Les banques et les intermédiaires financiers seront autorisés à conclure entre eux et avec leur clientèle, des transactions d'achat et de devises contre dinar. La Banque centrale «décentralise», mais sans omettre de fixer des garde-fous. Parmi les mesures qui ont modifié la loi sur la monnaie et le crédit c'est certainement celle qui a été la moins exposée sous les feux de la rampe. Le débat s'est exceptionnellement focalisé sur le recours à la planche à billets pour financer le déficit du Trésor public. Et pourtant. L'annonce faite par la Banque d'Algérie vaut le détour. C'est en effet une marche de plus qui vient d'être gravie pour se mettre au diapason. L'Algérie qui a pour objectif de diversifier son économie pour s'affranchir de son pétrole était dans l'obligation d'assouplir son système financier. Celui qui, principalement, régit les opérations de change. «Il faut rénover le régime des changes pour créer des comptes non-résidents attractifs. La réforme de la fiscalité pour réguler l'économie informelle (45% du PIB) ainsi que l'ouverture des entreprises publiques aux opérateurs privés sont nécessaires», avait préconisé Abderrahmane Benkhalfa, économiste et ex-ministre des Finances. Le premier pas vient apparemment d'être franchi. Un règlement de la Banque d'Algérie relatif au marché interbancaire des changes et aux instruments de couverture du risque de change dans les opérations du commerce extérieur a été publié au Journal officiel no 55 indique une dépêche de l'APS datée d'hier. Le texte a été approuvé au mois de juillet 2017 par le Conseil de la monnaie et du crédit. Les banques et les établissements financiers, en tant qu'intermédiaires agréés, sont, désormais, autorisés à conclure entre eux et avec leur clientèle, des transactions d'achat et de devises contre dinar. Regardons cela de plus près. Que dit exactement le document? «Ces intermédiaires agréés sont autorisés à prendre des dépôts en devises de la clientèle et accorder à cette dernière des prêts en devises», souligne la même source qui précise qu' «ils peuvent aussi conclure entre eux, sur le marché interbancaire des changes, pour leur propre compte ou pour le compte de leur clientèle des transactions de change au comptant et à terme, ainsi que des opérations de trésorerie devises, et effectuer des opérations de change au comptant avec des banques non résidentes». Il y a cependant une exception: les opérations de change manuel ne sont pas permises. «La Banque d'Algérie laisse à la disposition des intermédiaires agréés certaines catégories de ressources en devises», stipule le texte qui pose toutefois une condition. Laquelle? «En contrepartie, ces intermédiaires doivent les utiliser pour assurer la liquidité du marché interbancaire ou la couverture des engagements envers l'étranger contractés par eux-mêmes ou par leur clientèle» indique la Banque centrale. D'où va provenir cette masse monétaire en monnaie étrangère? «Ces ressources en devises sont constituées des recettes rétrocédées provenant des exportations hors hydrocarbures et produits miniers, des sommes provenant de tout crédit financier ou d'emprunt en devises contracté par les intermédiaires agréés pour leurs besoins propres ou pour ceux de leur clientèle, des sommes provenant d'achats effectués sur le marché interbancaire ainsi que des soldes des comptes devises de la clientèle», précise le document de la Banque d'Algérie. Si certaines opérations peuvent s'exécuter en totale liberté (opérations de change, taux d'intérêt applicables aux opérations de trésorerie) il n'empêche que tout doit s'exécuter dans la totale transparence. «Les intermédiaires agréés sont tenus d'afficher les cours de change au comptant à l'achat et à la vente, et les taux d'intérêt applicables aux devises qu'ils traitent, habituellement, contre dinars», prévient ce nouveau règlement. Reste sa mise en oeuvre...