La majorité des contentieux qui bloquaient les relations économiques bilatérales a été réglée Cette troisième et dernière visite en Algérie d'un Premier ministre français, sous le mandat du président François Hollande, a été l'occasion de faire le bilan d'une période que les deux parties ont qualifiée «d'exceptionnelle». Le ciel entre Paris et Alger s'était éclairci depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012. Un renouveau qui a boosté la coopération bilatérale dans tous les domaines. La visite du président français François Hollande en Algérie en 2012, suivie de celle du Premier ministre Abdelmalek Sellal en France, sans compter les échanges de visites entre les ministres des deux pays, ont permis à l'Algérie et la France de se rapprocher davantage. Néanmoins, l'épisode du fameux «tweet» de l'ex-Premier ministre Emmanuel Valls, puis les déclarations de Jean Glavany, député PS des Hautes-Pyrénées, ont enrayé la machine. Mais les déclarations du député socialiste ne sont qu'un élément conjoncturel, une embûche sur le chemin de la réconciliation algéro-française. Cette visite pour un au revoir de Bernard Caseneuve en est la meilleure preuve... Sellal: «La baisse du niveau des investissements est inquiétante» Le Premier ministre frappe du poing sur la table! Abdelmalek Sellal ne s'est pas contenté de «saluer» le niveau des plus palpables qu'ont atteint les relations franco-algériennes. Il a tenu à mettre la France devant sa responsabilité en matière d'investissements en Algérie, en notant une inquiétante baisse. «Je dois relever l'inquiétante tendance baissière du niveau des investissements français en Algérie durant consécutivement les trois dernières années, s'inscrivant ainsi en contradiction par rapport à notre ambition commune de partenariat stratégique, singulièrement dans le secteur industriel», a-t-il dit en mettant son homologue français des plus mal à l'aise. Néanmoins, Sellal s'est montré des plus «confiants» quant à l'amélioration de cette situation, des plus paradoxales. «La coopération et le partenariat économiques entre l'Algérie et la France devraient connaître un nouvel élan avec le règlement récent de la majorité des contentieux existant entre certaines entreprises des deux pays», a-t-il soutenu pour montrer que désormais la France n'avait plus aucune «excuse» pour investir le marché algérien. «La majorité des contentieux qui bloquaient les relations économiques bilatérales a été réglée: hier (mercredi, ndlr), un grand nombre de contentieux entre Sonatrach et Engie et Total par exemple ont été réglés. Il y a un nouvel élan dans la coopération bilatérale dans le cadre de la politique nationale de diversification économique», a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse animée, jeudi dernier, avec son homologue français Bernard Cazeneuve. La conférence a été précédée d'une réunion de travail tenue à huis clos, suivie de la signature de 10 accords bilatéraux et lettres d'intention dans plusieurs domaines. Lors de la réunion, les deux parties ont évoqué «le renforcement de la coopération dans différents domaines et notamment les hydrocarbures, la pétrochimie et les énergies renouvelables», a précisé le Premier ministre A ce titre, il a souligné que l'Algérie «comptait sur la participation des entreprises françaises» dans le développement de ce genre de projets tout en faisant remarquer que la coopération économique entre les deux pays a connu «un peu de recul» durant les dernières années. Cela dit «les IDE français restent importants en Algérie», a-t-il relativisé. Cazeneuve: «Une période exceptionnelle» De son côté, Bernard Cazeneuve a dressé le bilan d'une période qu'il a qualifiée d'«exceptionnelle» en matière de relations algéro-françaises. Pour le Premier ministre français, les différents mécanismes de coopération instaurés entre les deux pays avaient permis d'accroître la coopération bilatérale dans tous les domaines. considérant ces échanges «fondamentaux et constituent le ciment de la relation entre les deux pays». Il a indiqué avoir évoqué avec son homologue algérien les questions régionales, notamment les situations en Libye et au Mali, et les moyens nécessaires de renforcer la coopération sécuritaire afin de lutter contre le terrorisme et ses réseaux. «Dans ce domaine, nous sommes confrontés aux mêmes défis et aux mêmes menaces», a relevé le Premier ministre français, se félicitant de la qualité de la coopération algéro-française en la matière. Il faut dire que la relation franco-algérienne, souvent tourmentée du fait du poids de l'Histoire, a été «absolument exceptionnelle». «Nous avons su reconstruire une relation forte et durable», s'est félicité le Premier ministre français «Quels que soient» les résultats de la présidentielle française, la coopération se poursuivra», a enchaîné Bernard Cazeneuve qui a trouvé une atmosphère apaisée. Il a dans ce sens insisté sur «les grands projets qui sont sur le point d'aboutir et qui vont permettre à la France de montrer toute sa confiance pour l'Algérie et de l'accompagner mieux encore dans son effort de diversification économique». Selon lui, 450 entreprises françaises sont actuellement présentes en Algérie, assurant 140.000 emplois. Les IDE français hors hydrocarbures dans le pays avoisinent 2 milliards (mds) d'euros, faisant de la France le premier investisseur étranger hors hydrocarbures dans le pays. Les échanges commerciaux algéro-français tournent autour de 10 mds d'euros/an. Usine de montage automobile en Algérie «Peugeot verra le jour au courant de l'année» En pleine polémique sur l'usine Hyundaï soupçonnée d'importer des véhicules quasiment assemblés, Sellal annonce que l'Algérie cherche à «rééquilibrer» ses projets pour augmenter la part produite sur place. Il a dans ce sens rappelé que les autorités concernées étaient en train d'analyser la situation de l'industrie automobile et que le respect d'un taux d'intégration conforme au cahier des charges régissant cette activité restera une priorité pour le gouvernement. «Il ne suffit pas de ramener des véhicules et des pièces détachées et de les monter ici pour inonder le marché. Nous voulons recalibrer le marché, voir ce que nous pouvons consommer et ce que nous pourrons exporter pour l'Afrique, surtout que la Transsaharienne est en phase de finalisation», a poursuivi un Sellal des plus en forme. Il a profité de l'occasion pour annoncer que l'usine Peugeot verra le jour en cours d'année. «Le projet de réalisation d'une usine de Peugeot PSA en Algérie est presque finalisé, et devrait être concrétisé durant l'année en cours», a-t-il soutenu. «Durant les prochains mois, nous allons signer un accord portant création d'une société mixte entre Peugeot PSA et des partenaires algériens publics et privés, et ce une fois que nous aurons assaini la situation de l'industrie automobile en Algérie», a-t-il souligné. Le Premier ministre a indiqué au passage que l'usine Renault d'Oran, entrée en production fin 2014, est actuellement arrivée à une production de 60.000 unités.