Enfin arrivé dans la capitale catalane, Ousmane Dembélé franchit une étape de plus dans son fulgurant parcours, moins de 18 mois après un triplé avec Rennes qui l'avait révélé. Présenté avant-hier à Barcelone, l'ancien Rennais passé par Dortmund a mis l'Europe à ses pieds en deux saisons. A seulement 20 ans. Sylvain Armand avait vu juste. Le 2 avril 2016, au sortir d'une victoire face à Reims (3-1), l'ancien Rennais avait couvert d'éloges Ousmane Dembélé, auteur d'un doublé ce jour-là. «En 500 matchs, j'ai vu beaucoup de jeunes talents qui se sont vite effondrés, lui semble garder la tête froide, il a une bonne carrière devant lui.» Présenté hier au Camp Nou, la nouvelle pépite des Blaugrana, recruté pour cinq ans, a-t-elle au moins eu le temps d'apprécier sa vertigineuse ascension? Car depuis l'hommage d'Armand, l'intéressé s'est largement émancipé, quittant la L1 pour se faire un nom en Bundesliga et sur la scène européenne avec Dortmund, le tout en un an et demi, avant de signer au Barça pour 105 millions d'euros (+ 42 millions d'euros de bonus maximum), soit le 2e transfert le plus élevé de l'histoire - la venue de Kylian Mbappé au PSG se faisant sous forme de prêt, le montant de son transfert ne sera comptabilisé que l'été prochain. À Rennes, il avait (déjà) boudé l'entraînement Et encore, il y a eu du retard à l'allumage, se souvient Philippe Montanier, qui l'a lancé dans l'élite. «On a perdu quatre ou cinq mois, rappelle l'ex-coach de Rennes. Car il était allé au bras de fer avec le club et il avait été mis hors circuit des pros.» La faute à la drague appuyée du Red Bull Salzbourg, qui avait déployé l'artillerie lourde pour embarquer le gamin d'à peine 18 ans dans un jet privé affrété tout spécialement pour lui. La manoeuvre avait, à l'époque, ulcéré René Ruello, le patron du Stade Rennais et, au final, Dembélé n'avait pas décollé. Il en avait nourri une vive amertume, refusant (déjà!) d'accompagner ses partenaires dans leur stage de préparation estivale. La sanction suivra: retour en équipe réserve pendant que la L1 démarre sans lui. «Ntep et Doucouré étaient blessés, je n'avais plus d'attaquant, tous les feux étaient au vert pour lui!» regrette Montanier. Il faudra donc attendre la 13e journée, le 5 novembre 2015, pour voir le prodige effectuer ses premiers pas en L1, face au SCO d'Angers. Titularisé la journée suivante, il ouvre son compteur but contre Bordeaux (2-2) dans un Roazhon Park déjà conquis, avant, dans la foulée, d'offrir son premier caviar à Kamil Grosicki à Reims (2-2). La machine est lancée, elle ne s'arrêtera qu'au baisser de rideau, mi-mai, sur des statistiques étourdissantes: 12 buts et 5 passes décisives. Au coeur de cette fulgurance, en mars 2016, le FC Nantes a explosé dans un derby remporté 4-1 par Rennes, avec un triplé de Dembélé. «Il avait fait le match à lui tout seul, il était en apothéose!» rembobine le milieu des Canaris Adrien Thomasson. «Le jeu à la Neymar» Pas étonnant pour l'ancien directeur du centre de formation de Rennes, Patrick Rampillon. Débarqué à 13 ans en Ille-et-Vilaine, l'ancien pensionnaire avait déjà, tout jeune, cette faculté à faire la différence. «Il rassemblait les critères que je recherche: la technique et l'intelligence avec le ballon, et la fiabilité car il savait quoi faire avec les autres.» Une ultime qualité que Montanier a vite constatée: «Il a cette capacité à se mettre au service du collectif, il a vraiment le profil Barça, chez lui, on retrouve le jeu à la Neymar.» Pour s'installer au coeur d'une attaque catalane orpheline de la star brésilienne, Dembélé, arrivé dimanche en Catalogne, pourra en tout cas s'appuyer sur son aisance des deux pieds... à condition de soigner leur présentation, en rigole aujourd'hui Maxwel Cornet, qui a fait chambre commune avec lui chez les Bleuets: «Il va réussir à s'imposer là-bas, mais il porte des chaussettes trouées, il faut lui dire de les changer, il est au Barça maintenant!». Message transmis.