La chancelière allemande Angela Merkel a salué jeudi les propositions pour l'Europe du président français Emmanuel Macron à l'occasion d'un dîner «informel» sur le sujet organisé à Tallinn entre les dirigeants européens. «Je vois (...) dans le discours du président une bonne base afin de continuer à travailler de façon intensive entre l'Allemagne et la France», a-t-elle déclaré, estimant qu'il existait «un large consensus» entre les deux pays sur les réformes à mener dans l'UE. Mme Merkel réagissait pour la première fois au discours prononcé mardi par le président français en faveur d'une Europe «à plusieurs vitesses», autour d'un couple franco-allemand consolidé. «Nous devons naturellement parler encore des détails, mais je suis fermement convaincue que l'Europe ne peut pas en rester là» et «qu'elle doit encore se développer à l'avenir», a-t-elle souligné. Les deux dirigeants se sont entretenus en tête-à-tête pendant une demi-heure jeudi soir, en anglais, sans entrer dans les détails des propositions françaises, selon l'Elysée, notamment celles sur la zone euro, les plus sensibles pour Berlin. Le Français aimerait créer un gouvernement économique de la zone euro, avec un ministre et un budget propres, contrôlés par un parlement. Mais après une difficile victoire aux législatives de dimanche, Mme Merkel n'a d'autre choix que de trouver un accord pour gouverner avec les Libéraux du FDP, opposés aux idées de Paris sur la question. «Je vois de façon positive les initiatives en direction d'une Europe de la Défense et aussi d'une Europe dans laquelle nous gérons ensemble la question de la politique migratoire», a préféré insister la chancelière allemande. Mme Merkel et M. Macron ont ensuite participé à un dîner «informel» avec leurs homologues européens sur l'avenir de l'Europe, organisé à la veille d'un sommet spécifiquement consacré au numérique. Selon un diplomate européen, le discours de M. Macron devait constituer «le point de référence pour les contributions des autres» au cours de ce repas dans le château de Kadriorg, une ancienne résidence d'été des tsars russes devenue un musée. A ses côtés, l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, à l'exception de l'Espagnol Mariano Rajoy resté à Madrid à trois jours d'un référendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne. A l'issue de trois heures de discussions, les dirigeants européens ont réaffirmé leur «volonté forte et partagée de maintenir l'unité» de l'UE, notamment après le traumatisme du Brexit, se disant par ailleurs «ouverts» aux «nouvelles idées» sur l'Europe, selon une source européenne. Avant le début du dîner, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, souvent très directe, a cependant appelé sur Twitter à «éviter les mirages dans le désert». Outre le discours de M. Macron, celui sur l'état de l'Union prononcé mi-septembre par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker était également au menu. De fait, la vision de M. Juncker, plutôt favorable à une Europe soudée avançant à 27, semble en décalage avec la proposition française d'une UE «à plusieurs vitesses». La Première ministre britannique Theresa May a elle aussi participé au dîner, alors que le Royaume-Uni - sur la voie du divorce avec l'Union - n'avait pas été convié aux précédentes rencontres informelles sur l'avenir de l'UE en Slovaquie, à Malte et en Italie. Mme May a rencontré ses homologues européens quelques heures à peine après la conclusion d'un nouveau round de négociations sur le Brexit à Bruxelles, à l'issue duquel les négociateurs ont estimé que «des pas en avant décisifs» mais pas suffisants avaient été accomplis.