Le marché du ciment en Algérie sera en surcapacité d'ici la fin de l'année. L'excédent atteindra les 10 millions de tonnes par an à l'horizon 2020. Fruit d'un partenariat entre le groupe algérien Souakri Frères et le groupe international Lafarge, conformément à la règle d'investissement des 51/49%, la cimenterie Cilas de Biskra, d'une capacité de production de 2,7 millions de tonnes,en exploitation depuis 2016, ambitionne désormais d'exporter dans moins d'une année en direction des marchés européens et africains. C'est ce qu'a indiqué le directeur de cette usine, Mohamed Belmahdi dans un entretien à l'APS rendu public, hier. «L'objectif d'exporter une partie de la production pourrait être concrétisé du fait, notamment de la présence du groupe Lafarge dans plus de 80 pays», a précisé le directeur de cette cimenterie. Comme il faut souligner au passage, que ce projet d'exporter du ciment à partir de la cimenterie Cilas, s'inscrit en droite ligne avec les prévisions commerciales du groupe Lafarge Holcim qui, en février 2017 avait annoncé qu'il (le groupe) entamera ses premières exportations du ciment gris et du linker le 1er trimestre 2018 vers les pays de l'Afrique de l'Ouest. Une initiative rendue possible depuis qu'il a été admis que le marché du ciment en Algérie sera en surcapacité d'ici la fin de l'année courante. De plus, celle-ci (l'initiative) était attendue dans la mesure où, selon le ministère de l'Industrie et des Mines le pays va avoir un excédent de 10 millions de tonnes /an de ciment à l'horizon 2020. A partir de cette donne, il devient tout à fait logique que la cimenterie Cilas envisage d'investir le marché international à l'horizon 2018. C'est d'autant plus à sa portée dès lors que le groupe Lafarge-Holcim dont elle relève, dispose d'une structure dédiée au commerce international, sous l'appellation Lafarge-Holmium Trainding qui détient, selon Hedi Rafaî, directeur des partenariats du groupe Lafarge-Holcim, 50% des échanges circulant autour de la Méditerranée et l'Afrique de l'Ouest. Ce dernier avait indiqué, lors d'un séminaire, portant sur le plan de développement de son groupe en Algérie, que le marché ouest-africain est déficitaire et constitue une «bonne opportunité», pour exporter les produits algériens. Ce dernier a rappelé à l'époque: «L'Afrique de l'Ouest importe actuellement quelque 21 millions de tonnes de ciment par an. C'est un marché à très forte croissance, vu sa grande démographie, l'immigration de la population vers les centres urbains, le manque de calcaire, la matière première pour le ciment, et de l'énergie chez les pays de la région. L'Algérie peut donc prendre sa part dans ce marché», avait-il déclaré. Pour se préparer à ce genre d'opération, Hadi Rafaî avait souligné que «des contacts étaient lancés depuis six mois avec le ministère des Travaux publics et des Transports et les institutions portuaires pour préparer les quais, les aires de stockage et les moyens de manutention, afin de dégager des plates-formes au niveau des ports». Soulignons que l'Algérie consomme annuellement environ 22 millions de tonnes de ciment dont 18 millions de tonnes sont produites localement et près de 2 millions de tonnes issues de l`importation (estimation de la fin 2015). Et que la production nationale de ciment est dominée par le secteur public, notamment par le Groupe industriel des ciments d`Algérie (Gica) qui produit plus de 11,5 millions de tonnes par an, représentant 65% de la production nationale globale, le reste (35%) étant assuré par le secteur privé. Soulignons enfin que les pouvoirs publics ont entamé un vaste programme de réalisation de nouvelles cimenteries qui devraient permettre de combler le déficit dans un marché en pleine expansion. Et selon les dernières estimations en la matière, l'Algérie sera autosuffisante en ciment d`ici la fin de cette année, grâce à la réception de plusieurs projets avec un apport supplémentaire de plus de 4 millions de tonnes. Il faut croire enfin qu' à la faveur de cette très prochaine autosuffisance en ciment, le marché de la distribution de ce matériau de construction essentiel, ne sera plus marqué par des périodes de tensions qui se traduisaient par des hausses du prix du sac de ciment de 50 kg passant facilement de 700 à 1000 DA.