Les juges d'instruction français qui enquêtent sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ont récemment ordonné la saisie des biens immobiliers de l'un des proches collaborateurs de l'ex-président, Claude Guéant, a-t-on appris hier de source proche du dossier. Plus de deux ans après la mise en examen de M.Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, dans cette affaire, son appartement parisien dans le très chic XVIe arrondissement ainsi que sa résidence secondaire ont fait l'objet d'une saisie, décidée le 12 juin, selon cette source. M.Guéant peut néanmoins continuer d'occuper ses propriétés. «Il s'agit d'une mesure conservatoire pour empêcher Claude Guéant de vendre ses biens immobiliers», a expliqué son avocat Claude Bouchez El Ghozi. «Je m'étonne que l'on procède à cette saisie maintenant, des années après l'ouverture de l'instruction, alors qu'il n'y rien de nouveau concernant Claude Guéant qui ne justifie cette mesure», a commenté l'avocat. A travers cette décision, «c'est l'aveu de faiblesse d'un dossier qui piétine totalement», a-t-il dénoncé. Dans ce dossier tentaculaire, les juges s'intéressent à des flux financiers impliquant des protagonistes liés au régime de l'ancien guide libyen Mouammar Kadhafi. D'anciens dignitaires de Tripoli et des témoins ont évoqué la thèse de versements, mais les magistrats n'ont pas la preuve que des fonds aient alimenté la campagne. Les enquêteurs s'interrogent également sur un virement de 500 000 euros en provenance d'une société d'un avocat malaisien, perçu en mars 2008 sur un compte de Claude Guéant. Il a affirmé qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les magistrats qui l'avaient mis en examen en mars 2015, notamment pour blanchiment de fraude fiscale.