L'élimination du chef des taliban afghans par des drones américains est une bonne nouvelle pour l'administration Obama, mais celle-ci reste sous pression pour laisser des troupes plus longtemps que prévu en Afghanistan. Cette frappe sans précédent, menée par des drones américains samedi au Pakistan, près de la frontière afghane, «montre qu'il n'y a qu'une seule option pour les taliban, qui est de poursuivre une résolution pacifique du conflit», s'est félicité lundi Mark Toner, porte-parole du département d'Etat. Considéré initialement comme favorable à des pourparlers de paix avec le gouvernement de Kaboul, le mollah Mansour, une fois devenu le chef des taliban, avait refusé régulièrement de venir à la table des négociations.Les taliban «peuvent s'asseoir avec le gouvernement afghan et commencer les négociations (...) Nous soutenons un processus mené par les Afghans eux-même», a ajouté le porte-parole. Mais malgré ces espoirs, la Maison-Blanche reste sous pression pour, une nouvelle fois, décider d'un ralentissement du retrait des troupes américaines d'Afghanistan. Et ce, malgré les promesses de campagne de Barack Obama, qui s'était engagé en 2008 à retirer les troupes d'Afghanistan. En octobre dernier, devant les avancées des taliban face aux forces afghanes, le président Obama s'était déjà résolu à annoncer qu'il laissait 9800 soldats sur toute l'année 2016, au lieu du retrait progressif qui était prévu. Et depuis quelques mois, les militaires américains tirent discrètement la sonnette d'alarme, pour obtenir en 2017 plus d'hommes que les 5500 déjà prévus. Il faudra encore «des années» pour mettre l'armée afghane à niveau, avait estimé en février devant le Congrès le général John Nicholson, nouveau commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan. Les militaires américains réclament également plus de latitude pour bombarder les taliban. Pour l'instant, les avions américains n'ont pas le droit de voler au secours des forces afghanes lorsqu'elles sont en difficulté. Ils ne peuvent intervenir que lorsque des forces américaines ou des forces de l'Otan sont menacées. Et le calendrier se fait pressant. Si les Etats-Unis décident finalement de laisser plus d'hommes que prévu en 2017 en Afghanistan, il faut qu'ils prennent leur décision d'ici l'été, pour que les alliés de l'Otan puissent à leur tour prendre les décisions nécessaires à temps, avait prévenu en février le général américain John Campbell, qui commandait à l'époque les forces de l'Otan dans le pays. Dès sa prise de fonction en mars, son successeur le général John Nicholson a été chargé par l'administration Obama de rendre son évaluation d'ici le début juin. Il a rencontré la semaine dernière à Bruxelles les chefs d'états-majors des pays de l'Otan pour faire le point, mais rien n'a filtré sur son diagnostic et ses préconisations. Pour Anthony Cordesman, critique régulier des choix militaires de l'administration Obama, il est impossible de prévoir comment le président tranchera, entre un nouveau renforcement contraire à ses promesses de campagne, ou un statu quo qui risque d'hypothéquer l'avenir du gouvernement afghan.