Le train qui cache... «Une politique agricole ne peut réussir que si elle est accompagnée par des outils financiers performants, en l'occurrence l'assurance et le crédit», c'est ce qu'a affirmé, jeudi dernier à Oran, en marge du 3ème Salon international de l'agriculture, le DG de la Caisse Nationale de Mutualité Agricole, Chérif Benhabiles. C'est tellement vrai qu'on se demande pourquoi rappeler cette lapalissade? C'est que juste avant, ce responsable avait déclaré: «Nous travaillons, sur instructions du ministre de l'Agriculture, sur un projet pour aller vers la création d'une coopérative d'épargne et de crédits». A la bonne heure! Il faut dire que jusque-là la Cnma ne faisait pas trop de vagues. Les chiffres publiés lors de l'assemblée générale du conseil d'administration de cette institution, en juin dernier, n'étaient pas très réjouissants. Qu'on en juge: en 2015 son chiffre d'affaires était de 12,5 milliards de dinars. En 2016, il est passé à 13 milliards de dinars. Une hausse de 2% (alors que les prévisions étaient de 8%) que le DG avait trouvé «insignifiante» mais «appréciable» tenant compte des 0,8% de hausse qu'a connu, à la même période, le marché national des assurances. Quand on veut se rassurer on «s'accroche» à tout et à n'importe quoi. Même à la contre- performance. Rien n'a bougé. Les sinistres déclarés ont connu une hausse de 1%. Les indemnisations aussi. Tout cela était dû «au taux de pénétration» des assurances dans le secteur agricole. 21% seulement des agriculteurs étaient assurés. C'était en juin 2016 faut-il le rappeler. En 2017, le chiffre d'affaires est passé à 14 milliards de dinars. C'est-à-dire que le rythme n'a pas changé. «Insignifiant», mais «appréciable». Sur un million d'agriculteurs seuls 220 000 sont affiliés à la Cnma. Le cinquième. Pourtant, la Caisse dispose de 424 agences à travers le pays. Elle compte même ouvrir, cette année, 60 nouvelles agences. Reste une autre cause qui est «l'absence de la culture d'assurance» chez nos agriculteurs. D'où cette profession de foi du DG de la Cnma: «L'assurance ne doit pas être conçue comme un acte administratif. Il est temps de lui donner toute sa considération comme étant un acte économique qui vient d'abord préserver les acquis et sécuriser les revenus des agriculteurs ensuite.» C'était en juin dernier lors de l'AG du conseil d'administration. Qui est ce coupable qui conçoit l'assurance comme un acte administratif? Qui ne lui donne pas toute sa considération? C'est l'assureur qui parle à sa conscience. Et si aujourd'hui la Cnma pense à accorder des microcrédits aux agriculteurs, car «une politique agricole ne peut réussir...(comme cité plus haut)», on relèvera cependant en plus du côté tardif, l'imprécision qui entoure cette annonce. Quand et comment existeront ces microcrédits? Cela ressemble au discours des années de plomb qui consistait à dire «c'est vrai, le problème existe, mais nous avons un projet pour le résoudre à l'avenir». Demain sera un autre jour. Entre la Cnma et les agriculteurs, il y a comme un problème de clarté!