Le chef du Haut Commissariat des Nations unies (HCR) pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé à davantage d'efforts de la communauté internationale pour prévenir et résoudre les conflits qui ont généré des millions de réfugiés et déplacés internes dans le monde. Le Haut commissaire a ainsi exhorté de mettre l'accent sur la protection des millions de réfugiés et de personnes déplacées internes, «dans un monde en transformation rapide», s'exprimant à l'ouverture lundi à Genève de la 68e session du Comité exécutif de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il a d'ailleurs déploré que la question des réfugiés soit «de plus en plus instrumentalisée à des fins politiques». «La coopération internationale a laissé la place à des réponses fragmentées, qui se traduisent par des mesures restrictives en matière d'asile et d'immigration, même dans des pays qui ont une longue histoire d'exil et de migration et une tradition d'accueil», a-t-il noté tout en mettant cette évolution sur le compte d'une «xénophobie croissante». A cet égard, il indique avoir constaté que «les conditions de protection se dégradent dans de nombreuses régions du monde, y compris dans les pays industrialisés - en Europe, aux Etats-Unis, en Australie». Filippo Grandi a relevé que près de 1,2 million de réfugiés attendent une relocalisation dans un pays tiers. Or le nombre d'offres a chuté de 43% par rapport à l'année dernière, avec moins de 100 000 places disponibles. Pourtant sur le terrain, avec la multiplication des conflits et des crises humanitaires, l'afflux des réfugiés et des déplacés internes ne faiblit pas. Parmi les deux millions de personnes ayant fui cette année les persécutions dans leur pays, le HCR souligne que parmi eux, figurent 650 000 Soudanais du Sud ayant fui les combats et quelque 500 000 membres de la minorité musulmane Rohingyas qui se sont réfugiés au Bangladesh pour échapper aux exactions ou pour fuir les violences dans l'Etat de Rakhine. «Des réfugiés qui arrivent souvent malades, traumatisés et affamés dans des régions frontalières isolées, dans des communautés souffrant de la pauvreté et du sous-développement. Beaucoup d'entre eux ont un besoin urgent d'être protégés - les enfants séparés de leur famille, les hommes, femmes, filles et garçons exposés aux violences sexuelle», a ainsi précisé M. Grandi. L'an dernier, le HCR prenait en charge quelque 17,2 millions de réfugiés dans le monde, auxquels s'ajoutaient cinq millions de réfugiés palestiniens aidés par une autre agence de l'ONU, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa).