Au cinquième jour de l'offensive, le bilan est de quatre soldats tués dans les rangs de l'Otan, dont deux par des bombes artisanales. Trente taliban auraient été tués. Les taliban ont utilisé des civils comme boucliers humains pour se protéger et ralentir la progression des forces internationales et afghanes hier vers Marjah, un fief taliban du sud de l'Afghanistan, selon l'armée afghane. A Washington, le président américain Barack Obama devait réunir son cabinet de guerre pour évaluer l'impact de la première offensive majeure des forces de l'Otan depuis l'envoi de renforts dans le cadre de la nouvelle stratégie américaine de contre-insurrection. Depuis samedi, quelque 15.000 soldats afghans et étrangers sont engagés dans l'opération Mushtarak, en plein coeur de la province du Helmand, bastion des taliban. «L'opération Mushtarak est en bonne voie. Les taliban sont tactiquement capables, opposent de la résistance et sont rusés», a déclaré le commandement des forces internationales dans un communiqué. «Le nombre de mines est considérable dans ces zones, et les forces combinées (afghanes et internationales) doivent être très mesurées dans leurs mouvements pour minimiser les pertes», a ajouté l'Otan. De son côté, l'armée afghane a accusé les taliban d'utiliser les civils comme boucliers humains pour se protéger et retarder l'avancée des soldats internationaux et afghans. «Ils ont pris des civils en otages. Ils placent femmes et enfants sur les toits des maisons et tirent», protégés par les civils, a déclaré le général Mohaidin Ghori, commandant des forces afghanes dans l'opération Mushtarak. Cette tactique, combinée à la pose de bombes artisanales, «a ralenti l'avancée de nos troupes», a déploré le général Ghori. «Les mines des taliban et la peur de pertes civiles réduisent nos mouvements», a assuré le général afghan. Dans un cas, des taliban ont été vus tirant depuis la fenêtre d'une maison où se trouvaient des civils, selon un rapport d'opérations. Un enfant en pleurs se trouvait également devant la maison. «Nos soldats ont vu trois taliban leur tirer dessus puis courir dans des maisons. Puisque nos commandants ont ordonné de ne pas tirer sur les civils, nous avons laissé partir les taliban», a également raconté le colonel Shireen Shah. Les commandants afghans avaient assuré en début de semaine que la coalition s'était arrogée le contrôle de la quasi-totalité de Marjah et ses environs, un des fiefs des insurgés islamistes et grenier à pavot de l'Afghanistan, la matière première de l'opium et de l'héroïne dont les talibans tirent une grande partie de leurs ressources. Au cinquième jour de l'offensive, le bilan est de quatre soldats tués dans les rangs de l'Otan, dont deux par des bombes artisanales. Trente taliban auraient été tués. Douze civils ont également péri par erreur. L'offensive, décrite par certains militaires comme la plus importante en termes d'effectifs engagés en huit ans de guerre contre les taliban, a été lancée dans la nuit de vendredi à samedi. L'objectif est d'abord de reprendre cette zone aux mains des insurgés et de barons de la drogue. Une fois les taliban délogés, la seconde phase de l'opération doit permettre de restaurer l'autorité de Kaboul dans cette zone, selon l'Otan et les autorités afghanes. Outre 4400 soldats afghans, la quasi-totalité du reste des 15.000 militaires engagés à Marjah sont américains et britanniques. L'offensive sur Marjah, un fief taliban parmi d'autres dans la région, pourrait se poursuivre dans d'autres localités de la province.