Moscou «réfléchit toujours à une mesure» de réciprocité rare et codifiée Dpuis 2014, le chef de l'organisation terroriste a alimenté maintes et maintes rumeurs sur sa mort éventuelle, jamais confirmée par les canaux de propagande de Daesh. Comme il lui est également arrivé de disparaître pendant des mois, donnant lieu à des analyses plus ou moins farfelues. Depuis la fin mai, au lendemain d'une frappe de l'aviation engagée aux côtés de l'armée syrienne à Raqqa, la Russie a veillé pendant plusieurs semaines à récolter le maximum d'informations, dont bon nombre étaient «contradictoires», avant d'annoncer au conditionnel, le 22 juin dernier, que le chef de Daesh, Abou Bakr al Baghdadi aurait succombé à cette attaque. Voici quelques jours, c'était au tour de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh), une association basée à Londres depuis le début du conflit syrien, de «confirmer» la nouvelle, sur la base d'autres informations divulguées tour à tour par le groupe terroriste lui-même ainsi que par deux télévisions irakienne (Al Sumaria) et iranienne (Irib). La confirmation sans preuve formelle a immédiatement suscité un commentaire de l'armée américaine, lundi dernier, Washington invitant à la prudence en ajoutant son grain de sel quant à l'absence de «preuves irréfutables» permettant d'être affirmatifs, voire même catégoriques sur la mort effective du redoutable leader du groupe Etat islamique. Pour les Etats-Unis, il est donc aussi hasardeux de dire qu'Al Baghdadi est mort que de dire qu'il ne l'est pas, attitude d'une logique rigoureuse car les Etats-Unis ont pour habitude de n'être «sûrs» que des seules morts qu'ils ont eux-mêmes causées!Cet avertissement était donc prévisible car l'Osdh, bien qu'il se targue d'avoir un vaste réseau de sources à travers la Syrie avait précisé qu'il ignore le lieu, la date et les circonstances de la mort d'Abou Bakr al Baghdadi. Ainsi, le communiqué de l'armée russe en date du 22 juin a bien nourri toutes les autres sources d'information, même s'il convient de souligner que la télévision iranienne Irib avait, quant à elle, diffusé vendredi dernier deux photos d'un cadavre dont la «ressemblance» avec Al Baghdadi semblait évidente. Il faut dire que, depuis 2014, le chef de l'organisation terroriste a alimenté maintes et maintes rumeurs sur sa mort éventuelle, jamais confirmée par les canaux de propagande de Daesh. Comme il lui est également arrivé de disparaître pendant des mois, donnant lieu à des analyses et des interprétations plus ou moins farfelues. Son dernier enregistrement audio à l'adresse de ses forces combattantes remonte à novembre 2016, quelques jours à peine après le début de l'offensive de l'armée irakienne à Mossoul, et dans lequel il appelait chaque combattant à lutter «jusqu'au martyre». Compte tenu du fait que les relations russo-américaines suivent le mouvement du yoyo, et malgré le fait que la rencontre Poutine-Trump lors du G20 à Hambourg, la semaine dernière, ont abouti à un accord sur une zone de désescalade dans la région de Raqqa où la coalition internationale soutient les FDS (Forces démocratiques syriennes composées d'Arabes sunnites et de Kurdes), un nouvel épisode a commencé hier avec l'exigence de Moscou qui entend «récupérer» deux propriétés diplomatiques «confisquées» par l'administration Obama en décembre 2016, au plus fort de la crise qui a vu l'expulsion de 35 diplomates russes sous l'accusation d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine.Une accusation qui n'a pas fini d'empoisonner les relations entre les deux superpuissances et de clouer au pilori le nouveau locataire de la Maison- Blanche, le président Donaled Trump et sa garde rapprochée, puisque son propre fils vient d'être confondu au sujet d'une rencontre sujette à caution avec une avocate russe proposant des informations «confidentielles» sur sa rivale démocrate Hillary Clinton à la présidentielle de novembre 2016.»Nous estimons inacceptable d'instaurer des conditions au retour de nos résidences diplomatiques. Nous considérons qu'elles doivent nous être rendues sans conditions ni discussions», a ainsi déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la veille d'une rencontre à Washington entre le vice-ministre russe des Affaires étrangères SergueI Riabkov et le numéro trois du département d'Etat Thomas Shannon, une rencontre initiale à Saint Pétersbourg en juin dernier ayant été annulée à cause des nouvelles sanctions prises dans le cadre du dossier ukrainien. Selon Peskov, Poutine avait déjà formulé cette exigence devant Trump, durant le G20, appelant les Américains à «faire preuve de sagesse et de volonté politique» tout en avertissant que Moscou est en train d' «étudier» des ripostes éventuelles à l'expulsion de ses 35 diplomates.