Photo : Sahel Par Rachida Merkouche L'insalubrité constitue le point commun entre toutes les villes, voire toutes les communes du pays. Il n'y a pratiquement pas de raison pour que l'une d'entre elles soit jalousée par les autres en matière d'hygiène. Il y a seulement des communes qui se disputent chacune la première place dans un classement pas du tout envieux. Cette tendance s'est généralisée jusqu'à atteindre toutes les régions d'Algérie et il faut dire que cela ne serait jamais arrivé sans le concours des citoyens et celui des élus en charge de la gestion des municipalités. Il n'est d'ailleurs pas aisé de choisir la commune la plus insalubre parmi les autres dans chaque wilaya du pays, histoire d'établir une classification pour l'attribution de mauvais points, tant l'insalubrité règne partout en maîtresse des lieux. Mais il en existe tout de même qui se distinguent de manière criante par leur décor repoussant à tous les coins de rue, un décor fait de décharges, de tas d'immondices et de bric-à-brac jetés à même les trottoirs. Des exemples, il y en a tellement qu'il serait fastidieux de les énumérer. Le comble, c'est lorsque ces mêmes communes sont censées représenter la façade de leur wilaya, et même, pour certaines d'entre elles, avoir une vocation touristique de par leurs atouts naturels. C'est le cas de la commune d'Aokas, à Béjaïa, qui attire chaque année des milliers d'estivants venant des quatre coins du pays et même d'ailleurs. Les décharges y prolifèrent jusqu'à orner la plage même, l'APC l'ayant choisi comme site pour y déverser quotidiennement ses camions de déchets. Une conduite répréhensible des élus desquels il est plutôt attendu la condamnation de tels actes et la défense de l'environnement. L'absence de civisme chez les enfants de Yemma Gouraya, qui est la même ailleurs, il faut le préciser, est telle qu'ils se débarrassent de leurs ordures sur l'autoroute, à travers la vitre de leur véhicule ou dans une halte au bord de la chaussée. La commune de Tichy n'est pas mieux lotie, notamment le chef-lieu où le château de la Comtesse souffre d'un mauvais voisinage avec une décharge, alors que les oueds Agrioun et Soummam sont pollués par les saletés des villes et communes telles que Kherrata, Taskriout, Darguina et Souk El Thenine. Le constat est aussi affligeant au niveau de la ville des Genêts qui accueille avec son visage hideux les visiteurs de Tizi Ouzou, une wilaya qui se morfond devant l'état de ce qui était autrefois sa belle forêt de Yakouren, souillée par les immondices. S'il est de notoriété qu'El Bahia a perdu de sa splendeur et qu'elle compte désormais parmi les wilayas les plus sales, il ressort que la ville d'Oran surpasse les autres et qu'elle coiffe sur le poteau toutes les communes de la capitale de l'Ouest sur cet aspect. Ce qui ne devrait pas être le cas lorsqu'on voit le budget important dont dispose la commune d'Oran, l'une des plus riches du pays, ainsi que les moyens qui sont les siens. Elle ravit apparemment la palme à des cités qui, elles, sont nées dans l'anarchie et sont beaucoup moins loties, telles que Chtaïbo. La commune de Ghazaouet possède elle aussi le triste privilège de compter parmi les plus insalubres de Tlemcen, avec Hennaya et Sabra. L'état des lieux est tout simplement affligeant, la loi concernant la gestion des déchets est bafouée par tant d'immondices et par tant d'incivisme, mais aussi par l'incapacité à la mettre en œuvre. C'est aussi le cas de la vieille ville de Bouira qui croule littéralement sous les ordures, tout comme le village de Ras Bouira, à l'est du chef-lieu, où sont déversés les détritus de tous les autres quartiers. La wilaya de Constantine semble être la seule à sauver la mise, ses communes étant plus salubres. Les pouvoirs publics y œuvrent pour une gestion efficace des déchets et tentent de bousculer les citoyens pour plus de civisme, l'un des facteurs dont l'absence provoque la dégradation inexorable de l'environnement.