Après Sylvie Goulard, ministre des Armées, c'est le tour de Bayrou et Marielle de Sarnez Reste à savoir s'il s'agit là d'un simple au revoir ou si la crise qualifiée de part et d'autre de «minime» peut déboucher rapidement sur un différend beaucoup plus net. On s'y attendait, mais pas aussi vite. François Bayrou et Marielle de Sarnez ont annoncé, tôt hier matin, leur décision de ne plus faire partie du gouvernement dont la composition devait être divulguée en fin d'après-midi. Ce départ intervient au lendemain de celui de Sylvie Goulard, précédemment ministre des Armées, qui rendait intenable la position des deux dirigeants historiques du MoDem mis devant l'obligation de suivre la même démarche pour respecter l'exigence d'exemplarité. Chargé de la présentation d'une loi de moralisation de la vie politique, le président du MoDem François Bayrou était sur la sellette depuis plusieurs jours, une enquête préliminaire sur les emplois d'assistants parlementaires payés par le Parlement européen mais dont le travail aurait bénéficié uniquement au parti ayant été ouverte par le parquet, après les révélations du Canard enchaîné. La relation «privilégiée» que Bayrou mettait en avant avec le président Emmanuel Macron auquel il avait apporté un soutien décisif au moment où il entrait en campagne n'a donc pas résisté aux pressions nombreuses venant de tous les bords politiques, y compris de la République en marche. Français. Bayrou semble avoir surestimé l'importance de sa relation bilatérale avec le chef de l'Etat qui dispose d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale avec le seul groupe La République en marche et préfère du coup ne pas hypothéquer l'action du gouvernement avec le risque des affaires encombrantes du MoDem. Reste à savoir s'il s'agit là d'un simple au revoir ou si la crise qualifiée de part et d'autre de «minime» peut déboucher rapidement sur un différend beaucoup plus net. Il faut dire que l'effet MoDem est atténué pour le président Macron par la naissance, prévisible mais non assurée, d'un groupe parlementaire conduit par Thierry Solère, ancien directeur de campagne de François Fillon. Il l'a lui-même annoncé dans une conférence de presse, hier matin, «Les Républicains constructifs UDI et indépendants», viennent se démarquer du reste des Républicains pour «accompagner les réformes qui vont dans le bon sens, s'opposer quand il le faudra» à la politique d'Emmanuel Macron. Ils sont une trentaine de députés, dont 18 UDI, qui entendent voter la confiance et soutenir le gouvernement Philippe. Les chefs de file Thierry Solère, Franck Riester et Laure de La Raudière, expliquent: «Il s'agit d'un regroupement des Républicains constructifs et des UDI qui ont une sensibilité libérale, humaniste et européenne. Ce n'est plus une question de parti mais une réflexion sur le travail parlementaire: plutôt que de s'opposer systématiquement, nous avons décidé de participer à des réformes que l'on n'osait même pas imaginer dans nos rêves les plus fous, tout en essayant de les influencer.» Cette initiative a déjà pour conséquence d'affaiblir sensiblement la présence du parti Les Républicains à l'Assemblée, surtout qu'elle aspire à attirer plusieurs autres parlementaires séduits par la démarche, coordonnée avec Edouard Philippe qui aurait «croisé» les initiateurs lundi dernier au ministère du budget avant de recevoir Thierry Solère le lendemain à Matignon. D'aucuns suggèrent que l'affaire tombe à point nommé avec le départ des ministres du MoDem, apportant au Premier ministre de droite un soutien approprié, fort utile pour les prochaines échéances. De là à penser que le but des «constructifs UDI et indépendants» serait d'entrer dans la nouvelle équipe gouvernementale, il n'y a qu'un pas, en principe franchi ce soir si la formation du gouvernement Philippe II est officialisé. Dans le cas contraire, fort probable tant il faudra au tandem Macron-Philippe choisir avec soin pour éviter tout nouveau couac du genre MoDem quitte à reporter d'un ou deux jours cette annonce, tout indique que le deal sera concrétisé.