Les étudiants algériens poursuivant leurs études en France pourraient constituer une chance inouïe pour les deux rives afin de favoriser les échanges culturels, les programmes enseignés de part et d'autre. Le nombre d'étudiants algériens désirant poursuivre leurs études en France ne cesse d'augmenter au fil des années. Jusque-là rien de nouveau tant que l'information est vieille et connue de tous. Plus que cela l'on dispose même des chiffres. En effet, rien que pour l'année universitaire 2016-2017, plus de 21 000 étudiants algériens ont contacté des universités françaises via le campus France pour y continuer leurs études. Le chiffre a émané de l'ex-ambassadeur de France en Algérie Bernard Emié. Plus récemment encore, en effectuant une visite dans la wilaya de Blida, le nouvel ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a fait savoir qu'il y a plus de 25 000 étudiants qui poursuivent leurs études dans les universités françaises. Le chiffre est énorme, mais personne ne sait exactement le sort de ces contingents. L'Algérie, tout comme la France, ne semble voir ce «phénomène» que d'un seul oeil. En effet, les deux pays le voient comme un bon indice montrant et confirmant l'ampleur des relations existant entre les deux pays. Ainsi, les bonnes et vraies questions devant être posées autour de la rentabilisation de ce nombre sont totalement ignorées. De l'avis de Rafika Bendermel, journaliste franco-algérienne interrogée par nos soins, les étudiants algériens poursuivant leurs études en France ou en Europe pourraient constituer une chance inouïe pour les deux rives afin de favoriser les échanges culturels, les programmes enseignés de part et d'autre. Mieux encore, les deux parties peuvent même profiter de cette occasion pour surpasser le problème du visa qui pose encore un sérieux dilemme. En effet, explique Rafika Bendermel, un étudiant qui arrive à passer d'une rive à une autre n'a pas à s'inquiéter ou à avoir de l'angoisse quant à son expulsion. «Ce dernier doit vivre en paix et aspirer à faire profiter les deux rives de son savoir-faire et de ses compétences», insiste-t-elle. Pour ce faire, notre interlocutrice souligne que l'administration des deux rives doit jouer le rôle d'accompagnement, et ce, à la fois durant la période des études et après. Ainsi, ajoute Rafika Bendermel, l'accès aux études en Europe ou en Algérie ne doit plus constituer un rêve, mais plutôt une passerelle. A ce propos, il faut souligner que la France par exemple ne permet pas encore aux étudiants algériens ayant terminé leurs études de prolonger leur séjour dans l'Hexagone. Pour qu'ils puissent le faire, ils doivent justifier leur présence sur le territoire français par un emploi stable. «Une chose qui est devenue très difficile, voire impossible dans la France d'aujourd'hui rongée par la crise financière et le chômage endémique». Faute de quoi, l'étudiant risque l'expulsion. Ce scénario arrive souvent, et malheureusement les étudiants algériens le payent très cher. En effet, et compte tenu du fait que ces étudiants sont partis de leur propre gré, l'Algérie refuse de reconnaître leurs diplômes de facto. Ainsi, une fois de retour, ces derniers doivent suivre tout un parcours du combattant pour faire reconnaître leurs diplômes. Ces entraves ont fait fuir de nouveau les étudiants algériens vers d'autres cieux, tel que le Canada notamment. Cette situation doit de l'avis de Rafika Bendermel trouver son épilogue en urgence. Car dans le cas contraire, les étudiants qui devraient constituer un atout deviendront une charge. Non seulement pour leur pays d'origine, mais également pour les pays qui les reçoivent. Et à notre interlocutrice de conclure: «Dans un monde parfait, chaque personne devrait avoir le droit de se poser la question: qu'est-ce que je veux faire? Si les jeunes Algériens avaient la possibilité de voyager où ils le souhaitent, ils auraient ainsi la possibilité de pouvoir s'enrichir à travers ces expériences de voyages. Les voyages forment la jeunesse. De nombreux jeunes Algériens reviennent après leurs études et une expérience professionnelle à l'étranger. Convaincus d'être utiles au pays. Mais de nombreux blocages, tant administratifs qu'au niveau de la culture du travail, découragent ces jeunes dont les compétences ne sont pas suffisamment valorisées. Beaucoup d'autres émigrent durablement et font leur vie ailleurs. L'Etat algérien finance les études de ces jeunes, mais il ne met pas les moyens suffisants pour leur donner envie de rester».