Mustapha Oussaïd (à gauche) visitant un stand La découverte de la chair délicate de la carpe et des poissons d'eau douce algériens a agréablement surpris plus d'un millier qui les avaient goûtés avant-hier au port d'Alger. La carpe, le tilapia, le poisson chat d'Algérie étaient à l'honneur lors de la première dégustation de poisson d'eau douce jamais organisée en Algérie. Le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche qui est derrière le premier «Festival national de dégustation des produits aquacoles» a, de plus, donné un cachet festif à l'événement qui a drainé une foule nombreuse et dense. Au port de pêche à Alger, des centaines de personnes ont ainsi découvert la chair du poisson d'eau douce qui, contrairement à une croyance répandue, a la saveur du meilleur poisson blanc de mer. Cuisinée avec délicatesse et bien assaisonnée, la carpe peut séduire le plus récalcitrant des gourmets. Le tilapia a un goût certes plus prononcé et une couleur plus foncée, mais peut constituer un mets de choix. Cette richesse halieutique qui foisonne dans les barrages est une source de protéines et de plaisir inexplicablement négligée pour ceux qui ne peuvent pas s'offrir la dorade et le merlan. Cependant, faute de demande, ce type de poisson est quasi inexistant sur le marché sauf peut-être aux abords des lieux où il est pêché. D'autant plus que son prix dérisoire le rend suspect et participe à sa dévalorisation. Pourtant, les spécialités qui ont été servies mardi dernier sur la Terrasse des artistes du port étaient un vrai délice et possèdent, ce qui ne gâche pas le plat, une valeur nutritive très élevée. La carpe, par exemple, est semi-grasse et ne contient que 3 à 4% de lipides. Elle fournit seulement 100 calories pour une pièce de 100 g. En plus des acides aminés qu'elle apporte à l'organisme, sa teneur en protéines est de 18 g pour 100 g. Il faut évidemment savoir la préparer pour l'apprécier. Djamel, un fin connaisseur, conseille d'évider le poisson puis de le laisser tremper des heures dans de l'eau vinaigrée au réfrigérateur avant de le frire. «Si vous la passez directement à la poêle, elle vous paraîtra bien sûr fade, dit-il, mais, grillée sur des braises juste après la pêche, la carpe est un vrai plaisir.» En tout cas, l'effet de la carpe semble avoir bien agi sur les élèves de l'école d'hôtellerie qui avaient assuré le service, mais également le spectacle. En toque et tablier blanc, ils avaient chanté et dansé après avoir régalé les convives. L'orchestre châabi qui a égayé le festin était lui aussi visiblement sous le même charme. Le large sourire de Abdelkader Zoukh, le wali d'Alger, également présent à la cérémonie confirme lui aussi ce sentiment. Dommage, en revanche, pour le ministre de l'Agriculture qui devait prendre part à la manifestation, mais qui a annulé, à la dernière minute, sa participation au joyeux banquet populaire. A noter enfin l'intention louable de la direction de la pêche du ministère de l'Agriculture qui a invité à la fête des enfants assistés, des handicapés et des personnes âgées vivant dans des maisons de retraite.