«Les combattants étrangers d'Al-Qaîda seront mis à la disposition de leur pays d'origine». Cette affirmation du secrétaire d'Etat américain à la Défense, M.Rumsfeld, met les autorités algériennes dans une position inconfortable. Les observateurs estiment que parmi les taliban et les combattants d'Al-Qaîda, il doit y avoir entre 2000 et 3000 Algériens. Un premier groupe a déjà quitté l'Afghanistan dès le début des frappes américaines sur ce pays. La plupart, originaires de la région d'El-Oued, s'y sont réinstallés. Jusqu'à présent, les services de sécurité algériens n'ont pas inquiété ces enfants prodigues. La question qui se pose consiste à savoir quelles perspectives envisagent ces jeunes combattants, des guerriers par vocation, envoyés en Afghanistan par des partis politiques algériens et des personnalités d'obédience islamiste? Quand le petit groupe actuel sera rejoint par les milliers d'autres irréductibles, défaits par l'Amérique et l'Alliance du Nord, ne rêvant plus que d'en découdre avec les «apostats» de tout bord, quelle sera la donne sécuritaire? L'autre question de la déclaration de Rumsfeld concerne la réaction des autorités algériennes: vont-elles considérer ces guerriers comme des citoyens qui reviennent au pays, du moins ceux contre lesquels il n'y a aucune charge pénale ou alors, seront-ils ignorés, livrés au sort des vaincus, sachant que l'Alliance du Nord a déjà procédé à des exécutions sommaires des combattants étrangers faits prisonniers? En tout état de cause, les Etats-Unis ont l'intention de les libérer. N'étant en odeur de sainteté dans aucun pays, ces combattants n'auront comme destination que l'Algérie. Leur pays. Ils reviendront même clandestinement. Qui les récupérera alors? Les GIA ou le Gspc? Iront-ils jusqu'à créer des phalanges «talibanes» locales? A moins que l'Algérie ne se dote d'ici à là - quelques jours, quelques semaines - d'une politique et d'une culture de paix. On verra alors ces guerriers accueillis et orientés vers des centres spécialisés, où des psychologues les aideront à se réinsérer dans leur tissu social d'origine, atténuant les traumatismes et les séquelles afghanes pour diluer leur agressivité. Ces jeunes, âgés au maximum de trente ans, sont les victimes autant de la mauvaise gestion du pays par ceux qui se sont imposés pour le gouverner, que de leurs idoles au profil d'illuminé type Ali Benhadj, ou d'islamiste par commodités comme Nahnah. L'erreur serait de les encadrer et de les lâcher dans les maquis pour combattre des GIA ou autres Gspc.