La Caisse nationale de la mutualité agricole (Cnma) a enregistré un chiffre d'affaires de 13 milliards DA en 2016, en hausse de 2% par rapport à l'année d'avant, mais reste en deçà des attentes, selon le bilan présenté jeudi lors de l'assemblée générale du conseil d'administration de cette compagnie d'assurance. Au 31 décembre 2016, le chiffre d'affaires de la Cnma avoisine les 13 milliards (mds) DA contre 12,5 mds DA en 2015, enregistrant une hausse de 2%. Bien qu'«insignifiante», cette évolution reste «appréciable» par rapport au marché national des assurances qui s'est accru de 0,8% seulement en 2016, a souligné le directeur général de cette institution, Chérif Benhabiles. Cette croissance reste toutefois en deçà des prévisions de la compagnie qui tablaient sur un taux de 8%, et ce, en raison de la crise économique et financière que vit le pays. D'après les chiffres du bilan, les sinistres déclarés ont aussi légèrement évolué en passant de 7,240 mds DA en 2015 à 7,383 mds DA en 2016, soit une hausse de 1%. Les indemnisations, quant à elles, ont atteint 6,803 mds DA en 2016 contre 6,719 mds en 2015, en hausse de 1,25%. Le bilan fait également état d'une évolution de 31% sur un an, de la marge d'assurance nette en 2016 (1,25 milliard DA). Evoquant les réalisations de la caisse, M. Benhabiles, a cité notamment l'opération de traitement des dossiers de sinistres cumulés pendant plusieurs années, laquelle s'est soldée par un remboursement de plus de 19 mds DA durant les trois dernières années. Le taux de pénétration des assurances dans le secteur agricole demeure faible puisque 21% seulement des agriculteurs sont assurés. Ce manque d'engouement est dû, selon les assureurs à l'«absence de la culture d'assurance» chez les producteurs, alors que ces derniers trouvent que les produits des compagnies d'assurance ne répondent pas à leurs attentes. Bien que ce taux de pénétration a connu une progression ces trois dernières années, il reste encore «très loin des objectifs qu'on s'était fixés», estime M. Benhabiles. «Il faut continuer à faire un travail de proximité, d'accompagnement et de communication. L'assurance ne doit pas être conçue comme un acte administratif. Il est temps de lui donner toute sa considération comme étant un acte économique qui vient d'abord préserver les acquis et sécuriser les revenus des agriculteurs ensuite», a-t-il ajouté. Intervenant lors de cette rencontre, le ministre de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, Abdelkader Bouazghi, a appelé les responsables de la Cnma à «redoubler d'efforts» et à intensifier la sensibilisation et la vulgarisation autour de l'assurance agricole afin de répondre aux besoins du secteur. «Les défis qui nous attendent, à court et à moyen terme, sont énormes. Si nous voulons donner à ce secteur la place qui lui convient dans l'économie en tant que secteur créateur de richesses, nous devons fournir plus d'efforts», a-t-il souligné. Le ministre a suggéré à la Caisse d'être un «espace ouvert» aux agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs et opérateurs économiques. «Il faut travailler sur l'amélioration des prestations de services et la prise en charge des activités liées au soutien, à l'encadrement, à l'accompagnement et à l'assurance de la production agricole», a-t-il encore noté. Il a recommandé, dans le même contexte, aux mutualités d'être au diapason des évolutions techniques et technologiques que connaît le secteur des assurances agricole dans le monde, en introduisant de nouveaux produits d'assurances innovants adaptés aux conditions climatiques que vit le pays notamment les sècheresses récurrentes ainsi que la mise en place d'une politique de veille et de prévention pour déterminer les risques. Par ailleurs, M. Bouazghi a soutenu que le secteur avait réalisé des «avancées considérables» depuis 2000 grâce aux moyens financiers et techniques qu'a offert l'Etat aux différents activités agricoles, mais «beaucoup reste à faire notamment en matière de conditionnement, de valorisation de la production agricole et de la commercialisation». La valeur de la production agricole est passée de 500 mds DA en 2000 à plus de 3.000 mds DA actuellement, alors que le pays est devenu autosuffisant à 80% pour certains produits notamment les maraîchers, d'après les chiffres avancés par le ministre. Néanmoins, «notre objectif est de sortir complètement de la dépendance du marché extérieur pour certains produits comme le lait et de faire de l'agriculture le secteur de substitution aux revenus pétroliers.» Par ailleurs, le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), Mohamed Alioui a recommandé à la Cnma de développer des produits d'assurances destinés à couvrir les pertes des rendements agricoles.