Les forces irakiennes ont repris plus d'un tiers de la partie ouest de Mossoul aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) depuis le lancement de leur vaste offensive mi-février, selon un haut responsable militaire. «Plus d'un tiers de la rive droite (ouest) se trouve sous le contrôle de nos unités», a affirmé hier le général Maan al-Saadi, des forces d'élite du contre-terrorisme (CTS). Mais si la résistance jihadiste faiblit, les responsables militaires préviennent que des combats acharnés sont encore à venir pour reconquérir la totalité de la deuxième ville d'Irak. «Nous combattons un ennemi aux méthodes irrégulières, qui se cache au milieu des citoyens et utilise des engins explosifs, des snipers et des kamikazes. Or l'opération vise justement à préserver la vie des citoyens», a expliqué le général Yahya Rasool, porte-parole du commandement des opérations conjointes. Cette résistance devrait être particulièrement forte dans la vieille ville, un quartier aux rues étroites où des centaines de milliers de civils sont toujours pris au piège. Des unités d'intervention rapide et la police fédérale attaquaient hier la zone de Bab al-Toub, près de la vieille ville, tandis que les CTS combattaient dans les quartiers al-Jadida et Al-Aghawat. Ces forces progressent à partir du sud et ont repris plusieurs quartiers à l'EI depuis le lancement, le 19 février, de leur opération d'envergure pour reprendre la partie ouest. Mais cette progression demeure laborieuse. Car «nous ne pouvons pas laisser des poches (de jihadistes) derrière nous. Il nous faut donc prendre le contrôle des zones, traquer les jihadistes, désamorcer (les bombes), contrôler les citoyens présents avant de pouvoir poursuivre notre progression», explique le général Saadi. L'offensive sur Mossoul-Ouest est la seconde grande phase de l'opération lancée le 17 octobre par les forces irakiennes. Appuyées par la coalition internationale sous commandement américain, celles-ci avaient annoncé fin janvier la «libération» de la partie orientale. Mossoul avait été conquise en juin 2014 par le groupe ultraradical au cours d'une offensive éclair qui lui avait permis de s'emparer de vastes pans du territoire irakien à l'ouest et au nord de Baghdad. Engagées dans l'offensive antijihadiste à l'ouest de Mossoul, des membres des Hachd al-Chaabi, des forces paramilitaires irakiennes dominées par des milices chiites, ont annoncé samedi avoir découvert un charnier dans la prison de Badouch, près de Mossoul. La fosse commune, contenant les corps de centaines de personnes exécutées par l'EI, s'ajoute à plusieurs autres déjà découvertes par les forces irakiennes ces derniers mois. Les forces irakiennes ont découvert des dizaines de fosses communes avec plusieurs centaines de corps au cours de leurs opérations militaires lancées pour reprendre à l'EI les larges pans du territoire dont s'étaient emparés les jihadistes depuis juin 2014, notamment pendant l'offensive en cours pour la reconquête de Mossoul, plus grand fief irakien de l'EI. L'ONU avait fait état dans un rapport publié en mars 2015 de la mort d'environ 600 hommes, exécutés par l'EI quand le groupe jihadiste s'était emparé de la prison en juin 2014. Human Rights Watch avait également rapporté ces faits. L'EI avait en outre détenu dans cette même prison des centaines de femmes de la minorité kurdophone yézidie. L'armée irakienne a indiqué que des membres du Hachd al-Chaabi, un groupe paramilitaire progouvernemental, se trouvaient parmi les unités ayant pris la prison au groupe extrémiste sunnite.