment. Mais globalement, le travail effectué par le Français est remarquable. Il peut s'en aller avec le sentiment du devoir accompli. Cette saison peut-être plus encore que les précédentes, le coaching de Wenger a été pointé du doigt. Entre l'alternance inédite instaurée entre Petr Cech et David Ospina au poste de gardien, l'absence régulière d'Olivier Giroud dans le onze de départ et la récente polémique autour d'Alexis Sanchez, relégué sur le banc malgré les meilleures statistiques du club, le technicien s'est mis tout seul en difficulté. Car ses choix n'ont pas été payants. Et les résultats d'Arsenal déclinent année après année. S'il est reconduit à l'intersaison, et ce ne sûrement pas pour une seule saison, Wenger (67 ans) s'approchera de la barre symbolique des 70 ans. «La saison prochaine, j'entraînerai ici ou ailleurs», a-t-il prévenu récemment, sans dévoiler ses intentions pour l'avenir. Ce qui signifie que le technicien se sent encore capable d'assumer une telle charge de travail, d'enchaîner les déplacements et de subir une pression permanente. Mais la question ne se poserait pas pour un entraîneur plus jeune. En son temps, Alex Ferguson avait tenu jusqu'à 72 ans à Manchester United. La saison passée déjà, les supporters d'Arsenal avaient réclamé la tête de Wenger, à coup de banderoles dans les tribunes. «Time for change (il est temps de changer)», avaient-ils alors fait passer comme message. Cette année, les fans ont encore manifesté à plusieurs reprises leur souhait de voir le Français quitter le club. Ce à quoi l'intéressé a répondu à chaque fois par des attaques frontales, qui témoignent bien du fossé qui s'est creusé entre les deux parties. Jusqu'à présent, Arsène Wenger a toujours été soutenu par ses dirigeants. Malgré la fronde des supporters, lassés du recrutement à bas prix privilégié par l'entraîneur, l'actionnaire majoritaire Stan Kroenke et le directeur sportif Ivan Gazidis ne lui ont jamais exprimé leur mécontentement, en public en tout cas. En respectant le cahier des charges très strict pendant des années, pour permettre la construction de l'Emirates Stadium, il a fait gagner beaucoup d'argent au club. Qui le lui rend bien aujourd'hui et se montre patient. Il aurait pu signer à Barcelone, au Real Madrid, au PSG ou encore prendre les rênes de la sélection anglaise par le passé, mais s'il est toujours à Arsenal aujourd'hui, c'est parce qu'Arsène Wenger ne voulait pas vraiment partir. Selon les médias anglais, il disposerait d'une offre de prolongation de contrat de deux ans, mais réservait encore sa réponse et devrait se prononcer en «mars ou avril». Finir sa carrière à Arsenal doit semble-t-il lui trotter dans la tête. Wenger a les pleins pouvoirs à Arsenal. De la formation au recrutement en passant par la politique sportive ou les choix stratégiques, le coach des Gunners s'occupe de tout. Il sera très difficile de le remplacer par un seul homme, quand il s'en ira. Dans ces conditions, le technicien aurait tout intérêt à prolonger son contrat. Car s'il veut encore entraîner, il aura du mal à retrouver un aussi bon poste. Après avoir tant donné à Arsenal, Arsène Wenger ne peut pas tirer un trait définitif sur cette histoire comme s'il quittait un vulgaire autre club. Son départ doit être à la hauteur de ce qu'il a apporté aux Gunners. Il doit être fêté par un titre, un dernier, le plus beau... La Ligue des champions. Au vu de la déroute à Munich en 8e de finale aller (1-5), il y a peu de chances que l'apothéose espérée intervienne cette année.