«J'essaye d'être libre. Avec mon physique, j'ai la chance de pouvoir passer pour un gitan, un Vincent, un Mohamed. Le cinéma joue avec les clichés. Il ne doit pas se nourrir que de ça.» Réda Kateb La direction artistique du festival de Cannes a complété hier, le jury des sections du festival et l'un des membres qui figure dans le jury de la section «Un certain regard» s'appelle Réda Kateb. Présenté comme un comédien français, Réda Kateb a tout pour être algérien. Et pourtant, le festival l'a présenté comme comédien français. Fils de Malek-Eddine Kateb, homme de théâtre et acteur algérien émigré en France, et de Françoise Reznicek, infirmière d'origine tchèque et italienne, il est également le petit-neveu de l'écrivain Kateb Yacine et de Mustapha Kateb. Un héritage immense qui coordonne avec la carrière grandissante de son parcours cinématographique français. Réda Kateb est avant tout un artiste français né le 15 janvier 1977 à Ivry-sur-Seine. Il a obtenu plusieurs récompenses, dont en 2015 le César du meilleur acteur dans un second rôle pour le film Hippocrate, où il joue le rôle d'un interne algérien qui travaille de nuit dans un hôpital parisien. C'est d'ailleurs ses rôles d'algériens qui lui ont valu des récompenses. C'est sa famille artistique qui lui ouvre la voie du théâtre et du cinéma. A 15 ans déjà il joue au théâtre une adaptation de Moha le fou, Moha le sage de Tahar Ben Jelloun, mis en scène par son père. En 2003, Réda Kateb a mis en scène Le Poète encerclé, une oeuvre de son grand-oncle Kateb Yacine, l'écrivain, poète et rebelle, symbole de la littérature algérienne moderne avec Nedjma en 1956. Son look de mi-gitan mi-arabe, lui a valu des rôles et des clichés. En 2008, il tient le rôle de chef de gang dans la deuxième saison de la série télévisée Engrenages. En 2009, il tient son premier rôle d'un gitan au cinéma dans Un prophète, de Jacques Audiard aux côtés de l'Algérien Tahar Rahim. En 2013, il interprète le rôle d'un terroriste auquel la CIA arrache des informations sur Al-Qaïda, dans le film américain Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow. En 2014, il joue encore le rôle d'un prisonnier algérien durant la guerre d'Algérie dans Loin des hommes un film français écrit et réalisé par David Oelhoffen, inspiré de L'Hôte, nouvelle de L'Exil et le royaume d'Albert Camus. Le film est présenté en sélection officielle au Festival international du film de Venise en 2014 et aux Journées cinématographiques d'Alger (JCA). Son dernier film est encore une autre figure de composition: Django, sur le célèbre chanteur de Jazz qui a fui les nazis à cause de ses origines juives. Film coécrit, coproduit et réalisé par Etienne Comar. Ce parcours reste loin de l'Algérie où le comédien était absent durant plus d'une dizaine d'années, avant sa venue à Alger pour participer à l'ouverture des JCA en novembre 2014. Faute d'avoir un artiste algérien au festival de Cannes, on doit composer avec un Français d'origine algérienne. [email protected]