Le Premier ministre sait que les objectifs de son Plan d'action peuvent être perturbés par un niveau bas des cours de l'or noir. La baisse des prix du pétrole a toujours constitué une menace pour les projets de développement de tous les gouvernements. Lorsqu'ils ne mettent pas en danger les équilibres financiers du pays. Le seuil à ne pas franchir a été délimité. «A 70 dollars nous serions en danger, à 60 dollars ça irait mal, à 50 ça irait très mal», avait déclaré Ahmed Ouyahia au mois de septembre 2008, Premier ministre à l'époque, au moment où les prix ont commencé leur dégringolade pour passer de plus de 147 dollars le 11 juillet 2008 à moins de 34 dollars en décembre de la même année. Le scénario est identique aujourd'hui. Cette mise en garde vaut son pesant d'or...noir. Le parallèle n'est pas dénué d'intérêt même s'il faut le nuancer. Certes la dégringolade récente a été moins rapide. Elle a commencé à la mi-juin 2014 mais perdure toujours. D'où son effet pervers. A l'inverse de celle de 2008 qui a été foudroyante, sauf que les cours contrairement à l'heure actuelle, ont rebondi plus vite. A moins de 50 dollars, ça irait très mal disait donc le directeur de cabinet à la présidence de la République. On y est! Avec cette particularité d'avoir confectionné une loi de finances sur la base d'un baril à 50 dollars. Donc 5 dollars au-dessous de son niveau actuel. Hier, vers 11h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'affichait autour des 45,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une hausse de 25 cents par rapport à la clôture de vendredi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour la même échéance enregistrait un gain de 29 cents pour se négocier à 43,30 dollars. Sans qu'aucun indice sur un éventuel rebond n'ait fuité. Ce qui est probablement annonciateur d'une étape difficile à traverser durant le troisième trimestre de 2017, avant de voir en principe la demande progresser avec l'arrivée de l'hiver et des grands froids. A moins que la période estivale n'ait décidé de jouer les prolongations. L'Algérie gardera donc une oreille attentive du côté du marché pétrolier. Abdelmadjid Tebboune restera à l'écoute du baril. Le Premier ministre sait que les objectifs de son Plan d'action peuvent être perturbés par un niveau bas des cours de l'or noir. Ce n'est un secret pour personne le pays dépend essentiellement de ses exportations d'hydrocarbures. Les recettes pétrolières ont sombré, alors qu'il fait encore face à une facture des importations qui culmine au-dessus des 45 milliards de dollars. Cela a signé la mise à mort de l'emblématique Fonds de régulation des recettes qui avait fait le plein durant la période dorée de l'or noir. Les réserves de changes qui ont fondu comme neige au soleil continuent contre vents et marées se situant à un niveau appréciable. 114 milliards de dollars selon le Premier ministre. C'est dans ce contexte de conjoncture financière difficile que doit manoeuvrer Abdelmadjid Tebboune pour répondre à la feuille de route tracée par le président de la République. Abdelaziz Bouteflika qui a exclu le recours à l'endettement extérieur a fait de la justice sociale un axe majeur de son programme. L'amélioration du cadre de vie, par l'offre du logement, l'accès aux énergies et à l'eau et la préservation de l'environnement, figurent parmi les principaux objectifs qu'il a fixés au gouvernement. Comme il aura à surveiller comme du lait sur le feu le déficit de la balance commerciale qui s'est certes contracté de près de 4 milliards de dollars pour les cinq premiers mois de 2017 par rapport à la même période de l'an dernier. Les exportations hors hydrocarbures continuent à être marginales. Tout repose donc sur la bonne santé du baril en attendant que le nouveau modèle de croissance économique, très prometteur, puisse donner ses premiers fruits. Les experts pronostiquent un baril à 60 dollars en 2019. Ce qui aurait pour conséquence de déminer le terrain pour le successeur de Sellal. Pour le moment, Tebboune doit agir avec les moyens du bord. Et, cela se passe plutôt pas trop mal.