Hamidou Messaoudi à la tribune la Safex accueille du 25 octobre au 5 novembre le plus grand évènement littéraire de la rentrée, placé sous le thème «Le livre, un trésor inépuisable» avec l'Afrique du Sud comme pays invité d'honneur. C'est encore sous le coup de la polémique liée à sa déclaration sur une chaîne télé, jugée «mal interprétée» selon lui que le commissaire du Salon international du livre, Hamidou Messaoudi, a animé sa conférence hier à la Bibliothèque nationale d'El Hamma où il a essayé tant bien que mal de se défendre et de défendre les principes fondamentaux contre la violence faites aux femmes arguant le fait qu'il souhaiterait même qu'il y ait des lois qui punissent même la grossièreté et la violence verbale vis- à-vis des femmes dans la rue. Réitérant son respect vis-à-vis de toutes les femmes algériennes, le commissaire du Sila dira: «Je suis contre la violence y compris verbale. Je ne pourrai jamais atteindre à l'intégrité de la femme. Le salon n'est pas le mien, mais celui de l'Etat algérien. Je suis ouvert à toutes les critiques, mais les critiques constructives qui servent l'intérêt du Salon du livre. On est là pour s'améliorer avec des critiques objectives.» Se présentant comme époux, fils et père de famille il dira que ses propos ont pris de grandes proportions alors qu'il évoquait justement l'interdiction l'an dernier d'un livre relatif à «comment frapper sa femme». «Le salon n'est pas le mien» A ce propos, il fera remarquer que 97 ouvrages contre 131 l'an dernier ont été retirés et jugés malveillants, par un comité qui veille pour faire en sorte qu'il n'y ait diffamation, apologie du racisme, de la fitna ou encore d'atteinte à la souveraineté de l'Etat et cela indique-t-il en référence de la loi de 2003. «Nous sommes contre la censure. Mais en même temps, il ne faut pas faire de la pub à ces livres. Hélas tout ce qui est interdit est réclamé et attire l'attention, du coup, on veut tous savoir ce qu'il y a dedans...» Hamidou Messaoudi regrettera aussi le fait que beaucoup sollicitent l'Etat; ce qui est au-dessus de ses moyens. Faisant sienne la fameuse phrase de Azeddine Mihoubi, «le social, c'est fini!» le commissaire du Sila indiquera que le salon a son budget (réduit de 30% cette année, Ndlr), mais il ne peut pas répondre à toutes les doléances, aider et satisfaire tout le monde. «Au privé de s'associer également. Car, imaginez s'il fallait prendre en charge les billets d'avion et l'hébergement de tous les invités, auteurs et éditeurs du salon! C'est à l'éditeur de penser aussi à embellir son pavillon, pas au commissariat du Sila. Certains pourtant le font bien. En même temps la Safex date de 1960. Il faut qu'elle soit restaurée et rénovée aujourd'hui». A propos de la présumée censure de Daho Derbel, Messaoudi répondant par une entourloupe rapide estimera que «le Salon du livre appartient à tout le monde, aux intellectuels, auteurs, éditeurs, visiteurs, etc.». Après le un million de visiteurs l'an dernier, Messaoudi dira qu'il espère voir cette année dépassé le deux millions. «tout est prêt côté organisation. Aujourd'hui, même les européens reconnaissent que le Sila a atteint un niveau international incontestable. C'est le premier au niveau arabe et africain dans le monde.» Côté chiffres, a été avancé le nombre de 972 maisons d'éditions (10 en moins), 314 algériennes (291 l'an dernier) soit une augmentation de 7% avec 232000 titres exposés dont 77000 titres algériens entre nouveautés et anciens. En pourcentage, cela donne 70% de livres étrangers et 30% de livres algériens. «La légère baisse de 10 stands s'explique aussi par le rejet des dossiers d'inscription de certains exposants qui se sont obstinés lors de la précédente édition, et malgré des avertissements antérieurs, à présenter des ouvrages à même le sol, sans respect pour les livres, les visiteurs et la dimension culturelle du salon. Cette année, nous comptons être encore plus intraitables et rigoureux eu égard au respect du règlement du Sila. Ceux qui viendront avec des livres dans leurs mallettes sans les avoir déclarés au préalable verront leur pavillon fermé sans justification ni préavis. C'est radical» fera remarquer le commissaire du Sila. «Le chiffre global de la participation cette année contient un élément qui mérite d'être souligné nous a-t-on encore relevé, à savoir l'augmentation du nombre d'exposants nationaux qui passe de 291 stands à 314, soit une progression notable de 7,3%, et ce, au moment où plusieurs observateurs tablaient sur un effondrement du secteur éditorial algérien suite à la baisse des aides publiques. La participation étrangère passe de 671 à 638 stands, une légère baisse qui pourrait s'expliquer par des fluctuations liées à la crise que connaît l'édition dans le monde et qui a conduit le Sila à programmer un débat sur les tendances internationales actuelles de l'édition.» Si le nombre de pays représentés l'an dernier a connu une très légère baisse par rapport à 2015 (moins trois pays), la présente édition comprend 52 pays, en tenant compte du fait que l'Algérie, les Nations unies et l'Union européenne sont comprises dans ce décompte.On notera que l'Inde, qui participait au Sila pour la première fois l'an dernier, et la Russie, qui revenait après une absence de six années, ont confirmé leur présence à cette édition, rejoignant ainsi le groupe de «nouveaux venus» qui se fidélisent, à l'instar de la Chine... On peut noter pour cette édition la présence de 15 pays arabes (hors Algérie), dont quatre appartiennent aussi au continent africain (Egypte, Libye, Maroc, Tunisie). Dix nationalités différentes sont présentes pour le continent africain dont est issu l'invité d'honneur de l'édition, l'Afrique du Sud. Comme l'an dernier, le continent européen est représenté à travers 20 nationalités, dont trois scandinaves, illustrant la diversité de cet ensemble ainsi que sa force éditoriale. Quant à l'Amérique, on compte trois pays (Canada, Mexique, USA) et pour l'Asie, cinq pays (Iran, Inde, Russie, Turquie, Chine). La surface totale des stands d'exposition atteint cette année 14 787 m2 sur les 20.000 m2 couverts du Sila. De manière remarquable, les stands nationaux, au nombre de 314, occupent une surface de 8 728 m2, qui représente 59% de la surface d'exposition, et ce malgré la cherté du mètre carré qui est passé de 1000 DA à 2000 DA. L' Afrique du Sud pays à l'honneur En raison des relations politiques et culturelles anciennes qui lient les deux pays, l'Algérie a proposé à l'Afrique du Sud d'être le pays invité d'honneur de la 22e édition du Salon international du livre d'Alger. Le Sila 2017 coïncide cette année avec la célébration en Afrique du Sud du centenaire d'Oliver Reginald Tambo considéré comme une icône nationale en Afrique du Sud et un héros de la lutte de libération qui a façonné la vision, la mission, le système de valeurs et la démocratie constitutionnelle du pays Aussi, c'est désormais une tradition. A chaque édition, le Salon international du livre d'Alger et la Cinémathèque algérienne proposent un cycle de projections centré sur les films adaptés d'oeuvres littéraires. Cette année, en partenariat avec l'ambassade de la République d'Afrique du Sud à Alger, une découverte du pays «arc-en-ciel», invité d'honneur de cette édition a été concoctée, et ce nonobstant le programme bien dense du pavillon Esprit Panaf.. Très riche sera le programme cette année. Dans le cadre du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri un colloque international lui est dédié les 3,4 et 5 novembre à la salle El Djazaïr du Palais des expositions. Un hommage aussi sera rendu à Moufdi Zakaria, avec deux évocations l'oeuvre des défunts écrivains et poètes Tahar Djaout et Messaour Boulenouar. De grands noms de la littérature, de la pensée ou des médias seront invités à rencontrer leur public notamment Ali Badr d'Irak, Anouar Benmalek, Rabea Djalti, Mohamed Sari et Ahlem Mostaghanemi de l'Algérie, Tierno Diallo Monéanmbo de la Guinée, Razan Ibrahim de la Jordanie etc. Quatre rencontres thématiques seront organisées autour de sujets divers, tels «le retour de la nouvelle», parrainée par l'écrivain Amine Zaoui, «l'Afrique, ses espaces et ses noms», «l'invention du personnage dans le roman» et «tendances actuelles de l'édition dans le monde».Avec un panel de personnalités algériennes et étrangères, il sera débattu d'un sujet bien épineux, à savoir «Islam et Occident: regards croisés». La journée du premier novembre sera marquée par le débat «Autopsie du colonialisme» de l'Algérie ainsi que l'ensemble du monde(Afrique, Amérique latine etc). Une journée sera consacrée au livre et l'école et ce, sous le parrainage de Maïssa Bey. La 9ème édition des Rencontres euromaghrébines des écrivains aura lieu quant à elle le 2 novembre sous la thématique «le roman non fictionnel». En somme un programme à consulter sur le site Web même de l'évènement pour amples précisions. Notons que la Chine sera le pays invité d'honneur, l'année prochaine.