Un documentaire sahraoui de 17 minutes intitulé «Three stolen cameras soon» (Trois caméras volées) qui devait participer au 17e Festival international du film de Beyrouth (Fifb), qui s'est ouvert hier 4 octobre, aurait été interdit par le ministère de l'Intérieur libanais suite à une intervention du Makhzen. Le documentaire qui dérange visiblement les autorités marocaines, montre comment un groupe de Saharouis spécialisé dans l'audiovisuel tente de garder ses caméras et faire face à la censure marocaine, dans les territoires occupés sahraouis. Le documentaire qui a été encadré par des techniciens suédois, montre notamment des images volées de la répression des autorités marocaines contre les manifestants dans les villes sahraouies occupées. Dès l'annonce de sa sélection dans cet important festival au Liban, les services diplomatiques marocains ont actionné tous leurs relais au Liban pour essayer de censurer ce documentaire qui ne dépasse pourtant pas les 17mn. Ils sont même allés jusqu'à écrire dans certains médias que les membres de la délégation sahraouie qui est venue représenter leur film à Beyrouth sont passés avec des passeports algériens. Comment voulez-vous qu'ils rentrent au Liban avec des passeports marocains? L'Algérie a toujours été la Mecque des pays opprimés et colonisés. L'Algérie a offert des passeports pour les résistants palestiniens, boliviens, cubains et même sahraouis. Il est donc naturel que l'Algérie apporte son soutien pour la dernière colonie dans le monde. Mis à part deux ou trois médias électroniques marocains, aucun média libanais ou même les producteurs du doc n'ont annoncé que le film a été interdit. Attendons pour voir. Mais pour l'essentiel, il est toujours important de voir ces films qui commentent une région restée sous embargo médiatique. Le bureau d'Al Jazeera à Rabat a été fermé parce que les journalistes marocains avaient osé faire un sujet sur les manifestations sahraouies dans les territoires occupés par le Maroc depuis 1975. Le Maroc n'avait pas réussi à interdire le documentaire du Belge Vanderweerd «territoire perdu» ou le dernier documentaire de Javier Berdem «La dernière colonie» ou encore le dernier documentaire de Ian Lara sur un groupe de rap sahraoui. Autant de films qui ont été réalisés pour dénoncer la colonisation d'un territoire que les Nations Unies ont jugé appartenant au peuple sahraoui et qui avait appelé à référendum. Depuis quelques années, le cinéma et les documentaires en particulier ont constitué une arme médiatique très pertinente pour lutter contre la désinformation marocaine et surtout contre le déni de l'oubli et de l'effacement de la mémoire. [email protected]