A peine partis les militaires américains sont appelés à retourner en renfort en Afghanistan Le chef du Pentagone Jim Mattis, qui a averti mardi que les taliban progressaient en Afghanistan, a désormais les mains libres pour décider d'un renfort militaire américain dans le pays, la Maison-Blanche lui déléguant toute décision en la matière. Les chefs militaires américains dans la région réclament depuis des mois des renforts de plusieurs milliers de soldats pour aider le gouvernement afghan à faire face à la pression des taliban. Selon un responsable américain, le président Donald Trump a décidé de laisser Jim Mattis trancher sur ces demandes, émanant notamment du général John Nicholson, le chef des forces de l'Otan en Afghanistan. M. Mattis n'a jamais laissé filtrer son avis sur la question, mais il est peu probable qu'il refuse ces demandes. Mardi, lors d'une audition au Congrès, il a ainsi estimé qu'il fallait prendre des mesures rapidement face aux progrès des taliban. «Nous ne sommes pas en train de gagner. Nous allons corriger cela aussi vite que possible», a déclaré l'ancien général des Marines devant le Congrès. Selon les estimations circulant à Washington, les chefs militaires régionaux demanderaient de 3 à 5000 hommes supplémentaires. Les militaires américains sont actuellement 8400. Un renfort ferait repartir à la hausse les effectifs pour la première fois depuis le tournant de la décennie 2000, après des années de baisse. Les taliban sont à l'offensive en Afghanistan et ont revendiqué une série d'attaques meurtrières, notamment contre des bases et positions militaires afghanes. Samedi, une attaque a tué trois soldats américains et en a blessé un autre dans le Nangarhar (est de l'Afghanistan). Un soldat afghan - un élément infiltré, selon les taliban - a tiré sur les soldats américains. Les soldats américains et de l'Otan n'ont en principe qu'une mission de formation et d'entraînement des forces afghanes, et ne participent pas aux combats, sauf exception. Un renfort de leurs effectifs leur permettrait notamment de mieux se diffuser au sein de l'armée afghane. Il pourrait ainsi apporter leur conseil au niveau des kandak, les bataillons afghans, et non plus seulement au niveau des états-majors. Les militaires pourraient aussi être autorisés à apporter plus de «soutien de feu» (artillerie par exemple) ou de soutien aérien aux militaires afghans. Mardi, Jim Mattis a également reconnu «l'urgence» de redéfinir la stratégie américaine en Afghanistan, après les tentatives de désengagement militaire de l'administration Obama. Il s'est prononcé pour une présence à long terme dans le pays de troupes américaines et de l'Otan, approuvant la comparaison faite par un sénateur avec la présence américaine en Europe ou en Corée du Sud. Il s'agirait de maintenir sur place une force militaire «résiduelle» mais «sophistiquée», capable d'aider les forces locales à stopper immédiatement toute résurgence importante des insurgés islamistes, a-t-il expliqué. «Je n'ai pas de doute qu'une majorité des Afghans» soutient une présence militaire américaine sur place, a-t-il affirmé. Il a indiqué qu'il devrait revenir «à la mi-juillet» devant le Congrès pour détailler cette stratégie à long terme. Les Etats-Unis sont présents militairement depuis 16 ans en Afghanistan. Après avoir porté les effectifs militaires jusqu'à un pic 100.000 en 2011, l'ancien président Barack Obama avait entamé la décrue. Il espérait laisser un millier d'hommes seulement à son départ de la Maison-Blanche, conformément à ses promesses de campagne. Mais l'armée afghane, seule en charge des combats contre les taliban depuis la fin 2014, n'est pas arrivée à endiguer les coups de boutoir des insurgés islamistes et M.Obama avait été contraint de ralentir le retrait.