Pyongyang a procédé vendredi à un nouveau tir expérimental de missile balistique intercontinental, susceptible d'atteindre les Etats-Unis, déclenchant la condamnation de la Maison-Blanche et une réprimande de Pékin. «Tout le territoire américain est à notre portée», s'est félicité Kim Jong-un, après le nouveau tir de missile balistique qui a fini sa course vendredi en mer du Japon. L'agence de presse officielle KCNA a assuré, hier, que le tir de l'ICBM avait été une réussite, supervisé en personne par le leader communiste nord-coréen. Ce lancement par Pyongyang survient après le premier test réussi le 4 juillet, jour de la fête d'indépendance des Etats-Unis, d'un premier missile balistique intercontinental susceptible d'atteindre le nord-ouest des Etats-Unis, en particulier l'Alaska. Washington, Tokyo, Séoul, l'UE et Paris ont immédiatement condamné le second tir en un mois par Pyongyang d'un missile balistique intercontinental. Donald Trump a affirmé de son côté que «les Etats-Unis prendront les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du territoire national américain et pour protéger nos alliés de la région». La Chine a condamné, hier, le tir nord-coréen, soulignant qu'elle «s'oppose aux violations par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU». Dans le même temps, Pékin «espère que toutes les parties concernées feront preuve de prudence et éviteront d'intensifier les tensions». Peu après, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a lui estimé qu'«en tant que soutiens économiques du programme nucléaire balistique de la Corée du Nord, la Chine et la Russie portent une unique et spéciale responsabilité dans l'augmentation de la menace pour la stabilité régionale et globale». En réaction, les Etats-Unis et la Corée du Sud mènent un exercice militaire en utilisant des missiles tactiques (ATACMS) sol-sol américains et des missiles balistiques sud-coréens Hyunmoo II, a indiqué vendredi soir l'armée de terre américaine. L'exercice conjoint s'est déroulé tôt hier matin, heure de Séoul, peu après l'annonce par le Pentagone que les chefs militaires américains et sud-coréens avaient discuté d'«options de réaction militaire». Le Pentagone prépare depuis longtemps l'éventualité d'un conflit avec la Corée du Nord, mais le langage tranchant utilisé marque une évolution par rapport aux précédentes réactions publiques ayant suivi des essais de missiles. Auparavant, il s'agissait de critiquer les tirs, mais sans mentionner d'options militaires de représailles. La stratégie US n'a pas porté ses fruits Quelques heures après le tir, Donald Trump avait prévenu que les essais nord-coréens constituaient une action «imprudente et dangereuse» qui allait «isoler davantage» la Corée du Nord. «Les Etats-Unis condamnent ce test et rejettent les affirmations du régime selon lesquelles ces essais (et ces armes) assurent la sécurité de la Corée du Nord. En réalité, ils produisent l'effet inverse», a indiqué le président des Etats-Unis dans un communiqué. «En menaçant le monde, ces armes et ces essais isolent davantage la Corée du Nord, affaiblissent son économie et appauvrissent sa population», a poursuivi Donald Trump. Jusqu'ici, la stratégie des Etats-Unis - qu'il s'agisse de l'administration de Donald Trump ou de celle de Barack Obama - n'a pas porté ses fruits: malgré un renforcement des sanctions internationales à l'ONU et des pressions sur la Chine, principale alliée de la Corée du Nord, le régime du dirigeant Kim Jong-un a poursuivi ses programmes militaires balistique et nucléaire. De son côté, la Corée du Sud a annoncé qu'elle allait accélérer le déploiement du bouclier antimissiles américain. L'armée américaine déploiera également dans la péninsule coréenne et ses alentours des «équipements stratégiques», a ajouté devant la presse le ministre sud-coréen de la Défense, Song Young-Moo, sans autre précision. Séoul avait gelé début juin le déploiement du système américain Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) après une virulente campagne de la Chine, invoquant la nécessité d'une nouvelle évaluation de son impact environnemental. Il s'agissait selon les analystes d'une manœuvre du nouveau président de centre gauche, Moon Jae-In, pour se distancier des décisions de l'ex-chef de l'Etat conservatrice destituée, Park Geun-Hye, qui avait donné son feu vert au déploiement du Thaad à l'été 2016.