L'Armée arabe syrienne a repris totalement Deir Ezzor Le président Bachar al Assad que les pays occidentaux ont tenté maintes fois de briser en l'accusant de tous les maux (tortures, atteintes aux droits de l'homme, attaques chimiques) peut savourer, en toute légitimité, cette nouvelle victoire décisive. Durant deux mois, l'armée arabe syrienne a mené un combat acharné contre l'ultime résistance de Daesh dans le pays. Jeudi, elle a repris, avec le soutien de ses alliés russe et iranien, le contrôle total de Deir Ezzor, dernière grande ville à subir le joug du groupe terroriste qui se retrouve totalement laminé, aussi bien en Syrie qu'en Irak où il avait déjà perdu la bataille de Mossoul, son fief majeur. Ce sont l'agence de presse officielle Sana, la télévision publique syrienne et plusieurs autres médias locaux qui ont confirmé l'information, images à l'appui. Avec la perte de l'importante métropole de l'est syrien, le groupe autoproclamé Etat islamique se retrouve privé des moyens importants, à la fois financiers et militaires, qui assuraient sa spectaculaire montée en puissance durant les années 2014-2015. Ses éléments étaient acculés dans la province de Deir Ezzor mais l'essentiel de leurs forces visait à conserver le contrôle de la capitale éponyme, située à la frontière entre la Syrie et l'Irak, le plus longtemps possible. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition internationale que conduisent les Etats-Unis, ont beau s'essayer à une offensive, lancée depuis le nord de la Syrie, en direction de Deir Ezzor, pour s' emparer de la ville et prendre le contrôle de cette importante région pétrolière, leur calcul a échoué. Après quelques escarmouches avec les combattants de Daesh, à une centaine de km de Deir Ezzor, ils ont tout misé sur les provocations à l'encontre de l'armée arabe syrienne et de ses alliés, dont l'aviation russe accusés d'attaquer leurs positions. Mais très vite, ces forces kurdes, un temps stimulées par le référendum d'indépendance au Kurdistan irakien, ont déchanté face à la progression irrésistible des troupes gouvernementales qui avaient investi une partie de la ville voici trois semaines déjà, brisant le siège que Daesh imposait à une brigade entière. Deir Ezzor, chef-lieu de la province du même nom, riche en pétrole et frontalière de l'Irak, dernière cité en Syrie où les jihadistes maintenaient une présence forte, était d'une importance cruciale pour les Etats-Unis et la coalition qui auront tout fait pour essayer de conduire les FDS à la victoire dans cette région stratégique. Mais en vain, puisque ni les forces terroristes de Daesh ni les reliquats des groupes rebelles qui s'étaient emparés de pans entiers de la province et de sa capitale avant de fuir précipitamment face à la déferlante de l'EI n'ont pu empêcher cette nouvelle victoire de l'armée arabe syrienne. En vérité, il s'agit aussi d'une victoire du gouvernement et du président syriens. Bachar al Assad que les pays occidentaux ont tenté maintes fois de briser en l'accusant de tous les maux (tortures,, atteintes aux droits de l'homme, attaques chimiques) peut savourer, en toute légitimité, cette victoire décisive. Désormais, la question qui se pose est de savoir comment panser les plaies de Deir Ezzor, une ville qui accueillait 300.000 habitants avant le déferlement de Daesh. Des indications témoignent de la présence actuelle d'environ 80.000 personnes, qui ont souffert des pénuries alimentaires et médicamenteuses malgré les largages de vivres par l'aviation syrienne que l'EI s'employait à récupérer. Forte de ses succès successifs dans d'autres provinces tout au long de l'année 2017, y compris face aux rebelles pour la plupart évacués à Idlib, l'armée arabe syrienne a concentré depuis septembre ses efforts sur Deir Ezzor afin d'en finir avec Daesh en Syrie. C'est désormais chose faite, même si le groupe terroriste demeure encore disséminé sur environ 35% de la province et donc en mesure d'y commettre les attentats dont il est coutumier. Le gros des troupes de l'EI s'est replié en toute hâte sur une petite bourgade à la frontière syro-irakienne, Boukamal vers laquelle progresse l'armée, actuellement à une quarantaine de km. Il faut savoir, en effet, que Daesh est encore présent dans des villages et des localités jouxtant plus ou moins la frontière et qu'il y conserve même un champ pétrolier mineur. Mais c'est un fait avéré que la débâcle est pratiquement consommée d'autant que, dans l'Irak voisin, il est acculé dans le gros bourg d'Al Qaïm, où sa fin sera définitivement consommée et par conséquent annonciatrice de son enterrement en Syrie. Et la série de revers subie depuis plusieurs mois par le groupe autoproclamé Etat islamique a aussi mis en évidence l'ampleur des dégâts que cette mouvance prétendûment jihadiste a infligé au peuple syrien, tout entier. Les images d'Alep sont encore en mémoire mais il va falloir également y ajouter celles de Deir Ezzor et de Raqqa où les tranchées creusées par Daesh sont visibles tandis que des unités d'ingénierie de l'armée arabe syrienne s'emploient sans délai à désamorcer les mines et les engins explosifs que les terroristes ont disséminés un peu partout, avant de fuir vers la zone désertique coincée entre l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, tout au long de la vallée de l'Euphrate. Tous les éléments de Daesh qui fuient Deir Ezzor et Al Qaïm, en Irak, se retrouvent aujourd'hui à Boukamal où devrait vite s'achever l'agonie de l'EI.