Le chirurgien égyptien reconverti en théoricien de l'islamisme reconnaît la responsabilité d'Al Qaîda. Plus de deux mois après les faits, le numéro deux d'Al Qaîda, Ayman Al-Zawahiri, reconnaît explicitement la responsabilité de la nébuleuse islamique dans les attentats de Londres de juillet qui ont fait 52 morts dans une vidéo diffusée dans la soirée de lundi par la chaîne qatarie Al-Jazeera. Face au silence radio qu'observe l'ennemi public numéro 1 des Etats-Unis et responsable de l'organisation Al Qaîda, Oussama Ben Laden, son lieutenant, le chirurgien égyptien, Ayman Al-Zawahiri, devenu le véritable théoricien du fondamentalisme islamique, assume en outre la fonction de porte-parole d'Al Qaîda en ayant signé les communiqués les plus durs de la nébuleuse islamique, qui menace, notamment, l'Occident de nouvelles «représailles». Dans la vidéo diffusée par Al-Jazeera, Al-Zawahiri qui fait l'éloge des kamikazes qui avaient «donné de grandes leçons à la nation musulmane en général et en particulier au musulmans au Pakistan», -allusion au fait que quatre des kamikazes de Londres étaient d'origine pakistanaise-, revendique explicitement, pour la première fois, les attentats de Londres du 7 juillet dernier, en indiquant « la conquête bénie de Londres est l'une des conquêtes qu'Al Qaîda a eu l'honneur de lancer contre l'arrogante Grande-Bretagne croisée ». Dans une précédente vidéo, diffusée par le même canal d'Al-Jazeera, le 1er septembre dernier, Al-Zawahiri, sans revendiquer l'attaque contre Londres, l'avait justifiée en affirmant que «les terres et les intérêts des pays qui prennent part à l'agression contre la Palestine, l'Irak et l'Afghanistan sont des cibles pour nous», indiquant que les attentats de Londres ont été une « gifle » pour la Grande-Bretagne et singulièrement pour son Premier ministre Tony Blair, dont il fustigea la politique, notamment en Irak. Dans sa dernière vidéo, revenant sur les attentats de Londres, Al-Zawahiri affirme que ceux-ci constituaient une «riposte» aux «agressions britanniques croisées à l'égard de la nation musulmane depuis plus de 100 ans, au crime historique britannique de la création d'Israël et aux crimes britanniques continus contre les musulmans en Afghanistan et en Irak». A propos de l'Afghanistan, où se sont déroulées dimanche dernier les premières élections depuis plus de trois décennies, Al-Zawahiri raille, -dans la vidéo sus-citée ci dessus-, ce qu'il a estimé être une «mascarade» indiquant que «les élections ont été une mascarade, plusieurs régions du pays étant sous contrôle de bandits de grand chemin et de seigneurs de la guerre, et sachant que les observateurs internationaux (...) ne peuvent pas couvrir plus d'un dixième des districts (électoraux)», relevant que «les Nations unies n'ont rien vu, mis à part quelques élections fictives dans certaines villes, et ceci est un exemple des mensonges des Nations unies et de ce soi-disant symbole de la légitimité internationale». Ironisant sur la pacification de l'Afghanistan, Al-Zawahiri relève par ailleurs, que les urnes «ont besoin de 15 jours pour être transportées et cela a eu lieu sous le contrôle des seigneurs de la guerre, des bandits de grands chemins et des forces d'occupation». Le numéro deux d'Al Qaîda indique d'autre part:«Qu'ont-ils (les alliés conduits par les Américains) réussi en Afghanistan? Ils ont expulsé les talibans de Kaboul, qui ont donc pris position dans les villages et les montagnes où se trouve le vrai pouvoir en Afghanistan» et d'affirmer «ainsi, le nord de l'Afghanistan et Kaboul sont devenus une zone de chaos, de vol, de violations et de trafic de drogue qui s'est étendu et a prospéré sous l'occupation américaine». De fait, la situation reste confuse en Afghanistan où a été observé, ces dernières semaines, un retour au premier plan des talibans et, avec eux, la violence qui frappe, de nouveau, aveuglement la population mettant en lumière les difficultés que trouve la force de sécurité internationale en Afghanistan (Isaf) à sécuriser le pays. Cette sécurité est d'autant plus aléatoire que le leader d'Al Qaîda, Oussama Ben Laden, semble avoir disparu corps et biens, dans les montagnes de Bora Bora -entre les frontières de l'Afghanistan et du Pakistan- alors que les recherches des Américains, aidés par le Pakistan, afin de localiser le chef de la nébuleuse islamique, sont demeurées vaines jusqu'ici, après plus de quatre ans de traque. De fait, la dernière trace de l'homme le plus recherché dans le monde remonte à plus de deux ans. Depuis rien, c'est le silence radio. Les autorités pakistanaises estiment toutefois que le «silence» de Ben Laden est un «succès» indiquant «au Pakistan, Al Qaîda est en débandade», affirme un haut responsable pakistanais de la lutte antiterroriste qui assure «Ben Laden n'est plus opérationnel. Il n'est plus en contact avec ses troupes, il ne dirige plus aucune opération, il est complètement isolé». Certes! Mais Al Qaîda qui a trouvé en Ayman Al-Zawahiri un parfait ‘'intérimaire'' continue à planifier ses grandes et petites opérations à travers le monde, comme en témoignent les récents attentats en Europe et la série d'attaques meurtrières qui ensanglantent l'Irak. De fait, les derniers communiqués d'Al-Zawahiri, d'Al-Zarqaoui ou encore de «la section d'Al Qaîda en Europe» administrent la preuve que la nébuleuse islamique pouvait se passer d'un chef en titre, devenant même plus dangereuse par l'apparent éparpillement de ses centres de décision.