Le civisme est une vertu qui se conjugue désormais au passé. Dire que la ville de Biskra est insalubre serait un bel euphémisme tant la cité toute entière ploie sous le poids de toutes sortes de détritus en raison d'une absence quasi totale d'hygiène. Ceux qui affirment d'autre part que la ville de Biskra s'est transformée en un gigantesque dépotoir n'ont pas tort finalement, car ils font face à une dégradation permanente de l'environnement - les décharges publiques incontrôlées qui pullulent, les odeurs nauséabondes qui empestent l'air à longueur de journée, les réseaux d'évacuation des eaux usées, pour la plupart défoncés, l'invasion des moustiques et les risques réels de propagation des maladies à transmission hydrique sont autant d'éléments d'un décor consternant - il n'est pas un seul quartier qui puisse se targuer d'y échapper. Le plus tragique et le plus affligeant c'est que le citoyen s'en accommode, faisant ainsi preuve d'une passivité incroyable. Aussi, il est plus qu'évident que pour certains, le civisme est une vertu qui se conjugue désormais au passé. A travers l'ensemble des quartiers, ce sont des tas d'ordures ménagères qui jonchent le sol, et même les alentours des écoles ne sont pas épargnés. La présence pourtant envahissante des impuretés n'émeut plus personne. Les services communaux pointent un doigt accusateur sur les citoyens accusés ouvertement de manque de civisme. Une thèse confortée chaque jour que Dieu fait, par le comportement inadmissible des habitants de la reine des Ziban, dont une majorité martyrise l'environnement comme bon lui semble. Le largage systématique par les balcons de sachets en plastique pleins d'ordures et l'inertie dont font preuve certains de nos concitoyens, face à la déferlante des insanités en tous genres, constituent la preuve que quelque part, le citoyen a beaucoup à se reprocher. L'APC qui évoque chaque fois qu'elle est mise au banc des accusés, argumente, en plus du manque de civisme de certains citoyens, le manque de moyens humains et matériels. Lors de notre entretien avec le président de l'APC de Biskra, nous avons senti une réelle volonté de débarrasser la ville de ces ordures: «Nous sommes disposés à nous lancer dans ce grand défi, mais sachez que seuls et sans l'aide précieuse des citoyens, on ne peut s'attendre à des miracles». L'appel est lancé, que chacun s'assume. Aussi, nous avons appris que l'APC de Biskra a bénéficié dans le cadre de l'acquisition des équipements, de 20 milliards de centimes en plus des treize bennes-tasseuses qu'elle vient tout juste d'acquérir récemment et qui viendront s'ajouter à la dizaine de camions-remorques déjà existants. Un mot revient souvent dans la bouche de notre interlocuteur pour espérer venir à bout de cette hantise, «l'entraide». C'est en effet, à ce prix, que la ville de Biskra retrouvera son lustre perdu et sa propreté d'antan.