Kim Jong-Un a ordonné de nouveaux essais nucléaires Face au nouveau défi lancé par Pyongyang, Séoul et Washington ont annoncé le déploiement davantage en Corée du Sud de lance-missiles Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense), un bouclier américain qui provoque la fureur de Pékin. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait hier en urgence pour s'accorder sur une réponse au sixième essai nucléaire nord-coréen, au moment où les appels pour une nouvelle série de sanctions se multiplient. La rencontre, qui a débuté peu après 10h00 à New York, intervient dans un climat particulièrement tendu après le test d'une bombe à hydrogène d'une puissance sans précédent et alors que le régime de Kim Jung-Un semble se préparer un nouveau tir de missile balistique. La bombe avait une puissance estimée à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le précédent test nord-coréen et plus de trois fois plus que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima en 1945, selon des responsables sud-coréens. Le Japon a déjà réclamé de nouvelles sanctions contre le régime qui a déjà fait l'objet d'une série de sept trains de mesures punitives. L'ONU a besoin d'»unité», a souligné son ambassadeur Koro Bessho peu avant le début de la rencontre, espérant que Moscou et Pékin soient coopératifs. «Nous ne pouvons plus perdre de temps», a ajouté le diplomate dont le pays avait été survolé mardi dernier par un missile nord-coréen de moyenne portée. En écho, l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, a appelé à un message clair, soulignant que la menace était passée «de régionale à globale». Face au nouveau défi à la communauté internationale lancé par Pyongyang, Séoul et Washington ont annoncé le déploiement davantage en Corée du Sud de lance-missiles Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense), le bouclier américain qui provoque la fureur de Pékin. Les Etats-Unis ont menacé dimanche le Nord d'une «réponse militaire massive» au cas où il menacerait leur territoire ou celui de leurs alliés. Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a cependant souligné que Washington ne recherchait pas «l'anéantissement total» du pays reclus.Ce sixième essai nucléaire est un nouveau défi au président américain Donald Trump, alors que le Nord a réussi en juillet deux tirs de missiles balistiques intercontinentaux (Icbm) qui ont semblé mettre une bonne partie du continent américain à sa portée. Le Nord menace aussi d'envoyer des missiles près du territoire américain de Guam, dans le Pacifique. Des signes que le Nord «prépare un nouveau tir de missile balistique sont détectés avec constance depuis le test de dimanche», a averti le ministère sud-coréen de la Défense, estimant qu'il pourrait s'agir d'un Icbm qui serait lancé dans le Pacifique afin de faire monter encore la pression sur Washington. M. Trump s'est entretenu pour la seconde fois du weekend avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, mais n'a pas parlé au président sud-coréen Moon Jae-In, auquel il a reproché, dans un tweet de mener avec son voisin du Nord une politique «d'apaisement» vouée à l'échec. A Séoul, les craintes sont vives quant à la solidité d'une relation vieille de plusieurs dizaines d'années. M. Moon, qui prône une forme de dialogue avec le Nord parallèlement à des sanctions pour le contraindre à négocier, a demandé aux Nations unies d'adopter de nouvelles sanctions pour «isoler complètement» le pays. Pékin, le principal allié de Pyongyang, a annoncé avoir protesté officiellement auprès de l'ambassade de Corée du Nord. Moscou a appelé au dialogue tout en critiquant les Etats-Unis, qui ne parlent que le «langage des sanctions». Dimanche, Donald Trump est allé jusqu'à menacer d'arrêter «tous les échanges commerciaux» avec «tout pays faisant des affaires avec la Corée du Nord». De telles mesures auraient des conséquences pour la Chine qui absorbe environ 90% des exportations nord-coréennes. Mais les répercussions sur les Etats-Unis seraient également dramatiques car la Chine est leur partenaire économique central. Pékin a en tout cas réagi très froidement à cette suggestion. «Ce qui est absolument inacceptable de notre point de vue, c'est que d'un côté nous travaillons dur pour résoudre» la question «de façon pacifique, et de l'autre, nous voyons nos intérêts compromis et sanctionnés», a affirmé un porte-parole de la diplomatie chinoise. Les sismologues américains ont mesuré une secousse d'une magnitude de 6,3 près du principal site d'essais nucléaires nord-coréens. Elle a été ressentie dans certaines parties de la Chine et de la Russie, et suivie d'une réplique peut-être provoquée par un affaissement. D'après l'agence sud-coréenne Yonhap, qui cite les services de renseignements sud-coréens, ce test est le cinquième menée par le Nord dans le tunnel numéro 2 du site de Punggye-ri et il est «vraisemblable qu'il se soit effondré». Cela n'a pas empêché le Nord, qui justifie ses programmes nucléaire et balistique par la nécessité de se protéger des Etats-Unis, de se féliciter d'une «réussite parfaite». Quelques heures avant l'essai, le régime avait publié des photos montrant son dirigeant Kim Jong-Un en train d'inspecter un engin présenté comme une «bombe thermonucléaire à superpuissance explosive».