Une vue du Conseil des ministres Hier, le président paraissait serein. Pas de signes d'alerte poussant au désespoir comme l'ont crié certains milieux affolés par les dernières décisions annoncées par le Premier ministre. Présidant, hier, un Conseil des ministres, le deuxième qu'il enchaîne en moins d'un mois, le président Bouteflika a instruit son Premier ministre Ahmed Ouyahia de faire preuve de dynamisme, notamment au plan économique pour répondre aux attentes des citoyens. «Le président Abdelaziz Bouteflika a insisté sur le dynamisme dont devra faire preuve le gouvernement pour traduire son plan d'action en résultats concrets continus autant pour répondre aux attentes sociales de notre peuple, mais aussi pour accroître la croissance, la création d'emplois et la diversification de l'économie nationale» est-il noté dans le communiqué sanctionnant les travaux de ce Conseil des ministres qui a adopté le projet de loi de finances 2018. Ainsi, le président Bouteflika terminera l'année en cours par la tenue d'un quatrième Conseil des ministres devant être consacré à la signature de la loi de finances 2018 en décembre prochain. Le président est donc bien au gouvernail. C'est aussi sa manière de répondre à ses détracteurs. Hier, le président paraissait serein. Pas de signes d'alerte poussant au désespoir comme l'ont crié certains milieux affolés par les dernières décisions annoncées par le Premier ministre dont celle du recours au financement non conventionnel. Bouteflika reconnaît certes que la situation économique que traverse le pays est difficile, mais on ne désarme pas pour autant. Se référant à l'augmentation substantielle du budget d'équipement pour 2018, le chef de l'Etat a relevé que «cette situation dictée par des circonstances objectives devra être une exception», et que l'acheminement graduel vers l'équilibre des finances publiques devra être reflété dès l'année prochaine, à travers une baisse du budget de l'Etat qui sera inscrite dans le projet de loi de finances pour 2019. Deux volets se dégagent de ce projet de loi de finances 2018 adopté hier. Le premier est d'ordre législatif. Dans ce chapitre, plusieurs mesures nouvelles de modernisation de la législation fiscale et d'adaptation de son contenu aux réalités financières ont été introduites. Il s'agit notamment de l'instauration d'un impôt sur la fortune. A cela s'ajoutent plusieurs dispositions en faveur des citoyens parmi lesquelles, la bonification intégrale par l'Etat, des crédits bancaires levés par l'Aadl pour financer la réalisation de 120.000 logements de location-vente, ainsi que le rétablissement de la subvention au prix de l'orge fourni aux éleveurs pour l'alimentation du bétail. Le second chapitre concerne l'aspect budgétaire. Le projet affiche 6521 milliards DA en recettes et près de 8628 milliards DA en dépenses. Le déficit global du Trésor s'élèvera ainsi à près de 9% du Produit intérieur brut contre plus de 14% pour l'exercice 2016. De plus, ce déficit budgétaire doit être appréhendé dans le cadre d'une double réalité. En premier lieu, il s'agit de la volonté des pouvoirs publics d'entamer dès cette année, le retour à l'équilibre budgétaire dans moins de cinq années, volonté qui se reflète notamment au niveau du budget de fonctionnement qui s'élèvera à 4584 milliards DA, en baisse de 7 milliards DA par rapport à l'exercice en cours. En second lieu, il s'agit de la nécessité de lever le gel sur des réalisations socio-éducatives mises à l'arrêt du fait de difficultés de trésorerie, ainsi de la nécessité pour l'Etat de procéder au règlement des dettes qu'il a accumulées pour les mêmes motifs, envers les entreprises contractantes pour des réalisations ou des fournitures de biens et de services. Ces réalités ont pour conséquence une hausse exceptionnelle du budget d'équipement proposé pour 2018. Les allocations prévues pour le budget d'équipement couvrent notamment la relance des projets gelés dans les secteurs de l'Education nationale, de la santé, et des ressources en eau, ainsi qu'un effort plus soutenu en direction du développement local. Une fleur pour l'Ugta et le patronat Dans son intervention, le président de la République n'a pas manqué de faire une fleur à la Centrale syndicale et au patronat. Bouteflika s'est en effet, félicité de la mobilisation des travailleurs à travers l'Ugta ainsi que du patronat public et privé pour concourir efficacement à l'intensification du processus national de développement, un effort qui est plus que jamais indispensable pour que l'Algérie transforme ses difficultés financières actuelles en motif de nouveau sursaut national vers plus de progrès économique et social.