Les militants de Béjaïa se ont solidarisés hier avec leurs frères du Rif dans une action qui, bien que fortement médiatisée, n'a pas drainé la grande foule. Se sentant interpellés par les événements de la région du Rif au Maroc, 300 à 400 personnes, issues de différents milieux, se sont rassemblées dans la nuit de mardi à mercredi sur la place de la liberté Saïd Mekbel. Des connus et des moins connus, femmes et hommes de tout âge, dont des journalistes comme Layachi Hamida, des artistes comme Oulahlou et Akli D., des syndicalistes, des militants politiques du RCD, MDS, UFD, des Makistes, des étudiants, des enseignants universitaires et des acteurs de la société civile, dont Mohand Arezki Bourdjil, Said Salhi des droits de l'homme, des littéraires comme Brahim Tazagharth, un seul député, Braham Benadji ont tenu à marquer à l'occasion leur soutien et leur solidarité avec la population du Rif au Maroc. C'était à Mourad Ouchichi qu'est revenue la lecture de la déclaration qui a été rédigée lors de la première réunion de ce comité et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Une déclaration dans laquelle il a été réaffirmé la solidarité et le «soutien indéfectible et sans réserve» de la population de Béjaïa avec «leurs frères et soeurs du Rif en lutte pour la liberté et le recouvrement de leurs droits socio-économiques, politiques et identitaires». «Nous condamnons la répression qui s'abat sur le Rif» et «nous appelons à la libération des détenus», a-t-on exigé dans cette déclaration lue dans trois langues (tamazight, arabe, français), une manière de lui donner le maximum d'audience. Au cours des différentes interventions, ponctuées par les slogans «zafzafis», il a été beaucoup question «d'une solidarité permanente entre les peuples d'Afrique du Nord en quête d'une perspective historique qui les libère de l'autoritarisme de leurs pouvoirs centraux et de l'idéologie arabo-islamique qui leur sert de socle idéologique légitimant leur domination». Pendant près de trois heures des militants se sont succédé pour apporter leur contribution avec des mots souvent sévères pour les pouvoirs en place en Afrique du Nord, une appellation préférée à celle de Maghreb. Certains sont allés jusqu'à apporter des réponses publiquement à ceux qui s'opposaient à l'action du jour, partant du principe que les Rifains avaient marqué leur soutien lors des événements douloureux que la région de Kabylie avait vécus en 2001, jugeant que les circonstances n'étaient pas les mêmes. Les interventions se sont ainsi poursuivies jusqu'au moment où le militant du MAK, qui a été arrêté par des policiers en civil peu avant le début du rassemblement, a été relâché comme l'avaient exigé les initiateurs avant même le début du rassemblement. Ce n'est qu'après que les militants se sont dispersés dans la calme. Béjaïa aura ainsi marqué le point même si la mobilisation n'a pas été aussi importante qu'on l'escomptait.