Le risque d'un taux historique d'abstention est avancé Pour pouvoir mener à bien les réformes qu'il a promises au cours de la campagne électorale, le président Macron a besoin d'une majorité franche dans une Assemblée dont tout indique qu'elle sera profondément métamorphosée. Inexistant l'an dernier, le parti La République En Marche lancé par le président Emmanuel Macron pour porter sa candidature à l'Elysée ambitionne maintenant de conquérir une majorité confortable à l'Assemblée nationale, au lendemain des élections législatives dont le 1er tour a lieu aujourd'hui. Face à lui, les formations de la droite Les Républicains et de la gauche (Parti socialiste et Ecologistes) sont en grand danger de subir un vrai coup de balai et cela est surtout vrai pour le PS qui a déjà subi lors de la présidentielle, en avril dernier, une terrible régression. Pour pouvoir mener à bien les réformes qu'il a promises au cours de la campagne électorale, le président Macron a besoin d'une majorité franche dans une Assemblée dont tout indique qu'elle sera profondément métamorphosée. Déjà, les candidats investis par le mouvement REM sont pour moitié totalement inconnus des électeurs, et, affirment les détracteurs des camps adverses, sans aucun ancrage politique dans les circonscriptions où ils affrontent souvent des ténors rompus aux joutes du scrutin. C'est compter sans les pronostics des instituts de sondage qui annoncent, quasi unanimement, une vague, sinon un vrai tsunami, au profit de REM tant il apparaît que «les électeurs semblent prêts à donner les clés de l'Assemblée à Emmanuel Macron». Les derniers sondages accordent à son mouvement, la République en marche, 30% des intentions de vote devant le parti de droite Les Républicains (20%) et le Front national (extrême droite, 18%). Viendraient ensuite La France insoumise du porte-voix de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon avec 12,5%, suivie de loin par le Parti socialiste de l'ancien président François Hollande (8%), non encore remis de sa défaite historique du premier tour de la présidentielle. Ces pronostics s'ils viennent à se concrétiser au soir du deuxième tour, le 18 juin prochain, confirmeront la volonté des Français de transformation du paysage politique, longtemps phagocyté par la droite classique et le Parti socialiste, à peine bousculés par l'extrême droite dont la percée aura été spectaculaire voici deux mois au point de rêver tout à la fois d'un groupe à la future Assemblée et d'une place historique de premier parti du paysage politique français! Cette dynamique est bien sûr confortée par la volonté du président Macron de briser les lignes traditionnelles, le dernier exemple en date étant la nomination à Matignon d'un Premier ministre issu de la droite classique et l'entrée de personnalités de gauche et de la société civile au gouvernement. Un mixage qui paraissait hasardeux, a priori, mais dont il y a fort à parier qu'il va impacter le choix des électeurs de droite comme de gauche, convaincus de la nécessité de «faire la politique autrement». Les partis de droite et de gauche qui se partageaient le pouvoir depuis plus d'un demi-siècle n'ont-ils pas été éliminés dès le 1er tour de la présidentielle, laissant face à face la candidate du Front national, Marine Le Pen, et Emmanuel Macron, fondateur du Mouvement En Marche? Le raz-de-marée serait dès lors inévitable dans ces législatives qui scelleraient la fin d'une époque car, à en croire plusieurs projections, REM devrait atteindre les 400 députés, bien au-delà du seuil de 289 sièges requis pour obtenir la majorité absolue. Mais si le scénario d'un triomphe de REM aussi absolu vient à se concrétiser, nul doute que la mort lente des partis traditionnels serait aussitôt consommée. Et comme pour étayer la dynamique, le vote des Français de l'étranger a donné une illustration pertinente de ce phénomène unique dans les annales politiques françaises, les candidats de REM ayant tout raflé ne laissant aux sortants de droite comme de gauche que des marges tristement insignifiantes. En choisissant d'installer à l'Elysée un «inconnu» de 39 ans et en le dotant d'une majorité écrasante à l'Assemblée, les électeurs français auront «bouclé la boucle» et donné corps à la nouvelle politique du «dégagisme» dont nombreux seront les anciens ministres, anciens sénateurs, anciens députés et anciens élus locaux à faire systématiquement les frais. Un renouvellement d'autant plus assuré que 40% des députés sortants ne se sont pas représentés, craignant de sombrer dans les flots de la vague macronienne face à une nouvelle génération d'élus sans complexes ou de perdre leurs assises locales du fait de l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats. Au soir du 18 juin prochain, un véritable séisme politique est promis par avance aux électeurs français qui n'en demandaient pas tant, mais dont on peut penser légitimement qu'ils ne vont pas bouder leur plaisir. Quant au président Macron, loti d'une majorité de 397 à 427 députés selon les tout derniers sondages, soit 70% des 577 circonscriptions en lice, il pourra mener à loisir le programme qu'il s'est tracé, mais pour lequel les syndicats l'attendent, d'ores et déjà, de pied ferme...