La décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de réduire son offre de 1,5 million de barils par jour, n'a pas encore eu l'effet escompté. Bien au contraire. Le 19 septembre Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement mais s'exprimant en tant que secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), prévenait: «A 70 dollars (le prix du baril de brut), nous serions en danger, à 60 ça irait mal, à 50 ça irait très mal.» Aujourd'hui, il y a péril en la demeure. Ça va mal. Le prix du baril de pétrole continue sa dégringolade. Il s'est enfoncé, hier, sous la barre des 60 dollars, touchant les 58,38 dollars, au plus bas depuis février 2007. L'alerte est donnée. Les revenus pétroliers risquent de fondre à grande vitesse. En effet, une chute continue des prix du baril de pétrole mettrait en péril le financement de plusieurs projets d'infrastructures, d'une part, et remettrait en cause la politique de subvention des prix des produits de première nécessité, d'autre part. En effet, selon les analystes, l'Algérie ne peut se permettre des prix de pétrole à moins de 70 dollars. La politique budgétaire nationale risque d'en prendre un sacré coup. «L'Algérie fonctionne à un baril de 67 dollars», affirmait Ahmed Ouyahia. Certes, le Fonds de régulation des recettes, estimé actuellement 4500 milliards de dinars, permet au gouvernement, sur le moyen terme, de faire face à la dépréciation des prix du baril de pétrole. Néanmoins, une dégringolade continue des prix du baril de pétrole ne ferait que compliquer la donne d'autant que la décision prise à Vienne, le 24 octobre dernier, par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour, n'a pas freiné l'hémorragie. En effet, malgré le rebondissement hier après-midi des prix du pétrole à 65,90 dollars, «les prix restent sur une pente descendante», soutiennent les analystes. Devant cet écroulement des prix du baril, l'Algérie a annoncé hier la réduction de sa production pétrolière de 71.000 barils par jour. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines a sollicité la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, pour qu'elle mette en application la mesure prise par l'Opep. Cette opération aurait dû contribuer à freiner la dégringolade des prix de l'or noir. L'hémorragie est loin d'être maîtrisée. Elle n'arrange guère les affaires des pays membres de l'Opep. La décision prise, le 24 octobre, de réduire leur production de 1,5 million de barils par jour n'a pas été efficace. Elle remet sur le tapis l'éventualité d'une autre baisse avant la prochaine réunion du cartel, programmée le 17 décembre à Oran, en Algérie. «Une autre réunion serait possible avant celle prévue le 17 décembre», avait déclaré le président en exercice de l'Opep, M.Chakib Khelil. Le moment semble propice. La saignée que connaissent les cours de l'or noir n'est pas près d'être stoppée. «Il n'y a rien à faire pour stopper les prix à la hausse, il n'y a rien qui puisse les stopper à la baisse. Il est donc tout à fait possible que les prix continuent à reculer», a précisé, au lendemain du 24 octobre, l'analyste indépendante, Cornelia Meyer. Les faucons de l'Opep ont déjà réagi. Hugo Chavez, le président vénézuélien, propose, d'ores et déjà, une nouvelle baisse de l'ordre de «1 million de barils par jour». «Si les prix continuent à baisser, nous serions d'accord pour de nouvelles diminutions», a déclaré, hier, le chef de l'Etat du Venezuela, Hugo Chavez. L'Iran, qui doit réduire sa production de 199.000 barils par jour, a annoncé, par la voix de son ministre du Pétrole, Gholem Hossein Nozari, que Téhéran allait diminuer ses ventes de pétrole de 70.000 barils par jour au géant français Total. Toutes ces mesures ne sont d'aucun secours pour enrayer la chute des prix de l'or noir. Et l'on est loin de l'estimation du Premier ministre qatari: «Le niveau du prix qui nous semble juste est de 70 à 90 dollars», avait-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse à l'issue de la tournée au début de ce mois du Premier ministre britannique. Une fourchette de prix qui semble de plus en plus s'éloigner. Le marché pétrolier est malmené par une crise financière mondiale sans précédent et une récession de l'économie mondiale qui ne lui fera aucun cadeau.