«Le devoir d'un honnête homme est d'enseigner aux autres le bien que les iniquités du temps et la malignité des circonstances l'ont empêché d'accomplir, dans l'espoir que d'autres plus capables et placés dans des circonstances plus favorables, seront assez heureux pour le faire» Machiavel A travers cet article, tout d'abord nous ferons un bref rappel de la prospective de l'évolution de la R&D (recherche-développement) au niveau mondial Ensuite, nous tenterons un bref diagnostic de notre système de R&D. Enfin, nous essayerons de proposer un modèle d'organisation cohérent pour notre système de R&D, et ce, dans le contexte de l'évolution de la R&D au niveau mondial, et qui va dans le sens de l'orientation et le souhait de la plus haute instance du pays. Au niveau mondial, la création, la diffusion et la maîtrise des connaissances sont des phénomènes en pleine mutation. Les technologies dites stratégiques, génériques, de pointe, avancées de part leurs effets majeurs sur presque tous les secteurs économiques, ont révolutionné les économies et les sociétés des pays industrialisés. Les nouvelles technologies dans le domaine de la biotechnologie, de l'information et des matériaux nouveaux, ne sont pas seulement de plus en plus utilisées dans les produits et les services, mais constituent la base des techniques de production de pointe sur laquelle se fonde la compétition économique internationale dans tous les pays avancés. Les nouvelles économies industrielles d'Asie et d'Amérique latine ont suivi la même voie et ont acquis une nouvelle force industrielle grâce à ces technologies. Celles-ci sont utilisées pour fonder de nouvelles entreprises, créer de nouveaux emplois et développer des moyens de protéger l'environnement naturel. Qu'en est-il en Algérie? Un tour d'horizon rapide indique des efforts certes, çà et là, mais dispersés en matière de formation, d'investissement, d'activités de recherche et de développement. Comment expliquer la déception, la morosité et l'échec - osons le mot - de la situation de la recherche en Algérie? Le diagnostic est simple : son infrastructure de recherche, effritée et chaotique continue hélas à sombrer dans la médiocrité ; la recherche en Algérie continue de souffrir de diverses carences, appelées «dispersion, immobilisme, fuite des cerveaux, double emploi, baisse de qualité, gaspillage de ressources, gestion douteuse, manque de coopération, esprit tribal...» De ce fait, le système de recherche national ne peut offrir la fertilité que l'on est en droit d'attendre de lui. Non pas qu'il manque d'oxygène, mais il souffre d'un problème d'ordre structurel et d'ordre managérial. Or, n'attend-on pas d'elle de jouer un rôle de plus en plus déterminant dans le développement économique du pays? Devant le caractère aussi diffus et confus du problème, dans un pays assumant encore si mal ses différentes métamorphoses, au regard des grands changements au niveau mondial et voyant combien les cartes du jeu technologique s'échangent désormais à l'échelle planétaire. On insistera jamais assez qu'il conviendrait de restructurer de façon globale son système de recherche avec une certaine dose d'audace et beaucoup de recul, et prenant appui sur les prises de positions officielles, et partant, des orientations les plus pertinentes en sciences et technologies à travers le projet de cyberpark, un technopole de sciences et des télécommunications que le chef de l'Etat a décidé d'implanter dans l'Agglomération nouvelle de Sidi Abdellah. Le projet de Sidi Abdellah ne représente-t-il pas une occasion rêvée pour entamer sans plus attendre une réorganisation d'ensemble du système de R&D national pour mieux l'adapter à l'évolution actuelle de la recherche dans le monde ainsi qu'au nouveau contexte de l'économie de marché. Une réorganisation de la R&D au niveau national ne peut être efficace que si elle s'aligne davantage sur les tendances de l'évolution de la R&D au niveau mondial énumérées dans nos articles précédents (l,2.) Nous en citons trois pour rappel seulement à savoir: Il y a d'abord la mutation profonde du concept universitaire, celle-ci fait suite à la forte expansion de l'enseignement supérieur, qui est un phénomène culturel valable, la recherche scientifique qui lui est traditionnellement associée au sein des universités, a été dispersée et effritée, tant au niveau de ses moyens que de ses ambitions. Il faut se rendre à l'évidence: l'université a bel et bien perdu le monopole du savoir-faire et de la créativité scientifique et cela au détriment du principe selon lequel la formation universitaire doit se faire dans un environnement de recherche. Le maintien de cet état de fait n'a conduit les universités qu'à persévérer dans une approche du «touche-à-tout» irréaliste et de moins en moins valable. Evolution de la R&D dans le monde Il y a ensuite l'éclosion de nouvelles structures de R&D, du fait de la remise en question du modèle universitaire parce qu'il ne semble plus adapté aux exigences actuelles du développement technologique, on voit apparaître dans divers pays de nouvelles structures telles que des parcs scientifiques ou technopoles, dont certains regroupent des dizaines de milliers de chercheurs. Que penser par exemple de Zhongguancum, ce quartier au nord-ouest de Beijing où quatre-vingt mille chercheurs et techniciens travaillent dans cinquante écoles ou universités et cent trente-huit instituts? Et encore de Tsukuba Science City où douze mille chercheurs travaillent dans une quarantaine d'instituts nationaux. Le Japon, reconnaissant humblement la faiblesse de sa capacité créative, a rasé un tiers de ces centres de recherche nationaux pour les reconstruire dans cette cité de cerveaux, destinés à être le fer de lance de la recherche fondamentale et de la haute technologie japonaise. La réputation d'un Japon copieur et inactif sur le plan scientifique, appartient désormais au passé. Ces nouvelles cités sont fondées sur le principe de collaboration étroite entre les entreprises, les universités et les collectivités locales. L'origine de ces superstructures n'est pas typiquement japonaise si l'on se réfère à la Silicon Valley, à la route 128 à Boston, à Research Triangel Parc en Caroline du Nord, Sophia Antipolis en France, Cerdanyola del Valles en Espagne, Europarc en Portugal, Silicon Plateau en Inde, Media Valley en Corée du Sud, et récemment Dubaï Silicon Oasis aux Emirats arabes unis, Casablanca Technopark au Maroc, Parc des Communications El Ghazala de Tunisie où le gouvernement tunisien a signé un accord de partenariat avec la Fondation Sophia Antipolis pour l'assister et le conseiller dans l'implantation de parcs scientifiques et à des dizaines d'autres en construction actuellement à travers le monde (3,4.) Mais ce qui est typiquement japonais pour rappel, est la volonté d'en faire une stratégie offensive. Il y a enfin le décloisonnement des secteurs de recherche, sur le plan fondamental, la distinction classique entre biologie, chimie et physique a tendance à disparaître. Sur le plan technologique, l'interdépendance entre les technologies de l'information, des matériaux et de biotechnologie s'accroît et l'interaction multidisciplinaire est devenu de plus en plus une puissante source de créativité. Le projet de Sidi Abdellah où seront développées, entre autres, les activités liées aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, cette opération est pourtant d'un intérêt national, un projet exemplaire et unique en son genre et grandiose, on remarque qu'on lui accorde peu d'intérêt et très peu d'attention. Les chercheurs ne voient pas dans cet ambitieux projet les conditions qui permettent de favoriser leur mobilisation au service du développement national. L'expérience des pays qui ont réussi leur développement, montre que ce n'est pas seulement la volonté d'hommes politiques isolés, mais c'est la motivation de la population toute entière pour le progrès technologique qui représente dans ces pays un atout majeur. La séquence R&D et bref diagnostic du système de recherche nationale 5 Sur le plan philosophique, nous voyons que la R&D comme une réaction en chaîne où l'esprit humain et la matière qui l'entoure sont entraînés malgré eux, dans un fantastique processus de structuration et d'organisation géométrique. Nous entendons par là d'abord l'organisation et la structuration des symboles de communications (recherche fondamentale) pour constituer des modèles symboliques. Ceux-ci permettent ensuite de guider l'homme dans la création de nouveaux procédés (recherche appliquée) visant à restructurer la matière pour répondre à des besoins, généralement exprimés en termes économiques ou politiques (production). Sur le plan opérationnel, dans la séquence recherche-développement-production ou en aval de la recherche proprement dite, il est, dans certains domaines, une étape qui représente un passage obligé dans le processus de développement technologique : cette étape est celle de la démonstration de faisabilité économique. Il ne saurait, en effet, être question d'exploiter des procédés nouveaux qui n'auraient pas fait la preuve de leur rentabilité. Celle-ci n'est pas toujours, de prime abord, hors de doute. Dans de nombreux cas, un procédé qui a fait les preuves de sa fiabilité technique se doit être expérimenté en vraie grandeur dans des conditions d'exploitation réelle pour établir sa faisabilité économique : c'est le stade du projet pilote ou projet de démonstration ou opération de développement expérimental qui représente le stade final des opérations de la recherche. Il convient de noter que l'institution d'un certain nombre de structures relevant de l'ex-HCR (Haut commissariat à la recherche) dites centres ou unités de «développement» - leurs activités de recherche étaient orientées au départ vers le développement des énergies nouvelles et s'élargissant par la suite vers les domaines dits de technologies avancées, spatiales - de part le processus décrit ci-dessus permettent d'expliquer au mieux la situation qui prévaut au niveau de notre système de recherche national dont les résultats n'ont pas débouché sur des applications exploitables que les responsables de programmes auraient négligé, plutôt ignoré pour amener les résultats valables - s'ils existent - au stade de développement expérimental et avec les coûts très élevés que cela demande. Certaines unités, faute de remplir leurs fonctions se sont transformées en de véritables entreprises commerciales en s'éloignant ainsi de leurs missions initiales qui leur sont dévolues. Cependant, il convient de souligner qu'il y a cause à effet entre les capacités scientifiques et technologiques locales et l'industrialisation. Sans base technologique autochtone, l'industrialisation risque de prendre une mauvaise orientation. Mais sans industrialisation, la demande de technologie serait faible. L'expérience montre que les politiques technologiques doivent être liées aux politiques industrielles qui doivent elles-mêmes être en harmonie avec les autres orientations et objectifs nationaux (7). De ce fait, nous ne sommes pas partisans de laisser se développer en ordre dispersé de trop petites infrastructures, gaspilleuses de ressources, telles que celles qui ont tendance à se réaliser aujourd'hui, et un système de recherche trop dispersé devient un univers de médiocrité. Nous ne croyons pas que de telles structures puissent donner des résultats compétitifs sur le plan international et bénéfique au pays, d'autant plus qu'aujourd'hui la R&D est perçue à juste titre comme une entreprise à caractère très collectif. La planification de la recherche en termes d'opérations d'investissement se fait indépendamment de la stratégie industrielle du pays, et les tentatives de mise en place de stratégies conjointes industrie-recherche avec l'assistance de l'Onudi ont été déviées par rapport aux objectifs initiaux par inadvertance et par méconnaissance des fonctions précises et complémentaires que devaient remplir chacun des secteurs (l'exemple frappant est celui entre l'Enie et l'ex-HCR) (9). En outre, on remarque que certaines grandes opérations de mise en place de structures technologiques inscrites dans le cadre du plan de soutien à la relance économique n'ont même pas fait l'objet d'études préalables de faisabilité économique dont on peut se demander sur quelles bases, ces opérations ont été financées, et que rien ne garantit les retours sur des investissements de ce type. Cependant, il convient de rappeler et de préciser que l'un des éléments principaux qui ont amplifié la crise et l'endettement de certains pays en développement notamment en Afrique, est le fait que le développement n'est pas seulement la capacité d'opérer des investissements dans la recherche scientifique et technologique d'une part et dans le développement technologique du système de production de biens et services d'autre part, mais de plus en plus celle de gérer ces investissements et de maîtriser l'information scientifique et technologique qui s'y rapportent. Il convient de signaler qu'il n'y aura guère d'avenir pour une production à grande échelle en particulier dans le secteur des semi-conducteurs et cela, compte tenu des mutations technologiques que connaît ce secteur. En Algérie, les efforts devront être concentrés sur des produits fabriqués en petites séries à plus-value élevée et où les universités devraient constituer une structure d'appui aux PME qui, en matière de R&D, sont désarmées. Ce constat nous interpelle en tant que responsables politiques et responsables scientifiques à accepter de faire un examen de conscience pour ne pas persévérer dans l'erreur. Comme nous l'avons déjà souligné (2), de la stratégie de développement industriel des années soixante-dix, il en ressort que les transferts technologiques, qui dans la plupart des cas se sont faits de façon horizontale, peuvent être décisifs pour créer de nouvelles usines ou moderniser des installations existantes, mais ne suffisent pas pour industrialiser un pays. Il est essentiel de noter que l'expérience internationale démontre qu'un transfert horizontal de technologie doit être associé à un transfert vertical dans le pays receveur. En d'autres termes, le point d'entrée de la technologie importée doit être, autant que possible, un laboratoire où la nécessaire adaptation peut se faire, plutôt qu'une unité de production avec bien sûr un personnel capable de la maîtriser. Dans ce sens, pour qu'un développement industriel soit durable, il est nécessaire de mettre en oeuvre des politiques cohérentes de formation de scientifiques et d'ingénieurs hautement qualifiés, une infrastructure de base et des activités qui s'inscrivent dans une politique à long terme. En effet, un pays ne peut résoudre ses problèmes de développement économique et social s'il ne dispose pas d'un système de R&D intégrant la recherche scientifique et technologique, le développement expérimental et les services scientifiques et technologiques qui soient dûment articulés, en amont, avec le système éducatif et en aval, avec le système de production de biens et de services (8). Réponses stratégiques Compte tenu de ce qui précède et prenant appui sur les orientations et les prises de positions officielles de la plus haute instance du pays, et partant du fait de la remise en question du modèle de notre système de R&D national parce qu'il ne semble plus adapté aux exigences actuelles du développement technologique, nous proposons un modèle d'organisation de la R&D national qui pourrait s'intégrer dans le projet de Cyberpark de Sidi Abdellah dénommé «Pôle de développement scientifique et technique». Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'Algérie possède toutes les composantes et la taille critique idéale pour créer un seul pôle de développement scientifique et technique. Le pôle ou centre intersectoriel et interuniversitaire serait occupé par un noyau d'élites à rayonnement international, multidisciplinaire et visant un leadership au moins au niveau africain dans certains domaines de pointe. Pour cela, il conviendrait d'envisager de rapatrier les ingénieurs et les scientifiques algériens résidants à l'étranger, comme l'a fait avant, par des incitations financières depuis 1968, la Corée du Sud 6 (entre 1968 et 1991, la Corée aurait rapatrié 1 971 scientifiques provenant en majorité des Etats-Unis) et maintenant la Chine, l'Inde et d'autres pays suivent le même exemple. Il conviendrait de constituer pour chaque secteur d'activité des réseaux: un réseau de recherche fondamentale, un réseau d'innovation technologique, un réseau de formation, etc. Il est essentiel qu'au sein du pôle de développement, les diverses composantes connaissent et acceptent leurs fonctions respectives et complémentaires. Tous les éléments du pôle développement n'auraient pas nécessairement une vocation internationale et il est absolument nécessaire de valoriser aussi les composantes à vocation locale, visant plus l'exploitation et l'adaptation des connaissances existantes. Au sein de ce noyau, les principes de gestion seraient très différents de ceux appliqués actuellement. La mobilité des chercheurs serait la règle du jeu, impliquant de fréquents voyages, échanges de chercheurs, organisation de nombreux séminaires internationaux. La créativité d'équipes serait davantage récompensée que l'individualisme scientifique. Les activités de recherche ne seraient pas gérées sur la base d'un découpage structurel en départements, mais de façon horizontale et flexible selon un principe de cohabitation d'un ensemble de projets et de programmes à caractère temporaire. Chaque projet serait exécuté par une équipe qui comporterait un certain nombre de scientifiques seniors, assistés de scientifiques juniors effectuant une thèse de doctorat. Le sectorialisme serait évité en stimulant l'interaction des projets de natures très différentes : en sciences de la vie, sciences des matériaux, de l'information et de l'environnement, les projets jouiraient surtout de logistiques communes avec accès aisé à un réseau de superordinateurs et à des moyens télématiques très performants. Enfin, les salaires des chercheurs y seraient à la hauteur de l'importance que représente la R&D pour l'économie nationale. Plutôt que de faire intervenir une lourde bureaucratie, l'ensemble serait soutenu par des sociétés de services prenant en charge l'organisation des congrès, les publications, les transferts de technologies, la coordination de projets et les problèmes de protection intellectuelle. Une très grande importance serait accordée à la formation et au transfert des connaissances, tant vers les universités que vers l'industrie. Mais la formation ne concernerait que le troisième cycle (magister et doctorat) ainsi que le recyclage. Le pôle aurait pour mission de fournir un nombre appréciable de chercheurs de haut niveau, formés pour la recherche, par la recherche. La fonction prioritaire des universités serait explicitement la formation du premier et du deuxième cycles et le principe de base selon lequel toute formation universitaire doit baigner indiscutablement dans un environnement de recherche et serait adaptée au contexte actuel. Il convient d'insister sur le fait que l'enseignant doit consacrer une part de son temps à la recherche, comme cela est de règle dans les pays développés. Missions La mission des universités est de rendre un service à long terme, en ouvrant l'esprit des jeunes à l'évolution du monde, en les formant tant au travail personnel que collectif, en les habituant à assimiler rapidement des connaissances de plus en plus complexes et éphémères, en plus développer l'esprit d'initiative, la capacité à s'intégrer à des équipes multidisciplinaires et l'aptitude à communiquer leur savoir. La réalisation de cet objectif de formation nécessite une réorientation des structures de formation des personnels en question. L'effort doit porter en premier lieu sur la rénovation du contenu des programmes de formation et qui contribuerait de façon significative à appuyer les initiatives déjà entreprises dans ce domaine. Une réorganisation de l'ensemble ne peut donc être que le résultat d'une réaction en chaîne basée sur un plan stratégique par étapes. La première étape, l'étincelle en quelque sorte, consisterait à créer au niveau national le noyau central dont il est question plus haut en associant les chercheurs algériens à rayonnement international résidant à l'étranger, de très haut niveau scientifique, axé sur les technologies de pointe (technologies de l'information, biotechnologies, nouveaux matériaux). Concrètement, comme il nous semble préférable de commencer par regrouper les ressources existantes plutôt que d'en recréer d'autres de toutes pièces, une concertation devrait être organisée entre les différents acteurs concernés en vue d'aboutir à une proposition «d'accord de collaboration». Ce n'est qu'en coordonnant les efforts, en concentrant les moyens et en regroupant les ressources humaines et financières, que l'Algérie pourra créer les conditions permettant d'exploiter et de valoriser le potentiel humain et technologique dont elle dispose. Il convient pour cela de faire un inventaire de moyens disponibles c'est-à-dire le potentiel scientifique et technologique national en vue de regrouper l'essentiel dans un nouveau centre commun. En bref, notre proposition de réorganisation et de rationalisation consiste donc à créer «un consortium interuniversitaire et industriel» avec comme objectif de développer ensemble un programme multidisciplinaire axé sur les technologies de pointe, et d'autre part, d'assurer la formation de haut niveau, dans le cadre d'un vrai troisième cycle. La présente analyse, évidemment incomplète étant donné l'ampleur du problème, vise surtout l'ouverture d'un débat. Il est temps et justifié de faire une étude plus fouillée, impliquant un diagnostic plus approfondi, basé sur des consultations dans les milieux industriels, universitaires, administratifs et politiques, pour aboutir à la formulation d'un plan stratégique détaillé. Comme nous le montre le Japon, ce sont les pays qui acceptent de faire un examen de conscience, et qui sont capables de prendre les mesures énergiques sur le plan structurel, qui partent gagnants. Notre pays a des atouts: les ressources minérales et énergétiques, une matière humaine jeune et riche et une prise de conscience des jeunes chercheurs. Sachons nous organiser. On n'insistera jamais assez pour dire que la situation qui prévaut en Algérie ne cessera de peser sur elle qu'à la condition que s'opère un profond bouleversement des mentalités, des habitudes, des comportements, de la culture et de l'école. Car pour une société qui veut relever le défi du développement, plus que le capital connaissances, ce sont les attitudes individuelles et collectives qui importent. (*) Docteur en microélectronique. Directeur de Division de microélectroniques Cdta Président de la sous-commission Ntic/Réseau ASICs Coordinateur de la Bourse Tempus Projet Gfma Références : 1. Recherche et développement en Algérie El-Moudjahid, mardi 11 décembre 1990, 2. Agonie ou renouveau du Système de recherche et développement en Algérie El-Watan, 25, 26, 27, 28 février et 1er mars 1995 3. Les conditions de transfert d'un modèle réussi de parc scientifique et technologique à un nouveau site en création : Cas de Sophia Antipolis et du projet tunisien de Technopoles J. Arlotto, A. Ayadi, JM. Sahut, Cidegef 24-26 février 2003 4. Technopôles: méthodologies d'observation et d'analyse Table ronde, 19 mars 2004, Parc des communications El Ghazala (Tunis) 5. La politique de recherche et de développement technologique de la communauté européenne : M. André - Documentation européenne - 1988. 6. Science et Technologie en Asie La recherche n° 272 Janvier 1995 7. Technologie pour les pays en développement : Perspectives et programmes de la division de la mise au point et de transfert des techniques. Onudi. 8. Sciences, technologie et développement endogène en Afrique : tendances, problèmes et perspectives. Castafrica II - Unesco - Juillet 1987 9. Conférence sur le développement de l'électronique dans les pays arabes CEN-Enie-Onudi, Sidi Bel-Abbès, janvier 1986.