Le siège d'Afripol Face au crime organisé transnational, l'Afripol constitue une base continentale de communication, de concertation, de coopération et de coordination. La police algérienne étant devenue une référence internationale, suite à la réunion consultative tenue le 12 décembre 2016 à Alger en présence de nom-breux responsables de police africains, visant à permettre le partage d'expériences en matière de coopération, l'Algérie devrait abriter prochainement la première Assemblée générale d'Afripol à Alger avec la participation de 48 pays et au cours de laquelle les représentants des pays africains devraient définir les cadres généraux de coopération pour les institutions de police aux niveaux national, continental et international. Aussi, cette présente contribution est une synthèse de mes différentes contributions et interventions internationales entre 2010/2016 (1) posant la problématique de la sécurité de l'Algérie, tributaire d'un développement harmonieux, face aux enjeux géostratégiques en Afrique. Cette présente contribution fait suite à mes contributions et conférences à l'Institut français des relations internationales (Ifri Paris-France) «la coopération Maghreb-Europe face aux enjeux géostratégiques» (novembre 2011)- chapitre III- «la stratégie de l'Otan face aux enjeux géostratégiques en Méditerranée», «le développement et les enjeux géostratégiques en Méditerranée et en Afrique» à Malte 2012 à l'invitation de la Commission européenne et sur le même thème à l'invitation devant le Parlement européen-Bruxelles- 2013 et «Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques» deux ouvrages (1050 pages) sous la direction du professeur Mebtoul Abderrahmane et le docteur Camille Sari (36 experts européens et maghrébins)- Edition Harmattan Paris 2015- La région méditerranéenne et africaine devrait connaître entre 2017/2020/2025, de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques, mais également sécuritaires. Face au crime organisé transnational La police algérienne étant devenue une référence internationale, a décidé de renforcer les domaines de coopération avec les organes de la police du continent africain en mettant son expérience professionnelle à la disposition de ses pairs afin de faire face à la criminalité sous toutes ses formes. A cet effet, suite à la signature en 2001 d'un mémorandum entre l'Union africaine et Interpol visant à définir les canaux idoines de communication, d'échange d'informations et de vues entre les deux parties, la mise en place d'un Mécanisme africain de police (Afripol) dont le siège est à Alger depuis fin 2015 relevant de l'Union africaine, a pour but d'oeuvrer à la coordination des efforts et au soutien de l'action des missions de paix et de sécurité de l'Union africaine déployées en Afrique sur les plans militaire et sécuritaire. Face au crime organisé transnational, Afripol constitue une base continentale de communication, de concertation, de coopération et de coordination dans toutes les affaires de la police africaine. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, partie prenante du Dialogue méditerranéen (DM), l'Algérie agit en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région. C'est que la fin de la Guerre froide marquée par l'effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 représente un tournant capital dans l'histoire contemporaine. Le premier événement marque la fin d'un monde né un demi-siècle plutôt et la dislocation d'une architecture internationale qui s'est traduite des décennies durant par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd'hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menace: ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l'environnement. Ils sont d'ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en oeuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s'autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour l'Algérie? Interpellée et sollicitée, l'Algérie s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse du dialogue méditerranéen de l'Otan ou du partenariat euro- méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L'adaptation étant la clé de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, l'Algérie dont son devenir segment de l'Afrique du Nord, pont entre l'Europe et l'Afrique doit faire en sorte d'être commandé par la raison et ses intérêts. Car l'Algérie est confrontée actuellement à la sécurité dans la zone sahélo-saharienne. Rappelons que les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l'Algérie qui doit être attentive aux futurs enjeux géostratégiques qui se dessinent dans la région. Nous avons assisté dans la région à de profondes mutations de la géopolitique saharienne après l'effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région et avant l'intervention française à la sécession du Nord-Mali. Déjà, les rapports entre le Sahel et la Libye d'El Gueddafi étaient complexes. De plus en plus nombreux, des migrants subsahariens s'installent désormais dans les pays du Maghreb avec l'intensification de la contrebande. Bien avant et surtout depuis la chute du régime d'El Gueddafi le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés des groupes armés et contrebandiers. El Gueddafi disparu, des armes, dont 15.000 missiles sol-air, étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne dont une partie a été accaparée par différents groupes qui opèrent au Sahel. Dès lors la sécurité de l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière Algérie-Mali est de 1 376 km, celle entre l'Algérie et la Libye de 982 km, entre l'Algérie et le Niger de 956 km, entre l'Algérie et la Tunisie de 965 km à surveiller. Le problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye. Il ne faut pas oublier que les djihadistes étaient venus depuis cette région lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Sur le court terme, les tensions dans la région, notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires. Il est entendu que rentrent dans ces dépenses surtout celles liées au remplacement de la plupart du matériel militaire obsolète pour l'acquisition de nouveaux équipements pour l'armée de terre, la marine et les forces aériennes, sans compter des dépenses pour l'adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant internes que mondiales de ses forces de sécurité. Il s'agit de penser d'ores et déjà à la cybercriminalité enjeu du XXIe siècle. Cela est posé pour tout le reste de l'économie, des cyberattaques car les services électroniques (e-commerce, e-santé et e-administration) sont appelés à se développer. L'Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières afin de faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation.. Et ce dans le cadre d'une coopération étroite avec les pays limitrophes maghrébins et africains, assistés des renseignements de l'Europe dont la France et les Etats-Unis d'Amérique, car la menace terroriste est une menace planétaire. Pour les responsables tant américains qu'européens de par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent sur son territoire, l'Algérie constitue un pilier dans la lutte contre le terrorisme, mais aussi pour ramener la stabilité dans la région. La porosité des frontières Ainsi, l'Algérie est considérée comme un acteur incontournable pour la stabilité de la région, mais devant pour une efficacité réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Dorénavant, la plupart des dirigeants de l'Afrique du Nord, de l'Afrique noire, de l'Europe et des Etats-Unis d'Amérique, y compris la Russie et la Chine, s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé. Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. Cela a été mis en relief lors de différentes conférences régionales africaines et internationales d'Interpol, dont celle tenue à Oran en septembre 2013, où les résolutions stipulent l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale avec l'implication de chacun des Bureaux centraux nationaux d'Interpol des pays membres, nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. C'est dans ce cadre que rentrent les tentatives pour redynamiser le dialogue euro-méditerranéen avec deux initiatives: d'une part, la politique européenne de voisinage, d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l'autre afin de freiner l'émigration massive notamment de l'Afrique subsaharienne avec comme tampon pilier le Maghreb.