Une élection en deux temps un mouvement Sorti vainqueur du champ de ruines électorales dans lequel gisent les Eléphants du Parti socialiste et, dans une moindre partie, de la droite, le mouvement lancé voici quelques mois par le candidat Macron arrive avec des idées, des méthodes et du sang neuf... C'est une véritable cure de jouvence que les Français ont choisi à l'occasion du 1er tour des législatives, donnant au nouveau parti La République en marche du président Emmanuel Macron une option pour une écrasante majorité à l'Assemblée nationale et un atout déterminant dans la mise en oeuvre des réformes économiques et sociales très attendues par l'Union européenne et par l'Allemagne en particulier. Même si le scrutin de dimanche dernier a été marqué par une abstention historique (51,29%), le mouvement présidentiel La République en marche (REM) a proprement balayé les partis traditionnels, avec 32,3% des voix, devançant nettement la droite (Les Républicains, 21,5%), la formation d'extrême droite de Marine Le Pen (Front national, 13,2%) et la gauche divisée entre différents courants, selon les résultats définitifs. Ainsi, si l'on en croit les instituts de sondage qui ont gagné en crédibilité depuis les primaires de la droite et du PS, REM et son allié du MoDem raviraient en projections par sièges, lors du deuxième tour dimanche prochain, entre 400 et 455 des 577 sièges, se situant très largement au-dessus de la majorité absolue (289 élus). C'est là une performance spectaculaire pour une formation qui, avec un an à peine d'existence, parvient à dynamiter les partis traditionnels de gauche et de droite se partageant le pouvoir en France depuis plus de 60 ans. Ces derniers ont en effet été laminés au point que l'ambiance dans les états-majors est au désespoir, même si d'aucuns tentent d'expliquer l'importance de l'abstention comme un facteur de désaffection des électeurs et la preuve de l'échec d'un scrutin. Au contraire, REM y voit un message clair de soutien au programme du président Macron et à son gouvernement qui affirme vouloir «redonner confiance aux Français». Et concrètement, dès la fin du 2ème tour des législatives, le président Macron aura les coudées franches pour entamer les grands projets dont le premier est déjà lancé, qui consiste dans la réforme du droit du travail qu'il entend achever «au plus vite». Sorti du champ de ruine électoral dans lequel gisent les éléphants du Parti socialiste et, dans une moindre partie, de la droite, le mouvement lancé voici quelques mois par le candidat Macron arrive avec des idées, des méthodes et du sang neuf et il semble bien que ce sont ces atouts qui ont convaincu une majorité de Françaises et de Français. Ces derniers ont été abasourdis par le feuilleton François Fillon, candidat modèle à la primaire de la droite, fort de son verbe rédempteur et de sa morale catholique sans peur et sans reproche. Les révélations du Canard enchaîné puis les péripéties tristement burlesques qui ont suivi ont achevé d'écoeurer les électeurs, dynamitant le microcosme politique traditionnel. La grande tendance est apparue qui attendait, qui exigeait même du sang neuf, un renouveau, une métamorphose du système en place depuis plusieurs décennies. Et qui en a fait les frais, sinon les Eléphants du PS, totalement balayés hors du circuit électoral dès le 1er tour, suivis à un degré moindre par leurs compères de la droite et du centre. Un vrai séisme auquel plus personne ne croyait tant les habitudes étaient ancrées dans le paysage hexagonal et les personnels assurés de leur pérennité après des décennies de bons et loyaux services. L'autre enseignement de ce coup de tonnerre dans le ciel de France politique concerne la déconvenue non moins spectaculaire de l'extrême droite, le Front national parvenant tout juste au niveau de ses records des années 1990 quand sa chef de file Marine Le Pen pérorait avant, pendant et après l'élection présidentielle sur sa certitude de s'imposer comme le premier parti du pays. Là aussi, le choc frontal est significatif du rejet par au moins la moitié des Français du programme et des idées xénophobes, racistes et europhobes de la formation lepéniste. Implicitement, ils donnent raison à la démarche du président Macron qui avance une vision nouvelle des relations internationales, en rupture avec certains de ses prédécesseurs comme on a pu le constater sur un certain nombre de dossiers cruciaux. Force est de constater que les nombreux signaux d'alarme, intervenus depuis une décennie au moins, sur le ras-le-bol des électeurs confrontés à une crise généralisée tant économique que sociale et politique n'ont pas été appréhendés par les états-majors de la droite et de la gauche qui ont poursuivi leur petit bonhomme de chemin, convaincus que la scène leur appartient de façon inéluctable. Mais le syndrome a atteint son seuil paroxystique quand un jeune homme de 39 ans est passé par là, d'abord raillé puis critiqué et finalement redouté jusqu'au jour de son triomphe dont la conquête d'une majorité au sein de l'Assemblée nationale française constitue bel et bien un couronnement!