Alors qu'elles sont en pleine expansion, les entreprises nationales vivent une instabilité récurrente qui entrave sérieusement leur processus de développement. Elles changent constamment de tête. Les grandes entreprises nationales traversent des zones de turbulence. Air Algérie, Sonatrach, Algérie télécom et Mobilis sont marquées par une instabilité chronique ces dernières années. En l'espace de cinq ans, elles ont vu défiler plusieurs responsables à leurs têtes. Les mandataires ne dépassent pas 24 mois avant d'être remplacés ce qui se répercute négativement sur la gestion des affaires courantes de l'entreprise. Le changement opéré, il y a quarante-huit heures, à la tête du plus grand groupe national, Sonatrach, confirme cette fragilité. Deux ans après sa nomination à la tête du groupe, Amine Mazouzi a été limogé par le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa. Il a été remplacé par l'ancien P-DG de la compagnie BRC, Abdelmoumen Ould Kaddour. Cette nomination surprise suscite de nombreuses interrogations au sein de l'opinion publique. Le désormais ex-patron de Sonatrach a-t-il échoué dans sa mission? Rien n'a filtré sur les raisons de ce changement. Le ministre de l'Energie a exhorté, selon le communiqué rendu public, le nouveau P-DG «à agir en toute responsabilité et en toute confiance en vue de mettre en oeuvre les changements qualitatifs permettant à Sonatrach d'évoluer et de prospérer dans un climat d'entreprise serein, propice à la prise d'initiatives et de décisions». Polytechnicien, diplômé du Massachusetts Institute of technologie (Etats-Unis), Ould Kaddour aura comme principale mission de propulser le groupe Sonatrach dans la cour des grands. L'ancien ministre des Ressources en eau et ex-P-DG de la Sonatrach, Abdelmadjid Attar, avait estimé que les nominations de nouveaux P-DG aux commandes de Sonatrach et de Naftal sont plus importantes que le changement de titulaire du portefeuille de ministre de l'Energie. «Les véritables enjeux sont sur le terrain», avait-il déclaré lors d'une sortie médiatique. Le changement opéré est l'énième du genre depuis les scandales qui ont éclaboussé la compagnie pétrolière en 2010 et 2013. Pas moins de trois responsables ont été promus à la tête du groupe pour être ensuite écartés. Il s'agit entre autres de Saïd Sahnoune et de Abdelhamid Zerguine. La Sonatrach n'est pas la seule à avoir fait lobjet de lifting à tout moment. C'est le cas également de la compagnie Air Algérie. Celle-ci est gérée actuellement par un intérimaire, Bekhouche Allache qui a succèdé à Mohamed Abdou Bouderbala. Le ministre des Transports avait à l'occasion dressé un bilan peu reluisant de la situation de la compagnie nationale. Depuis le départ de Abdelwahid Bouabdellah, la compagnie a connu la succession des DG, est à son troisième changement. Algérie télécom n'est pas non plus épargnée par cette vague de turbulences. La société est restée sans manager durant plusieurs mois pour ne pas dire plus. Ce n'est qu'en novembre dernier que Tayeb Kebbal, P-DG par intérim d'Algérie télécom depuis le 8 juin 2016, a été confirmé dans ses fonctions. Ce dernier a succédé à l'ancien P-DG, Azouaou Mehmel, qui a été limogé après plus de trois ans passés à la tête des l'entreprise. L'opérateur de télécommunications Mobilis a, lui aussi traversé une zone de turbulence après le limogeage de Saâd Damma. Alors qu'elles sont en pleine expansion, les entreprises nationales vivent une instabilité qui entrave sérieusement le processus de développement.