«Nous défendons les mêmes intérêts et nous n'avons rien à nous cacher» En 2015 le secrétaire général de l'Ugta a demandé à toutes les Fédérations nationales de sensibiliser et d'encourager les travailleurs à passer leur congé d'été en Tunisie. Parler désormais d'une seule voix à l'international est le premier point sur lequel se sont mis d'accord hier les secrétaires généraux de l'Ugta Abdelmadjid Sidi Saïd et son homologue tunisien Nourredine Taboubi de l'Ugtt, à l'occasion de la visite de ce dernier en Algérie. «Il faut que l'Ugtt et l'Ugta aient une seule voix», a insisté Abdelmadjid Sidi Saïd dans son allocution. «Nous défendons les mêmes intérêts et nous n'avons rien à nous cacher. Nous sommes une seule famille», a ajouté Sidi Saïd qui a accueilli son invité à la Maison du peuple par «vous êtes chez vous». La nécessité d'unir la voix entre les deux organisations dans un premier temps, ensuite à l'échelle du Grand Maghreb et du Monde arabe et pourquoi pas au niveau de l'Afrique, est selon le SG de l'Ugta, la seule voie qui permet aux syndicats de ces pays de s'affirmer à l'échellemondiale. «Aujourd'hui, si vous êtes un bloc vous êtes écouté, sinon vous servez au décor», a martelé le patron de l'Ugta sous les applaudissements de la délégation tunisienne et les Fédérations nationales de l'Ugta. L'année 2017 pour Sidi Saïd sera charnière et décisive au niveau des Organisations syndicales mondiales. «Elle correspond avec l'élection des membres exécutifs du Bureau international du travail (BIT).» L'élection de ces derniers est décisive, indique le premier syndicaliste du pays, dans la mesure où la décision de soutenir ou pas les peuples et les travailleurs des pays sous occupation ou en guerre se décide à ce niveau. «A ce titre, les organisations syndicales du Monde arabe et de l'Afrique doivent savoir lequel il faut soutenir et lequel il faut sanctionner», a-t-il averti. Usant par ailleurs de plusieurs anecdotes, Sidi Saïd a fait longuement rire l'assistance sur comment les organisations syndicales arabes ont pu grâce à des complicités barrer la route en 2011 aux organisations de certains pays occidentaux soutenant Israël de placer des sionistes en tant que membres exécutifs au sein du BIT et pouvoir faire élire à leur place des syndicalistes africains et arabes dont un Palestinien. «C'était un coup très dur pour ces pays», s'est réjoui Abdelmadjid Sidi Saïd. Evoquant auparavant l'histoire de la coopération entre les centrales syndicales des deux pays, le patron de l'Ugta a dit que ces relations se fondent sur au-delà de l'amitié et la fraternité remontant à l'époque des syndicalistes Hachad du côté tunisien et Aïssat idir du côté algérien, sur le sang. «La bataille de Sakiet Sidi Youcef est toujours là pour rappeler aux amnésiques l'ampleur et la profondeur des relations entre les deux pays frères.» Ces relations se sont renforcées après l'indépendance de l'Algérie et le sont davantage aujourd'hui, a ajouté le conférencier, en s'arrêtant pour dire que «l'Ugta n'a pas attendu l'appel de sa consoeur Ugtt pour lui venir en aide et au peuple tunisien». Avec des documents à la main, Abdelmadjid Sidi Saïd a exhibé une correspondance datant de l'été 2015 où il demandait à toutes les Fédérations nationales de l'Ugta de sensibiliser et d'encourager les travailleurs à passer leur congé d'été en Tunisie. «C'était un geste de notre part pour aider la Tunisie qui venait de sortir d'une révolution et d'une période très difficile que l'Algérie a vécue en premier.» S'inscrivant aussi dans le cadre du soutien indéfectible de l'Ugta à l'Ugtt, Abdelmadjid Sidi Saïd a rappelé la campagne qu'il a menée lui-même en 2003 au profit de l'Ugtt auprès des pays arabes pour parler au nom de tous les Arabes au niveau de l'OMT. Prenant la parole ensuite, le nouveau secrétaire général de l'Ugtt a tenu à remercier l'Ugta et à travers elle le peuple algérien pour le remarquable soutien qu'ils manifestent en permanence à l'égard des Tunisiens traversant une période difficile. «C'est dans les moments difficiles que se manifestent les vrais amis», a-t-il dit. Passant de son côté l'historique des relations entre les deux organisations, Nourredine Taboubi a dit qu'il y a maintenant un patrimoine qu'il faut préserver et consolider. «Ce patrimoine nous laisse aujourd'hui en tant que Tunisiens nous entretenir sans calculs ni complexes avec nos frères algériens.», a-t-il ajouté, partageant totalement le point de vue de Sidi Saïd quant à l'union de la voix et des positions à l'international, ainsi que le soutien du peuple palestinien dans sa cause et les travailleurs de la Lybie traversant eux aussi une période critique. «Les travailleurs et la Tunisie de façon générale ont besoin maintenant du soutien de l'Algérie pour faire face au phénomène de terrorisme qui est en train de gâcher la paix et la vie aux Tunisiens après la révolution», poursuit-il. «Nous avons aussi besoin de la voix de l'Algérie dans le concert des nations», a-t-il conclu, en invitant en dernier son homologue algérien à effectuer une visite à l'Ugtt.