La police sur les lieux après l'attentat meurtrier à la sortie d'une salle de concert à Manchester Le kamikaze de Manchester n'a «probablement» pas agi seul et était connu des services de renseignement, a révélé hier le gouvernement britannique, alors que des soldats épaulent la police pour prévenir un risque d'attaque imminente en Grande-Bretagne. L'attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), qui a fait 22 morts lundi et 59 blessés à la sortie d'une immense salle de concert à Manchester (nord-ouest), était «plus élaboré que certaines des attaques précédentes et il semble probable - possible - qu'il n'ait pas agi seul», a déclaré la ministre de l'Intérieur Amber Rudd à la BBC. Elle a confirmé que Salman Abedi, un étudiant de 22 ans britannique d'origine libyenne, était connu des services de renseignement. Il est «sans doute» passé par la Syrie, a avancé le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, décrivant un homme qui «tout d'un coup, après un voyage en Libye puis sans doute en Syrie, se radicalise et décide de commettre cet attentat». Londres avait annoncé mardi soir avoir porté l'état d'alerte terroriste du niveau «grave» au niveau «critique», une première depuis 2007, signifiant un risque d'attentat imminent. La Première ministre Theresa May avait alors annoncé des renforts de l'armée pour épauler la police, une mesure rarement mise en place. Des militaires ont commencé à se déployer à la mi-journée en mission de surveillance sur des lieux sensibles dans les grandes villes et pourraient aussi patrouiller dans des gares et aéroports, concerts et événements sportifs. Un «arrangement temporaire pour faire face à un événement exceptionnel», a souligné Amber Rudd. La relève de la garde, devant le palais de Buckingham, grande attraction pour les touristes, a été annulée et le Parlement a décommandé ses événements publics. Trois hommes ont été arrêtés dans la nuit de mardi à mercredi dans le sud de l'agglomération de Manchester, en lien avec l'enquête, a annoncé la police. Un homme de 23 ans avait déjà été arrêté la veille dans cette partie de la ville. «Il y a eu un déploiement massif de policiers, ils ont bloqué toute la rue», a raconté Omar Alfaqhuri, qui habite en face de la maison en brique rouge où au moins un suspect a été arrêté. Il a précisé qu'un certain «Adel», d'origine libyenne et âgé de 44 ans, «a été menotté et emmené dans une voiture». L'attentat commis lundi soir à l'issue d'un concert de la chanteuse pop américaine Ariana Grande avait été revendiqué dès le lendemain par l'EI qui a menacé, dans le même communiqué, de commettre d'autres attentats. Selon plusieurs médias britanniques, Abedi est né à Manchester de parents libyens ayant fui le régime d'El Gueddafi. Ils ont trouvé refuge dans la banlieue résidentielle de Fallowfield, au sud de Manchester, où le suspect résidait. Une perquisition a été menée dans leur maison de ce quartier pavillonnaire, où peu se souviennent de ce jeune homme «discret» et «réservé». La police a fait savoir qu'elle a identifié tous les morts et contacté leurs familles. Dans cette liste macabre figure Saffie Rose Roussos, la plus jeune victime âgée de huit ans, venue en famille au concert. Le quotidien populaire The Sun publiait hier en une la photo de la petite fille au joli sourire, frange sage encadrant de bonnes joues, avec celle du kamikaze, contrastant en légende «la pureté» et «le mal». Une adolescente de 15 ans, dont la mère angoissée de ne pas la retrouver la veille avait bouleversé le pays, a également trouvé la mort dans l'explosion. Tout comme un couple polonais venu chercher ses filles, sorties indemnes elles, à la fin du spectacle, selon Varsovie. Le bilan pourrait s'aggraver: une vingtaine des 59 blessés hospitalisés - parmi lesquels douze ont moins de 16 ans - restaient en soins intensifs hier.