«Il y a une incohérence dans les chiffres que nous manipulons dans ce pays» a déclaré Amar Tou. La Journée mondiale sur la population, marquée, hier, par une journée d'étude à l'Insp (Institut national de santé publique) a été l'occasion d'apprendre que le système national des statistiques est ébranlé. C'est ce qu'ont révélé, du moins, les chercheurs à coups de doctes communications. Un constat confirmé par la suite par le représentant du gouvernement, en l'occurrence le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M.Amar Tou, lequel, à son tour, a dénoncé «l'incohérence des données statistiques nationales» souvent «biaisées» et qui faussent inéluctablement la décision politique. Bien que reconnaissant la solidité de l'architecture du système statistique national, à la déontologie du chiffre naguère respectée, les intervenants ont néanmoins révélé la dérive des statistiques algériennes dès 1986, à la faveur notamment de la restructuration de l'administration. Et quant «la première bête à abattre fut l'office des statistiques». De fil en aiguille, l'on a au cours des travaux, essayé de décanter le pourquoi du comment dans cette problématique bien algérienne. Dont la tentative de répondre à certaines questions dont: à qui profite la manipulation des chiffres statistiques? ou encore qui se cache(nt) derrière le système d'information statistique? Autant de questionnements qui méritent enfin des réponses claires à un moment où notre pays en pleine mutation socio-économique a besoin de toutes les données chiffrées et fiables pour mieux cerner le phénomène de la pauvreté et d'en délimiter les contours géographiques et démographiques, voire de le définir dans une Algérie où l'informel prend des proportions parfois allant jusqu'à fausser des paramètres essentiels dans la politique de population et de prévision démographique engagée par l'Etat. Lequel se voit dans ces conditions dans un flou ambiant en engageant toute stratégie à long terme. Notamment pour ce qui est de la lutte contre le chômage, l'instauration d'une démarche juste de solidarité nationale, ou combattre la pauvreté. En somme la statistique, finalement arme à double tranchant selon qu'elle instaure la justice sociale on enfonce les différences. Ce qui se traduit inéluctablement par une bonne ou mauvaise gouvernance. Par-delà M.Tou, le gouvernement semble sonner le glas de l'amalgame qui a jusque-là régné dans l'univers des statistiques relatives à la population algérienne. Il appelle à une meilleure cohésion et méthodologie à même de garantir une parfaite symbiose entre le développement économique et social, en Algérie, ou quelque 10% du PIB sont consentis à la politique sociale.