La directrice générale du FMI Christine Lagarde Les pistes de sortie de crise peuvent être nombreuses, mais les clés du «bonheur» ne sont pas au niveau du FMI. Le Fonds monétaire international, à l'origine de l'aggravation de la crise en Grèce et la hausse de la pauvreté un peu partout dans le monde, note, par la voix de sa directrice générale, Christine Lagarde, un «mécontentement populaire (qui) bouillonne» dans la région Mena. Christine Lagarde qui s'exprimait dans le cadre d'une conférence organisée à Marrakech au Maroc, n'a pas évoqué l'obligation au Maroc de faire «flotter» le dirham au risque de provoquer une inflation record. Elle n'a en plus, pas fait référence aux conditions drastiques imposées à la Tunisie, redevable comme le Maroc de plusieurs milliards de dollars au FMI. La première responsable du gendarme financier de la planète ne s'est évidemment pas contentée du constat pour une région qu'elle connaît assez bien, du reste. «Comment approfondir les réformes pour qu'elles profitent aux citoyens?», s'est-elle interrogée, suggérant que la rigueur imposée par le FMI aux Etats avait pour finalité le bonheur des sociétés. Pour Christine Lagarde la réponse à sa question est toute simple et passe par une «croissance soutenue». Ce serait donc la condition sine qua non censée permettre de «répondre plus vite aux attentes ou aux frustrations exprimées par les populations». Une croissance qui passe par des réformes, dont on connaît la posologie. On la voit en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie, comme on l'avait vue en Algérie durant les années 90. Evitant les causes réelles des difficultés financières que vivent les gouvernements de la région Mena, Christine Lagarde pose la problématique de la pression sociale, sans évoquer la responsabilité du FMI dans la dégradation du pouvoir d'achat de la population dans de nombreux pays, obligée de recourir à l'endettement extérieur. Parmi ces pays, le Maroc est un exemple parlant, puisqu'en pleine crise sociale en raison d'un sous-développement dans la région du Rif, il est sommé de revoir sa politique monétaire, au risque de perpétuer les retards de développement. D'ailleurs, le FMI ne fait visiblement rien pour l'amortir et ne fait qu'énumérer les attentes des Marocains, notamment dans l'ancienne ville minière de Jerada qui vit ces dernières semaines au rythme d'un autre «Hirak». La problématique posée par le FMI a trouvé un début de réponse dans le propos du Premier ministre tunisien Youssef Chahed, dont le pays a dû faire face à une violente contestation sociale liée à la hausse des prix. Il a fait le constat d'échec des «politiques uniquement basées sur le développement comptable qui ne prennent en compte que le Produit intérieur brut (PIB), alors que le citoyen, lui, mesure le développement à son niveau de vie». Reconnaissant que la révolution de 2011 a plongé le pays dans une instabilité économique, avec en prime une baisse des investissements et une croissance du pays en berne. Sur le plan économique, «les résultats ne sont peut-être pas au rendez-vous pour les citoyens, mais les mesures prises par le gouvernement permettent un retour des investissements», a-t-il affirmé. Cela pour dire que les pistes de sortie de crise peuvent être nombreuses, mais les clés du «bonheur» ne sont pas au niveau du FMI, lequel mise toujours sur le développement d'un secteur privé «vibrant», associé à un combat résolu contre «la corruption». Le FMI préconise également le développement de régimes fiscaux plus équitables. Plus que cela, Christine Lagarde ose le petit plus qu'on retrouve dans le discours des Occidentaux, à savoir «soutenir les groupes exclus, les jeunes, les femmes et les réfugiés». Mais, tout le monde sait que les «phrases toutes faites» ne nourrissent pas une population qui, du jour au lendemain, se trouve dans l'obligation de payer le pain au double de son prix, parce que son gouvernement a dû appliquer l'une des directives du FMI.