C'est une véritable lune de miel qui s'entame apparemment entre l'Algérie et la Grande-Bretagne. Les deux pays ne tarissent pas d'éloges sur le partenaire et se promettent mutuellement d'heureuses perspectives. Libéré de ses engagements avec l'Union européenne, le Royaume-Uni cherche à se rapprocher de nouveaux partenaires dont l'Algérie avec laquelle son establishment dit vouloir bâtir une relation privilégiée. «Nous serons libres de signer des accords avec nos partenaires et amis à travers le monde, et je placerai certainement l'Algérie très haut sur la liste de nos partenaires», a en l'occurrence dit le Lord Mayor de la London City, Andrew Parmley. Le responsable anglais a affirmé que son pays entend développer des relations bilatérales d'exception avec Alger qui, selon lui, recèle des opportunités inestimables. L'Algérie, dont il a salué les réformes économiques et la stabilité, sera un partenaire commercial important en Afrique du Nord dans les années à venir, a-t-il estimé. Voilà pourquoi «la City est prête à vous accompagner dans les prochaines phases pour assurer une assise économique forte», a-t-il affirmé aux responsables algériens réunis récemment à Londres avec des homologues britanniques. En plus des aspects purement financiers, cette coopération s'étendra aux nouvelles technologies et aux énergies durables qui constituent, selon Lord Parmley, l'un des domaines les plus importants pour la City. Pays «stable et attractif pour les investisseurs britanniques», l'Algérie a la possibilité de devenir, a-t-il prédit, un centre régional d'excellence pour financer sa propre croissance et contribuer à celle du continent africain. Lord Richard Risby, représentant de la Première ministre britannique pour les relations économiques avec l'Algérie, a également réitéré cette inclination. Pour lui, la conférence de Londres est «un signe très clair de la solidité de nos relations commerciales que nous devrions continuer à développer dans les années à avenir». Dans cet ordre d'idées, il a exhorté les «entreprises britanniques et algériennes de travailler ensemble pour aboutir à des accords qui soient bénéfiques pour tous». Pour l'instant, les échanges économiques entre les deux Etats concernent d'abord et avant tout les hydrocarbures. Mais la nouvelle intonation présage d'un appétit grandissant pour d'autres centres d'intérêt. Traditionnellement, le Maghreb a toujours été considéré comme une chasse gardée de la France et un débouché à ses produits manufacturés, mais elle semble perdre pied en Algérie qui veut s'émanciper de cette tutelle. Son ouverture sur le monde anglo-saxon et avant cela sur la Chine témoigne de cette orientation. L'absence de passif historique avec les pays du nord de l'Europe et des Etats-Unis, sans compter aussi le pragmatisme en vigueur dans ces régions, a encouragé Alger à tenter cette option. Ainsi, les Allemands semblent s'installer durablement dans le paysage algérien pour profiter de sa position géostratégique incomparable au sud de la Méditerranée et au nord de l'Afrique. Leurs industries mécanique et chimique y sont déjà actives et il est fort à parier qu'ils lorgnent déjà d'autres opportunités. Les Américains ont déjà lancé, pour leur part, un mégaprojet en agriculture et en élevage au sud-ouest et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Bref, l'Algérie paraît être un pays beaucoup trop grand et riche pour demeurer une province de l'ancienne puissance qui l'occupait. Le seul écueil qui freine son basculement total dans le giron anglo-saxon réside dans son incompatibilité linguistique et culturelle avec cet ensemble. Toutefois, la soif que mettent les jeunes Algériens à posséder la langue anglaise finira par réduire l'obstacle en l'espace de quelques générations seulement.