Inédit. Rien ne va plus entre le président français, Emmanuel Macron et le chef d'état-major des armées (françaises), le général Pierre de Villiers. Pour avoir programmé une réduction du budget militaire pour 2017, le chef de l'Etat français a eu droit à des remarques désobligeantes, vulgaires pour être plus précis, de la part du chef d'état-major des armées. Une telle réaction aussi vive qu'inédite, est difficilement justifiable. Pour la bonne raison que le président français a dans son programme relevé le budget de l'armée dès 2018. Donc l'effort demandé est de courte durée. Jeudi dernier, le président Macron n'a pas caché sa colère pour répondre au général: «Je considère, pour ma part, qu'il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique. J'ai pris des engagements. Je suis votre chef (militaire Ndlr)... Et je n'ai à cet égard besoin de nulle pression.» Devant ce qu'il faut considérer comme un clash, le général de Villiers a menacé de démissionner. Cependant, il était toujours présent, hier matin, aux côtés du président de la République lors du défilé sur les Champs-Elysées. Selon certaines informations, le chef d'état-major n'est pas seul dans cette contestation. Des militaires, ainsi que des hommes politiques le soutiennent, dans son opposition au chef de l'Etat. C'est pourquoi, sa démission n'a aucun sens du fait qu'il sera, de l'avis de la majorité des observateurs, relevé incessamment de ses fonctions par le président de la République, chef des armées. La décision est attendue dans les heures ou les jours prochains. C'est la première fois qu'un officier supérieur, chef d'état-major des armées de surcroît, s'oppose ouvertement et publiquement, avec des termes «au-dessous de la ceinture», au président de la République française. Mais qui est Pierre de Villiers? C'est le frère de Philippe de Villiers, un homme politique français très connu pour ses positions contre l'islam et les musulmans. Il est l'auteur du livre très controversé «Les mosquées de Roissy». C'est également un eurosceptique parmi les plus acharnés. Philippe, son jeune frère dont il est question aujourd'hui est un militaire. Donc aux positions politiques non déclarées. Sauf qu'après avoir servi en Afghanistan, il est nommé, en 2008, chef de cabinet militaire du Premier ministre de Sarkozy, François Fillon. Lorsqu'ils se sont rencontrés, hier matin, pour défiler ensemble, la poignée de main entre les deux hommes était, de l'avis général, plutôt glaciale. Les médias français ont été cette fois exemplaires de retenue. Ils nous avaient habitués à traiter différemment les «altercations» entre les militaires et les hommes politiques. Ils ne se privaient pas d'utiliser des mots très forts du style «rébellion», «les généraux contre le pouvoir civil», «coup d'Etat en vue», etc. Mais là, il s'agit de la France. Quant à nous, pays étranger ou pas, nous restons mesurés. Aujourd'hui comme hier!